Article

Carillon

Un carillon est une série d’au moins 23 cloches accordées en demi-tons et comprenant deux octaves ou plus, jouées à la main à l’aide d’un clavier à effleurement. Cet instrument fait son apparition dans les Pays-Bas d’Europe au 16e siècle, les registres atteignant alors deux ou trois octaves. Au début du 21e siècle, un registre de quatre octaves est chose courante, mais ceux de cinq octaves ou plus demeurent l’exception. Le carillon est habituellement un instrument de plein air dont les cloches de bronze, de forme conique, sont fixées à l’intérieur d’un beffroi, ou, dans le cas de quelques instruments modernes, apposées à une structure à découvert. Les cloches sont de dimensions variées : celles d’un grand carillon peuvent mesurer de 16 cm à plus de 2 m de diamètre et leur poids peut aller de 5 à 1000 kg.

Fonction et utilisation

Le carillon est joué au moyen d’un clavier à bâtons de bois arrondis et de courtes pédales reliées aux battants de cloches par un simple mécanisme de traction. Les touches et les pédales sont abaissées par des mouvements des bras ou des jambes, ce qui nécessite quelquefois une grande énergie physique. Les nuances varient en fonction du toucher, et l’instrument ne possède pas d’étouffoirs. Le jeu automatique (dans lequel on ne peut pratiquement pas contrôler l’expression et les nuances) s’effectue à l’origine à l’aide d’un cylindre rotatif muni de chevilles (disposées selon la musique) agissant sur les marteaux externes. Plus tard, on emploie des aimants électriques ou des moteurs pour actionner les marteaux ou les battants, tandis que la musique est codée sur une cassette électronique ou un disque d’ordinateur, faisant souvent partie d’un système MIDI. Le jeu automatique est surtout employé dans les carillons européens. Un vrai carillon s’actionne manuellement sans aide électrique ou électromagnétique, mais on peut le programmer pour qu’il joue automatiquement par l’entremise des marteaux externes et manuellement par le truchement des battants internes.

Le carillon est d’abord utilisé comme accessoire de l’horloge hollandaise de tour pour annoncer l’heure à intervalles rapprochés avec des mélodies agréables et assurer une musique de plein air jouée à la main pendant les jours de fête. La rareté du carillon peut être attribuée à la difficulté d’accorder les sons harmoniques des cloches de façon à ce que les accords et les passages complexes puissent sonner juste. Après le milieu du 18e siècle, il s’écoule 150 ans avant que des carillons bien accordés soient de nouveau construits; au 19e siècle, une quinzaine d’instruments de qualité inférieure sont installés en Europe et trois aux États-Unis. Au début du 20e siècle, deux fondeurs anglais, Gillett & Johnston de Croydon et John Taylor & Co. de Loughborough, mettent au point des techniques de fonte et d’accordage qui produisent des carillons de bonne qualité. Environ huit instruments font leur apparition en Europe avant 1922.

Le carillon au Canada

Le premier carillon installé au Canada, un jeu de 23 cloches commandé à Gillett & Johnston par Chester D. Massey à la mémoire de son épouse, est placé en 1922 dans l’église unie Metropolitan de Toronto. Plusieurs instruments sont ensuite installés aux États-Unis ainsi qu’un peu partout dans le monde. En 2007, on compte environ 600 carillons dans le monde, dont 11 au Canada, la plupart étant d’origine anglaise :

  • Église unie Metropolitan, Toronto (installé en 1922, carillon de 23 cloches, puis 35 en 1960, puis 54 en 1971; le carillon est restauré et redédié en 2022 pour en marquer le centenaire)
  • Norfolk War Memorial, Simcoe, Ontario (1925, 23 cloches), restauré
  • Église Saint George’s, Guelph, Ontario (1926, carillon de 23 cloches, puis de 35 cloches en 2006)
  • Hart House (Soldiers’ Tower), Université de Toronto (1927, carillon de 23 cloches, puis de 42 cloches en 1952; restauré et porté à 51 cloches en 1975) 
  • Tour de la Paix, édifices du Parlement, Ottawa (1927, 53 cloches)
  • Cathédrale Christ the King, Hamilton, Ontario (1933, 23 cloches)
  • Église Saint-Jean-Baptiste, Ottawa (1940, 47 cloches, inactif)
  • Rainbow Tower, Niagara Falls (1947, 55 cloches, restauré de 1998 à 2001, inactif)
  • Oratoire Saint-Joseph, Montréal (1955-1956, 56 cloches)
  • Netherlands Centennial Carillon, Victoria, (C.-B.) (1967, carillon de 49 cloches, puis de 62 cloches en 1971)
  • Exhibition Place Carillon, Toronto (1974; remis en état en 2001, 50 cloches)

En plus de ces carillons, il existe quelques instruments qui ne correspondent pas tout à fait à la définition d’un carillon. En 1966, la province de l’Alberta a installé un « carillon du centenaire » à Edmonton. Malgré son nom, cet instrument n’est pas un véritable carillon puisqu’il ne comporte pas de cloches. Un autre instrument, installé à l’hôtel de ville d’Edmonton en 1992, ne correspond pas non plus à la définition parce qu’il utilise un clavier électrique plutôt qu’un clavier mécanique.

Carillonneurs canadiens

Le carillon compte très peu d’interprètes au Canada. Il n’y a en effet que 400 carillonneurs professionnels qualifiés au monde. Percival Price est à la fois le pionnier au Canada et une autorité mondiale dans ce domaine. Parmi d’autres carillonneurs actifs au Canada dans le passé, citons Émilien Allard, Herman Bergink, Robert Donnell, Sydney Giles, J. Leland Richardson, Sydney J. Shep, Jack Skillicorn, James « Bud » Slater, Arnold Somerville, June Somerville et Daniel Zlatin.

Parmi les carillonneurs actifs au Canada en 2007 se trouvent Claude Aubin (Montréal), Donald Hamilton (Guelph), Michael Hart, Charles Hogg, Rosemary Laing, Roy Lee, Gerald Martindale, Claire Poirier et Gordon Slater (Ottawa). Andrea McRady est devenue carillonneuse du Dominion en 2008.

Huit Canadiens, dont Price, sont membres fondateurs de la Guild of Carillonneurs in North America. La guilde a son siège en Ontario pendant les sept premières années de son existence (1938-1945).

Certains carillons ont fait l’objet d’enregistrements. Price et Slater font des enregistrements sur le carillon de la Tour de la Paix; Herman Bergink, sur le Netherlands Centennial Carillon (Victoria); Émilien Allard, sur celui de l’oratoire Saint-Joseph; Leland Richardson, sur celui de la Soldiers' Tower; Slater, sur celui de la Rainbow Tower et Martindale, sur celui de l’église unie Metropolitan.

Discographie

  • The Netherlands Centennial Carillon, Victoria, C.-B., Herman Bergink, Leent Hart, 1974.
  • Bell and Brass, Gordon Slater, Canadian Brass, carillon de la Tour de la Paix, 1978, cassette, Good Day GD7371.
  • Peace Tower Christmas, Gordon Slater, 1979, Tapestry Records GD 7373.
  • Anniversary Carillon, Gordon, James et Pamela Slater, Heather Spry, Andrea McCrady, carillon de l’église unie Metropolitan, 1982 (cassette), 2006 (CD).
  • Jan Jarvlepp, John Winiarz, Chronogrammes, Gordon Slater et al., 1986, Jarvlepp Productions JW 861.
  • On Christmas Night, James Slater, carillon de l’église unie Metropolitan, 1996, cassette et CD.
  • Touch the Hem, Gerald Martindale, carillon de l’église unie Metropolitan, 1999.
  • Gaudeté, Gerald Martindale, carillon de l’église unie Metropolitan, 2003.
  • Look At The World, Gerald Martindale, carillon de l’église unie Metropolitan, 2006.