Centrale de l'enseignement du Québec, La
C'est en 1946 que voit le jour la Corporation des instituteurs et institutrices catholiques (CIC), dont Laure GAUDREAULT est cofondatrice et qui prend le nom de Corporation des enseignants du Québec en 1967, pour être finalement transformée en Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ) en 1972.
Ces seuls changements de nom sont révélateurs du cheminement idéologique de cette organisation syndicale. Durant une vingtaine d'années, la CIC se développe en quelque sorte à l'écart du mouvement syndical organisé et ce, dès sa création à la suite d'une loi votée par le gouvernement du Québec. L'arbitrage obligatoire lui ayant été imposé, cette situation se transforme à la suite de l'adoption du Code du travail en 1964 et de la reconnaissance du droit de grève dans le secteur public en 1965.
La véritable prise de conscience de leur condition de travailleuses et de travailleurs survient à la fin de 1966. En novembre, un mouvement de grève est lancé. En janvier 1967, plus de 15 000 membres sont en grève et le gouvernement du Québec, dirigé par le premier ministre Daniel JOHNSON, impose le retour au travail par une loi spéciale particulièrement dure, la loi 25, adoptée le 20 février. Une manifestation intersyndicale CSN-FTQ-CEQ, s'en suit, à laquelle se joint l'Union générale des étudiants du Québec; cette manifestation regroupe 10 000 personnes devant l'Assemblée nationale du Québec. Il s'agit du premier d'une série d'affrontements entre l'État-employeur et les organisations syndicales regroupant ses employés.
Durant les années 70, l'action et le discours de la CEQ se radicalisent alors qu'elle publie, coup sur coup, L'école au service de la classe dominante (1972) et École et lutte de classes au Québec (1974), deux textes qui font date dans l'histoire de cette centrale. Cette évolution d'une forme de corporatisme à un syndicalisme davantage radical rapprocha les trois principales organisations syndicales québécoises qui, en 1971, forment le Front commun pour négocier, ensemble pour une première fois, les conditions de travail de leurs membres (voir GRÈVES DU FRONT COMMUN). La CSN, la FTQ et la CEQ ont uni leurs forces à plusieurs reprises depuis cette première de 1972, pour opposer un front uni au gouvernement et aux associations patronales dans les secteurs public et parapublic.
Dans les années 1980, la CEQ a tenté d'élargir sa représentation du côté des réseaux de la santé et dans le secteur des loisirs. Mais en l'an 2000, l'immense majorité de ses quelque 130 000 membres se retrouve dans le secteur de l'enseignement primaire et secondaire. Lors de leur Congrès général en juin 2000, les membres de la CEQ ont décidé de changer le nom de leur centrale pour Centrale des syndicats québécois.