Créditistes
Le Parti créditiste est un parti originaire du Québec, mais actif au niveau fédéral. Pendant près de 20 ans et avant même de former un parti politique en 1958, le Ralliement des créditistes, alors appelé Union des électeurs, est un mouvement socio-politique populiste. Sous la direction enflammée de Réal CAOUETTE, les Créditistes font une percée sur la scène canadienne aux élections fédérales de 1962, remportant 26 sièges et 26 p. 100 du vote populaire au Québec. L'aile québécoise s'affilie alors au Parti CRÉDIT SOCIAL national. Comptant également une poignée de députés créditistes dans l'Ouest, le parti détient la balance du pouvoir à la Chambre des communes jusqu'aux élections fédérales de 1963.
Peu après, la majorité des députés restants et la plupart des partisans de la base se dissocient du parti national pour former un groupe parlementaire indépendant portant son propre nom. Devenu le Ralliement des créditistes, le parti poursuit ses activités comme entité autonome au Parlement jusqu'à la fin de la décennie. En 1970, le parti se lance sur la scène provinciale au Québec et remporte 12 sièges à l'Assemblée nationale sous la direction d'un protégé de Caouette, le pittoresque Camil Samson. Comme le parti fédéral, le parti provincial est toutefois miné par des dissensions internes et balayé en 1973 lors de l'écrasante victoire du premier ministre libéral Robert Bourassa.
En 1971, Caouette fusionne le parti fédéral au Parti Crédit Social du Canada et en devient le chef national. Malgré la fougue de Caouette en tant que chef du parti pendant les années subséquentes, ce dernier perd graduellement ses appuis dans la population. Il cesse totalement d'être représenté au Parlement en 1980, quatre ans après la mort de Caouette. Depuis lors, les Créditistes ont cessé d'exister comme entité politique à part entière au Canada.
L'idéologie du parti correspond à la mentalité droitiste traditionnelle du monde rural et des petits centres urbains du Québec et s'appuie sur les idées de réforme monétaire du major C.H. Douglas. Pendant ses premières années au Parlement, le parti veut également qu'on donne une plus grande place au français au Parlement fédéral et dans la fonction publique, en plus d'envisager brièvement l'idée d'un « statut particulier » pour le Québec. Cependant, vers la fin des années 60, Caouette ayant la main haute sur son orientation politique, le parti adhère à l'idée du bilinguisme et du multiculturalisme officiels et s'oppose fortement à l'indépendance du Québec.
L'une des réalisations marquantes des Créditistes a consisté à démontrer qu'un nouveau parti peut surgir du paysage politique du Québec, traditionnellement bipartite, et changer la donne, tant au plan provincial que fédéral. C'est ainsi qu'ils ont ouvert la voie au Parti puis au Bloc Québécois, qui remplacent, sur la scène la politique provinciale et fédérale du Québec, « les bleus » (Parti conservateur) en tant que solution de rechange viable aux « rouges » (libéraux). Une deuxième réalisation est d'avoir su exprimer les préoccupations d'un secteur de la population québécoise qui tient à la liberté individuelle et s'oppose à toute implication excessive de l'État dans le secteur privé de l'économie. Aujourd'hui, cette préoccupation est formulée par le parti droitiste Action Démocratique de Québec (ADQ) et son jeune chef charismatique, Mario Dumont. Toutefois, l'orientation conservatrice de l'ADQ, très différente de celle des Créditistes, reflète le néoconservatisme de la nouvelle classe moyenne de la province. Moderne, urbaine, individualiste et axée sur les affaires, celle-ci a moins à coeur l'idéologie de l'indépendance du Québec.