El Niño
El Niño est le réchauffement important des courants marins de l'océan Pacifique au large des côtes de l'Amérique du Sud. Pendant des siècles, les pêcheurs péruviens ont utilisé le terme El Niño, qui signifie en espagnol petit garçon ou enfant Jésus, pour désigner un COURANT MARIN faible et chaud qui faisait son apparition chaque année autour de Noël et affectait leurs prises de façon défavorable. Certaines années, toutefois, une inversion de la circulation atmosphérique au-dessus du Pacifique Sud et de l'océan Indien provoque un réchauffement plus important de ce courant, de 2 à 5 °C de plus que la température maximale moyenne de surface de la mer qui est habituellement de 28 °C. Le courant s'étend alors sur une surface trois fois plus grande que la superficie du Canada. Aujourd'hui, les scientifiques réservent le nom de El Niño à ces événements d'amplitude exceptionnelle.
Au Canada et dans le Nord des États-Unis, l'excédent de chaleur renforce le COURANT-JET et en modifie la trajectoire. Le courant-jet est un courant d'air qui se déplace très rapidement à haute altitude et influe sur les systèmes météorologiques de la planète. Le temps, en Amérique du Nord, dans les semaines qui suivent l'apparition d'El Niño, dépend fortement de la dynamique du courant-jet, c'est à dire s'il reste unique ou s'il se sépare en deux courants. Un courant-jet unique détourné vers le nord au-dessus de la Colombie-Britannique puis plongeant vers le sud au centre du continent provoque un refroidissement de température aux Grands Lacs et dans la partie est de l'Amérique du Nord. En même temps, un système à haute pression stationnaire au-dessus des montagnes Rocheuses, empêche l'air humide du Pacifique de se déplacer à l'intérieur des terres. Un temps doux et sec domine alors l'Ouest du Canada et le Nord-Ouest des États-Unis. Si le courant-jet se divise, sa branche qui se trouve à l'extrême nord tend à créer des tempêtes dans le golfe de l'Alaska et réchauffe les températures dans l'Ouest canadien. La branche plus au sud amène davantage de tempêtes à la Californie, au Texas et à la Floride avant de remonter la côte est de l'Amérique du Nord.
El Niño étant un événement très variable en termes de force et d'impact, il est difficile de prévoir les répercussions qu'il aura sur le temps en Amérique du Nord. À l'hiver 1982-1983, de l'air très doux du Pacifique a envahi les régions de l'Est jusqu'aux Grands Lacs et au-delà. Pourtant six ans plus tôt, le sud de l'Ontario avait enduré un hiver froid alors que l'Ouest avait joui d'un temps doux au cours d'un phénomène El Niño plus faible.
El Niño a à la fois des effets bénéfiques et des effets indésirables pour les gens dont le gagne-pain dépend du temps. Pour les pêcheurs de saumons de Colombie-Britannique, ce sont de bonnes nouvelles puisque le saumon sockeye du fleuve Fraser se déplace encore plus vers les eaux froides, le poisson devient alors disponible pour les seuls pêcheurs canadiens. Par contre, des bancs de maquereaux affamés remontent plus au Nord le courant chaud El Niño et peuvent dévorer les stocks de jeunes saumons sockeyes. Pour les fermiers des Prairies, impatients que le sol regorge de nouveau d'humidité, un hiver sous le signe d'El Niño est habituellement sans neige, ce qui ne constitue donc pas une bonne nouvelle. Par contre, une année El Niño correspond également à un printemps plus chaud, plus humide, ce qui augmente les rendements de blé de printemps.
L'« opposé » d'El Niño est LA NIÑA, un refroidissement important des eaux tropicales de l'Est de l'océan Pacifique. Le XXe siècle a été témoin de 25 El Niños et 18 La Niñas.