James Michael « Jim » Flaherty était avocat, politicien provincial et fédéral et ministre (né le 30 décembre 1949 à Lachine, au Québec, décédé le 10 avril 2014 à Ottawa, en Ontario). Jim Flaherty est une figure importante des conservateurs doctrinaires qui émerge durant les années 1990 d’abord comme ministre du gouvernement de l’Ontario, puis comme ministre des Finances à Ottawa. Jim Flaherty tempère son conservatisme fiscal pour faire face à la plus importante récession mondiale depuis la crise des années 1930, et fait d’énormes dépenses pour remplacer l’investissement privé, qui chute de façon dramatique lors de la crise financière de 2008-2009. L’économie et le système bancaire au Canada survivent relativement bien à la crise, valant à Jim Flaherty une réputation de décideur politique des plus compétents à l’échelle internationale.
Princeton et Osgoode Hall
Jim Flaherty est le sixième d’une famille de huit enfants menée par Edwin et Mary (Harquail) Flaherty, couple néo-brunswickois s’étant établi à Montréal dans le quartier de Lachine. La famille vit bien, mais avec peu. Jim Flaherty part étudier à
En 1975, Jim Flaherty est admis au Barreau de l’Ontario. Il pratiquera pendant plus de 20 ans, se spécialisant en litiges et en réclamations automobiles. En 1994, il cofonde à Toronto le cabinet Flaherty Dow Elliot & McCarthy LLP avec un groupe d’avocats, dont sa femme, Christine Elliot. Le couple et leurs fils triplés, Galen, Quinn et John (nés en 1991), s’installent à l’est de Toronto, à Whitby, en Ontario.
Premiers pas en politique
Jim Flaherty passe la plus grande partie de sa carrière politique à combattre l’idée qu’il est un idéologue conservateur. « Les gens croient que je réponds à une notion politique précise, dit-il au Toronto Star en 2001, mais je ne suis pas une personne idéologique. » Il grandit au sein d’une famille libérale et commence à s’intéresser au service public après une conférence de Robert Kennedy à Princeton. À l’été de 1968, à 18 ans, il va même cogner à la porte de Pierre Trudeau. Son admiration pour ce dernier, toutefois, ne fait pas long feu lorsqu’il a vent des prodigalités au sein du gouvernement libéral.
Queen’s Park
En 1990, Jim Flaherty se présente comme candidat progressiste-conservateur aux élections de l’Ontario, mais il perd. Cinq années plus tard, il tente sa chance à nouveau et fait son entrée à Queen’s Park sous la vague de soutien pour la « Révolution du bon sens », de Mike Harris. En 1997, il est ministre du Travail et, deux ans plus tard, est promu au titre de procureur général. En 2001, Mike Harris le nomme ministre des Finances et vice-premier ministre.
De façon idéologique ou non, Jim Flaherty s’associe à l’aile droite montante d’un parti que la tradition a confiné au centre politique en Ontario. Il démontre dans ses fonctions un amour des mises en scène politiques. En tant que procureur général, il se présente devant les caméras avec un sceau et un racleur à vitre pour promouvoir la répression des mendiants torontois. Durant la course à la chefferie qu’il mène contre Ernie Eves en 2002, Jim Flaherty est souvent accompagné d’un partisan vêtu d’un costume de la Panthère rose, illustrant l’opinion du politicien selon laquelle son adversaire n’est qu’une « pâle et rose imitation » du chef libéral Dalton McGuinty.
Jim Flaherty promet, lors de sa campagne, de vendre des biens publics, d’abolir les grèves d’enseignement et d’arrêter les sans-abri. Il perd
Conservateurs sous Stephen Harper
Jim Flaherty est le plus important membre d’un groupe d’anciens ministres sous Mike Harris, qui aident Stephen Harper à remporter un gouvernement minoritaire à Ottawa en 2006. L’opposition parlementaire est faible, et Jim Flaherty, qui est nommé ministre des Finances, tire avantage de la situation en montant un budget utilisant les surplus fiscaux pour couper les impôts aux entreprises et réduire la taxe sur les produits et services (TPS) de 2 %. Cette baisse est controversée, car la TPS est l’un des éléments responsables du surplus fiscal créé sous la gouverne des libéraux Jean Chrétien et Paul Martin. « Les gens de la classe moyenne ne croient pas que les gouvernements coupent les taxes, dit Jim Flaherty à Report on Business en 2010, mais si c’est sur les taxes du consommateur, les gens le voient. C’est ce qui leur redonne, en partie, confiance envers le gouvernement. »
Le jour d’Halloween 2006, Jim Flaherty revient sur ses promesses de campagne, et répare une faille foncière, qui permet aux entreprises de se faire passer pour des fiducies de revenus. Cette action fait chuter la valeur du marché de plus de 20 milliards de dollars le jour suivant à cause des investisseurs, qui abandonnent les actions d’entreprises cherchant à profiter de
Crise financière de 2008
Les turbulences ne font que commencer. Le marché intérieur des États-Unis s’effondre en 2007, donnant lieu à une série d’événements qui mènent finalement à une crise financière mondiale à l’automne 2008. En octobre, Jim Flaherty participe à une réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Washington. Là, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et le Canada s’engagent à faire tout en leur possible pour soutenir le système financier international. Le G7 obtient le soutien du plus grand G20. En novembre, les chefs du G20 se rencontrent, eux aussi, pour discuter de l’implémentation de mesures de relance budgétaire à la hauteur de 2 % de leur PIB pour freiner la récession.
Cette promesse est purement keynésienne, une approche que Stephen Harper et Jim Flaherty dénoncent tout au long de leur carrière. L’engagement de ce dernier à la promesse du G20 est mis en doute lorsqu’il présente un budget modifié en novembre, qui prédit un surplus douteux en plus de proposer les subventions fédérales aux partis politiques. Cette dernière mesure est une attaque directe contre l’opposition, qui dépend plus des subventions que les conservateurs. Les libéraux, le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique répondent en travaillant ensemble pour déloger Stephen Harper, une alliance à laquelle il met fin en prorogeant du Parlement, c’est-à-dire en mettant fin à la session parlementaire.
En janvier, Jim Flaherty présente un nouveau budget, le plus tôt de l’histoire canadienne. La récession mondiale a empiré depuis l’automne. Le budget prévoit 40 milliards de dollars en mesures de relance, soit un montant plus grand que demandé par le G20. Le déficit atteint 55,6 milliards de dollars en 2010, contre un surplus de plus de 4 milliards en 2006. Jim Flaherty, qui a toujours préconisé la prudence budgétaire, insiste pour que l’argent fédéral soit dépensé rapidement pour inverser la récession en inondant l’économie d’argent. La récession au Canada est de courte durée par rapport aux autres pays. En 2009, le magazine Euromoney nomme Jim Flaherty ministre des Finances de l’année.
Équilibre budgétaire recherché
Jim Flaherty gagne sa troisième élection dans la circonscription fédérale de Whitby-Oshawa le 2 mai 2011, et Stephen Harper remporte sa première majorité à la Chambre des communes. L’économie du Canada croît plus rapidement que n’importe quelle autre nation industrialisée du G7. Jim Flaherty affirme que les relances dynamiques n’ont plus lieu d’être et qu’il retournerait à un budget fédéral excédentaire pour payer la dette.
En 2014, toutefois, l’économie ralentit quelque peu. Avec des taux d’intérêt les plus bas de l’histoire, le fait d’accumuler plus de dettes pour stimuler l’économie est un risque payant. Malgré tout, Jim Flaherty ne démord pas de son engagement pour un budget équilibré, n’acceptant des dépenses supplémentaires limitées que dans les infrastructures. Selon lui, effacer le déficit est la meilleure chose à faire pour redonner confiance aux gens envers le gouvernement. Lorsqu’il démissionne comme ministre, au début de 2014, le surplus budgétaire est à portée de main. Le directeur parlementaire du budget prédit un déficit de 500 millions de dollars pour l’année se terminant en septembre 2015 et un excédent de presque 8 milliards l’année suivante.
CELI et autres mesures
Pour beaucoup, l’ère Jim Flaherty à Ottawa est caractérisée par des coupes dans les taxes, une crise financière mondiale qui force le Canada à entrer en déficit et un retour projeté des surplus budgétaires. Jim Flaherty, toutefois, s’est aussi occupé de plus petits dossiers n’ayant pas forcément fait les manchettes.
Il soutient ardemment les handicapés. Un de ses fils, John, souffre d’encéphalite, une enflure du cerveau causée par l’infection. En 2007, Jim Flaherty utilise le budget fédéral pour créer le régime enregistré d’épargne-invalidité, qui permet aux parents d’économiser de l’argent pour leurs enfants handicapés sans que des impôts soient perçus. L’année suivante, il crée les comptes d’épargne libres d’impôts, qui permettent aux Canadiens de gagner un revenu de placement sans impôts sur un investissement annuel maximal de 5000 $. Reconnaissant au Canada la menace d’une crise immobilière semblable à celle des États-Unis, Jim Flaherty rend plus difficile l’obtention d’une hypothèque assurée par le gouvernement. Il promeut aussi un organisme national de réglementation des valeurs mobilières, et ce, malgré la décision de la Cour suprême du Canada, qui juge que le gouvernement fédéral n’a pas l’autorité pour imposer des réglementations sur les provinces.
Maladie
La dernière année de mandat de Jim Flaherty en est une des plus difficiles. En effet, en 2013, il annonce souffrir de pemphigoïde bulleuse, une douloureuse maladie de peau aiguë d’origine auto-immune nécessitant un traitement aux stéroïdes. Il affirme toutefois que sa retraite politique, en mars 2014, n’a rien à voir avec sa santé, mais plutôt au fait qu’il a eu une longue carrière publique et qu’il cherche désormais des occasions d’affaires dans les secteurs privés.
Sa mort soudaine à Ottawa 23 jours plus tard laisse la classe politique canadienne en état de choc. Stephen Harper ordonne que des funérailles d’État soient tenues le 16 avril à la cathédrale Saint-Jacques, à Toronto. Dans son éloge funéraire, Stephen Harper s’est rappelé le jour de la démission de Jim Flaherty : « J’ai dit à Jim qu’il avait réellement été durant ses huit années, à mon avis, le meilleur ministre des Finances du monde, sinon au moins le meilleur de notre histoire. »