Formation et début de carrière
Kim Adams étudie la peinture au Northwest Institute of the Arts (1974), à la Kootenay School of Art (1974-1975) et à l’Université de Victoria (1975-1977), où il obtient une maîtrise en beaux-arts en 1979. Dès 1976, Adams était déjà célèbre grâce à ses peintures par champs colorés (toiles abstraites à la surface desquelles des couleurs sont étalées uniformément), mais il trouve sa véritable vocation dans la sculpture et les installations.
Malgré sa formation classique, il a toujours affirmé puiser l’essentiel de son inspiration en dehors des cours. « Ma recherche a débuté à l’école secondaire quand je manquais les cours. Je trouvais la vie de la rue plus intéressante. » Et la culture de la rue continue de l’inspirer. Depuis les années 1970, il consigne sur photo des « remakes de la rue » ou des véhicules qui ont été découpés, modifiés et reconstitués, pour créer des objets pour « vendre, acheter, vivre et abandonner ». Ces diapos de recherche constituent un carnet de croquis dans lequel il peut découvrir l’insolite et le merveilleux, aussi bien que des solutions techniques propres à son travail.
Maturité artistique
Depuis plus de 25 ans, Kim Adams explore l’assemblage original du « déjà fait » à travers des œuvres sculpturales réalisées en recyclant des objets trouvés, plutôt que d’en créer de nouveaux. Son œuvre tourne essentiellement autour de deux fondements de la vie de banlieue : la voiture et la maison. Souvent, il superpose une habitation et un véhicule, de sorte que l’habitation devient le moyen de transport et inversement. Ses sculptures sont en général réalisées avec des produits de consommation provenant de chez Canadian Tire ou avec des marchandises offertes dans les quincailleries ou les centres d’artisanat et de bricolage. Par l’alternance et la manipulation de ces objets, il expose les infrastructures qui confirment nos valeurs et nous renvoie à l’absurdité de nos habitudes.
Kim Adams conçoit trois types de sculptures : des structures architecturales, souvent construites pour l’artiste lui-même comme lieu d’habitation ou de travail, Decoy Homes (1987) et Chameleon Unit (1988); des événements de rue au cours desquels l’artiste crée ses œuvres à la manière d’un marchand forain, Chameleon Unit (1986) et Gift Machine (1988), et des modèles réduits de paysages ou d’architecture, Earth Wagons, (1989-1991). Ces trois facettes sont étroitement liées et interchangeables de multiples façons. Ses dessins et ses gravures débordent d’une vigoureuse énergie et donnent une idée de la manière dont l’œuvre sculpturale est construite.
Entrée dans le XXIe siècle
En 2001, deux expositions importantes de l’œuvre d’Adams sont présentées simultanément. Une grande exposition au Power Plant à Toronto présentait ses grandes sculptures, ses modèles réduits et ses dessins de 1984 à 2001. Cette exposition était conçue en deux parties : les sculptures à grande échelle étaient installées sur des étagères industrielles qui transformaient la galerie en entrepôt, et dans l’autre partie de la galerie, on exhibait ses modèles et ses dessins. L’artiste est très à l’aise dans le travail à grande ou petite échelle. Il avait conçu l’exposition pour donner aux visiteurs une sensation de « rétrécissement » en passant d’une galerie à l’autre.
L’autre exposition, à la Oakville Galleries, présentait le tour de force d’Adams, le Bruegel-Bosch Bus, une œuvre qui fait maintenant partie de la collection permanente de l’Art Gallery d’Hamilton. Le support principal de cette œuvre est une camionnette Volkswagen découpée. Kim Adams utilise des prêts-à-monter, des jouets et des modèles réduits, qui débordent à l’extérieur de la camionnette pour créer diverses atmosphères semblables à celles des parcs d’attractions.
Dans cette œuvre colossale, le spectateur observe de grandes pièces de musée créées à partir de vieux sites industriels, une usine d’acier qui vomit des déchets, des ouvriers en grève munis d’un ultimatum et prêts à l’action, un espace où John Lennon invite à la paix des superhéros qui batifolent, et un plateau de cinéma prêt pour le tournage. À la manière de Pieter Bruegel et Hieronymus Bosch, des artistes du XVIe siècle dont la pièce emprunte les noms, Kim Adams crée des paysages et des scènes de la vie quotidienne qui soulignent l’absurdité et l’ordinaire, mais qui sont également imprégnés d’humour et de finesse. Malgré toute sa gaieté, le Bruegel-Bosch Bus touche directement au noyau de la culture contemporaine, soupesant ses menaces et ses merveilles. Il résume toute l’œuvre de Kim Adams et bon nombre de ses obsessions : les effets nuisibles de la consommation, les aspects non conventionnels des loisirs, la collectivité et le logement, une culture de banlieue nomade en mouvement et l’alliance contre nature du consumérisme et du gaspillage.
Kim Adams a souvent participé à d’importantes expositions en groupe ou en solo au Canada, en Australie, aux États-Unis et en Europe. Il a présenté ses œuvres dans des expositions internationales des plus prestigieuses, dont la Sydney Biennale of Contemporary Art, à Sydney en Australie; la Skulptur Projekt 97, à Münster en Allemagne; la InSite 1997, à San Diego en Californie et à Tijuana au Mexique. Il fait partie des collections de prestigieux musées au Canada et ailleurs, et en 2001, il a créé une œuvre extérieure permanente pour la Vancouver Art Gallery. L’exposition Kim Adams: Models and Toaster Wagon Works s’est tenue à la Durham Art Gallery de Durham, en Ontario, en 2005. Ses nouvelles œuvres ont été exposées au Musée des beaux-arts de l’Ontario, dans le cadre de la remise du prix Gershon Iskowitz à l’artiste en 2013.