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Lavigne, Louis-Dominique

lavigne, louis-dominique
louis-dominique lavigne, dans la pi\u00e8ce Bobby ou Le vertige du sens (avec la permission de Le thé\u00e2tre de quartier).

Lavigne, Louis-Dominique

Louis-Dominique Lavigne, auteur, metteur en scène, comédien (Montréal, 18 juin 1949). Participant aux beaux jours de la création collective dans les années 70, Louis-Dominique Lavigne continue de défendre une vision du théâtre non élitiste, à la rencontre de tous les publics. Depuis 40 ans, il s'est investi surtout auprès des jeunes publics, signant près de 40 pièces, et assumant la codirection artistique du Théâtre de Quartier (avec Lise Gionet et Jean-Guy Leduc), compagnie vouée au théâtre jeunesse à laquelle il s'est joint en 1975. Il a en outre mis en scène plusieurs spectacles, parmi lesquels La Nuit blanche de Barbe-bleue de Joël da Silva (Théâtre de Quartier 1989).

Formé à l'UQAM (1972) et au Conservatoire d'art dramatique de Montréal (1975), le jeune comédien joue dans des créations collectives du Parminou (compagnie qu'il a cofondée avec d'autres finissants d'écoles professionnelles en 1973), du Théâtre de l'Œil, du Théâtre de Quartier et de la Marmaille (les Deux Mondes). Privilégiant ensuite l'écriture et la mise en scène, il ne montera plus sur scène que de façon exceptionnelle - on se souvient notamment de sa sorcière dans Le Pain de la bouche, adaptation libre d'Hansel et Gretel signée Joël da Silva - ou alors dans ses propres pièces (Les Purs, Les Papas, Bobby ou le vertige du sens).

Sa carrière d'auteur dramatique est marquée par quelques pierres blanches, aussi bien auprès des bouts de chou que des adolescents. Pour ce public réputé difficile, Louis-Dominique Lavigne livre en 1982, avec le théâtre Petit à Petit, une pièce qui devient un modèle du genre : Où est-ce qu'elle est ma gang ? C'est la naissance d'un théâtre tonique qui, avec des impératifs artistiques et un biais psychosocial bien assumé, prend résolument le parti des jeunes. L'auteur récidive avec une pièce sur le troublant sujet du suicide chez les jeunes, Le Sous-sol des anges, créée par le Théâtre de Carton en 1984 dans une mise en scène de Lorraine Pintal, puis avec Tu peux toujours danser, montée par Claude Poissant (1990) : abordant la sexualité des jeunes et le sida, sujet névralgique de l'époque, cette pièce est la toute première production du Théâtre le Clou, devenu vingt ans plus tard un incontournable du théâtre pour adolescents au Québec. Pour les jeunes enfants, il connaît deux beaux succès. Destiné aux 3 à 5 ans, son texte Les Petits Orteils (Théâtre de Quartier, 1991), qui abordait les appréhensions d'une fillette face à la venue d'un nouveau bébé, a remporté le PRIX DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL du Canada (1992). En 2003, il signe Glouglou, la première pièce québécoise pour les bébés (dès 2 ans). Mis en scène par Lise Gionet, ce spectacle feutré, où le quotidien des tout-petits offre tout un monde à explorer, a remporté le Masque de la production jeunes publics (2005).

II a collaboré avec de nombreuses compagnies théâtrales, mais de façon plus étroite avec le Théâtre Populaire d'Acadie, depuis 1990 (Le Matin de Francis) ; signalons Mentire, écrite en collaboration avec Robert Bellefeuille qui en assumait la mise en scène (coproduction Théâtre de la Vieille 17, 1997). En 1994, il entreprend une fructueuse relation artistique avec Jean Debefve du Théâtre de la Galafronie (Bruxelles) : la pièce qu'ils cosignent, Kobold !, remporte à la fois le Prix du ministère de la Culture de la Communauté française de Belgique et le Coup cœur de la presse belge. Ils se retrouveront pour Les Papas, dont ils interpréteront les rôles-titres, avec la complicité de Didier de Neck à l'écriture et à la mise en scène (Théâtre de la Galafronie/Théâtre de Quartier, 1997).

S'il œuvre à la télévision comme scénariste et dialoguiste, c'est toutefois aux planches qu'il destine essentiellement ses œuvres. Certaines de ses pièces s'adressent à tous les publics, tel son solo, Bobby ou le vertige du sens, mis en scène par Ghyslain Filion (Théâtre de Quartier, 2007). Son théâtre pour adultes fuit le réalisme : il ne craint pas d'y faire intervenir l'absurde (Non bon oui non non bon !, dans le spectacle collectif Trois !, du Théâtre du Désordre, présenté à l'Espace Libre en 2006) et le merveilleux (L'Amour incurable, Théâtre les Trois Arcs, 2010).

Animateur passionné, professeur (entre autres à l'École nationale de théâtre où il enseigne l'écriture pour le jeune public depuis 2001), l'homme de théâtre est engagé au sein de la vie culturelle québécoise. Louis-Dominique Lavigne a siégé tour à tour au conseil d'administration du Centre des auteurs dramatiques, du Conseil québécois du théâtre et de la Maison Théâtre.