Helen Gregory MacGill, juge, journaliste, musicienne (née le 7 janvier 1864, à Hamilton, au Canada‑Ouest; décédée le 27 février 1947, à Chicago, dans l’Illinois, aux États‑Unis). Helen Gregory MacGill a été une précurseure comme journaliste, comme féministe et comme juge. Elle a été la première femme diplômée du Trinity College (aujourd’hui l’Université de Toronto), ainsi que la première juge en Colombie‑Britannique, siégeant au tribunal pour la jeunesse pendant 23 ans. Sa fille, Elsie MacGill, est devenue la première ingénieure en aéronautique et conceptrice d’aéronefs au monde.
Jeunesse et famille
Helen Gregory naît dans une famille aisée de la ville industrielle de Hamilton, au Canada‑Ouest (aujourd’hui l’Ontario). Son grand‑père maternel est Miles O’Reilly, un avocat et un juge influent. Son père, Silas, et sa mère, Emma, grandissent tous deux conscients des avantages que procurent la fortune et un solide réseau relationnel. Emma, qui est partisane du droit de vote des femmes, enseigne à sa fille que le rôle de mère d’une femme lui confère le droit et la responsabilité de rechercher l’égalité des sexes, afin de contribuer à l’amélioration de la société. Cette idée sociale féministe servira de base à Helen pendant toute sa vie.
Formation
À 19 ans, Helen Gregory déménage à Toronto, avec le rêve de devenir pianiste de concert. Elle devient la première femme diplômée du Trinity College (aujourd’hui l’Université de Toronto), ainsi que la première femme de l’Empire britannique à obtenir un degré en musique. Elle décroche ensuite un baccalauréat ès arts puis, en 1890, une maîtrise ès arts.
Début de carrière
Après avoir obtenu son diplôme, Helen Gregory est engagée par les magazines américains Cosmopolite et Atlantic Monthly, pour couvrir l’ouverture de la première législature japonaise en vertu de la nouvelle constitution meiji. Avant son départ, elle rencontre un ami de la famille, le premier ministre sir John A. Macdonald, qui lui remet des lettres de recommandation pour son voyage au Japon. Il lui demande également de coucher ses observations, lors de son périple dans l’Ouest canadien, sur le papier.
Au cours de son voyage vers l’Ouest, Helen Gregory rencontre, sur le territoire du Manitoba d’aujourd’hui, un éleveur nommé Lee Flesher. Une semaine plus tard, ils se marient. La jeune femme poursuit alors son voyage et s’aperçoit qu’elle est enceinte. Bien qu’elle se sente malade presque tous les jours, elle n’abandonne pas et rédige, comme prévu, des articles sur l’Ouest canadien. Elle se casse une jambe alors que le navire au bord duquel elle traverse l’océan pour se rendre au Japon subit une violente tempête. En dépit de cet accident, elle mène tout de même à bien sa mission au Japon. Elle soumet, aux magazines qui l’emploient, des articles sur l’ouverture de la législature et sur la culture unique de ce pays.
Lorsque le ranch fait faillite, la famille déménage en Californie, d’abord pour gérer un verger, puis à San Francisco, où Lee Flesher décide d’étudier la médecine. La mère de Helen Gregory, Emma, laisse son mari à la maison, et part aider sa fille, désormais seule avec ses enfants. La journaliste publie des articles dans des journaux et dans des magazines. Avec sa mère, elles achètent deux journaux, Society et The Searchlight, dans lesquels elles écrivent également. Les deux femmes plaident en faveur de droits plus importants pour les femmes qui, à cette époque, ne peuvent ni hériter de l’argent, ni occuper des fonctions publiques, ni être jurées, ni voter. La jeune femme continue à écrire après avoir donné naissance à un premier fils, Eric, en juin 1891, puis à un deuxième, Freddy, un an plus tard.
Lorsque Lee Flesher obtient son diplôme en médecine, il se voit offrir un emploi à la Mayo Clinic et la famille déménage au Minnesota. Là, Helen Gregory continue de publier des articles dans des journaux et dans des magazines. Sa mère et elle intègrent plusieurs organisations réformistes en faveur du droit de vote des femmes. En 1901, Lee Flesher décède.
Carrière de journaliste et de militante féministe
Devenue mère célibataire, Helen Gregory prend la responsabilité du courrier des lecteurs au St. Paul Globe. Une série d’échanges épistolaires avec Jim MacGill, un ami de l’université, débouche sur une histoire d’amour. Helen et Jim se marient en 1902. Avec sa mère et ses deux garçons, elle rejoint son nouvel époux à Vancouver. Le couple aura deux filles, Helen, née en 1903, et Elsie, qui voit le jour deux ans plus tard.
Helen Gregory MacGill poursuit son activité de rédaction d’articles, devenant membre du Women’s University Club of British Columbia, lors de sa première année de fonctionnement, avant d’en être nommée présidente et de présider son comité pour l’amélioration du droit des femmes et des enfants en Colombie-Britannique. Sa mère et elle deviennent également membres de diverses organisations locales. En 1912, la journaliste et auteure autoédite un ouvrage: Daughters, Wives, and Mothers in British Columbia – Some Laws Affecting Them, un opuscule qu’elle réécrira huit fois.
Dans ses écrits et dans son travail communautaire, Helen Gregory MacGill rejette le féminisme radical et cherche à faire évoluer les choses depuis l’intérieur du système établi. En préconisant une réforme juridique et un plus grand intérêt pour les femmes, pour les enfants et pour les pauvres, elle perfectionne ses compétences d’organisatrice communautaire et de conférencière persuasive.
Helen Gregory MacGill est membre fondatrice du Vancouver Women’s Press Club, en 1909. Filiale du Canadian Women’s Press Club, cette organisation milite pour l’embauche d’un plus grand nombre de femmes journalistes. Elle offre également aux femmes un réseau de soutien, ainsi que des cours les aidant à améliorer leurs compétences. La journaliste et musicienne originaire de Hamilton crée également la Vancouver Music Society, qui réunit des femmes qui partagent l’amour de la musique et leur offre un cercle pour discuter de différents enjeux sociaux.
En 1911, Helen Gregory MacGill est à la tête d’une initiative dans le cadre de laquelle12organisations de femmes achètent un grand édifice sur la rue Thurlow, appelé le Vancouver Women’s Building, le premier centre de ce genre au Canada, offrant des bureaux et des espaces de réunion pour des groupes de femmes qui peuvent également y faire garder leurs enfants pour une somme extrêmement modique. Là, elle donne des cours d’écriture, de prise de parole en public, ainsi que de conduite de réunions et de participation efficace à des réunions.
Le cercle d’amis des MacGill, qui ne cesse de s’enrichir, comprend la peintre Emily Carr, qui donne à la jeune Elsie des leçons d’art, ainsi que la militante féministe et défenseure des droits sociaux Nellie McClung.
Les efforts ininterrompus des femmes pour obtenir le droit de vote conduisent les provinces, les unes après les autres, à le leur accorder. Helen Gregory MacGill est à l’avant‑garde de ce combat en Colombie‑Britannique, une province qui accordera, en 1917, le droit de vote aux femmes. Grâce à leurs actions militantes, les femmes obtiennent non seulement le droit de voter, mais également de se présenter et d’être nommées à un poste public.
Carrière de juge
Jusqu’en 1908, les tribunaux canadiens ne font pas de différence entre le traitement des enfants et celui des adultes, incarcérant notamment les premiers en compagnie de délinquants adultes. La Loi sur les jeunes contrevenants du gouvernement fédéral a pour objectif de protéger les enfants de la société, de la prison et d’eux‑mêmes (voir aussi Système judiciaire pour les jeunes; Enfants, éducation et loi). La Colombie‑Britannique institue son tribunal pour la jeunesse deux ans plus tard. Sous l’impulsion de Helen MacGill et d’autres femmes, le gouvernement provincial met en place un réseau de foyers de détention et d’établissements d’éducation surveillée pour les enfants reconnus coupables de crimes.
En juillet 1917, Helen Gregory MacGill, âgée de 53 ans, devient la première femme juge de la Colombie‑Britannique, après avoir été nommée au tribunal de la jeunesse de Vancouver, où elle traite d’affaires impliquant des filles. Quand elle siège, elle cherche à trouver le compromis idéal entre le bien‑être de l’enfant et la sécurité de la société. Elle agit en étant convaincue que la plupart des enfants criminels viennent de foyers où l’amour est absent et où ils sont victimes de négligences ou de mauvais traitements. Elle préconise la libération conditionnelle, pour la plupart des enfants reconnus coupables de crimes, plutôt que leur incarcération. Elle collabore avec la Children’s Aid Society et avec d’autres groupes pour mettre en place des aménagements, des placements en milieu scolaire et professionnel et un soutien psychologique (voir Protection de l’enfance au Canada).
Helen Gregory MacGill est juge au tribunal de la jeunesse de 1917 à 1929, lorsqu’un nouveau gouvernement nomme un remplaçant, puis, de nouveau, de 1934 à 1945. En 1945, à 81 ans, elle prend sa retraite.
Participation à différentes organisations
Tout au long de ces années, Helen Gregory MacGill poursuit ses efforts réformateurs, en étant membre d’un grand nombre de groupes, dont le Vancouver Mother’s Pension Board, le Mayor’s Unemployment Committee, le Provincial Board of Industrial Relations, l’Advisory Committee on Juvenile Delinquency, le Minimum Wage Board, l’International Juvenile Court Judges Association et le Sous‑comité à la protection de l’enfance des Nations Unies.