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Maison Saint-Gabriel

La Maison Saint-Gabriel est un musée et site historique qui a ouvert ses portes en 1966. Situé à la Pointe-Saint-Charles à Montréal, ce bâtiment tricentenaire est l’un des plus beaux exemples de l’architecture traditionnelle de la Nouvelle-France.
Crédit:Maison Saint-Gabriel.

La Maison Saint-Gabriel est un musée et site historique qui a ouvert ses portes en 1966. Situé à la Pointe-Saint-Charles à Montréal, ce bâtiment tricentenaire est l’un des plus beaux exemples de l’architecture traditionnelle de la Nouvelle-France. Il a notamment servi de lieu d'accueil pour les Filles du roi.

Fondation

Partie de sa Champagne natale en 1653, Marguerite Bourgeoys fonde, en 1658, la Congrégation de Notre-Dame. Elle ouvre cette même année, la première école de Ville-Marie (Montréal). Non satisfaite de cette réalisation, elle obtient, en 1662, une concession de Paul de Chomedey de Maisonneuve et se donne comme but d'instruire et d'éduquer gratuitement les enfants et les nouveaux arrivants (voir Histoire de l’éducation).

En 1668, elle décide d'acquérir la terre voisine et la maison de pierre des champs érigée sur cette terre. Construite par François Le Ber en 1660, cette maison est située sur un partie de terre appelée Pointe-Saint-Charles, ainsi nommée en l'honneur de l'évêque Charles Borromée. Elle y développe une ferme modèle qui assure la subsistance de sa congrégation.

Jusqu’en 1673, la ferme de 30 arpents est un lieu d'accueil pour les Filles du roi, jeunes filles envoyées en Nouvelle-France pour trouver mari et fonder des familles. Cette ferme est aussi utilisée comme petite école.

Son amie, Catherine Crolo, née à Lauzon en 1619, décide, en 1658, de venir rejoindre Marguerite Bourgeoys à Ville-Marie. Pendant que Marguerite enseigne, Catherine prend en charge les tâches domestiques. C'est ainsi qu'elle devient, en 1668, la première intendante de la maison Saint-Gabriel et de sa ferme appelée La Providence. Elle veille au défrichement, aux cultures et aux récoltes.

Évolution des bâtiments

En 1693, un violent incendie rase la maison. La laiterie et un appentis sont toutefois sauvés. En 1698, les habitants reconstruisent la maison sur les fondations d'origine. En 1826, on ajoute le quartier des engagés afin d'y loger les travailleurs de la ferme. Puis en 1880, on érige une impressionnante grange en pierre.

Pendant près de 300 ans, ce joyau de l'architecture française est administré par les religieuses de la Congrégation Notre-Dame de Montréal. La ferme de Pointe-Saint-Charles est une métairie. De 1668 à 1955, les sœurs fermières de la Congrégation de Notre-Dame exploitent cette ferme et remettent les fruits de leurs récoltes à leur communauté. Pendant toutes ces années, on a vu défiler 86 métayères à la tête de la métairie.

Musée et site historique

En 1965, la Maison Saint-Gabriel, ainsi nommée depuis 1930 en hommage à la ferme des Sulpiciens érigée en 1659 et détruite en 1883, est déclarée monument historique par la Commission des monuments historiques du Québec. En 1966, une fois restaurée, elle devient un musée où on présente principalement différentes facettes de la vie rurale.

En 1992, le ministère de la Culture et des Communications du Québec a déclaré le site de la Maison Saint-Gabriel historique, ce qui en fait un lieu unique et privilégié de sensibilisation à l’histoire et au patrimoine québécois du Régime français. En 2001, le jardin des Métayères est recréé dans l'esprit de la Nouvelle-France et en 2007, le sous-bois du site est aménagé de plantes et d’arbustes indigènes typiques de la plaine du Saint-Laurent. Un circuit arboricole permet aussi de découvrir une vingtaine d’espèces d’arbres dont certains spécimen ont plus de 100 ans.

En 2007, la maison Saint-Gabriel a été reconnue comme Lieu historique national du Canada. Après des investissements de plusieurs millions de dollars, le musée a vu son site s'agrandir et se doter d'un nouveau pavillon, le pavillon Catherine-Crolo, en mémoire de la première intendante de la congrégation. Le pavillon servant de résidence aux religieuses a également été converti en pavillon d'accueil. Chaque dimanche d’été, des artisans redonnent vie aux lieux par leurs animations en costumes d'époque et par le déploiement de petites saynètes historiques qui savent évoquer, plus que les mots, la vie quotidienne des habitants de la Nouvelle-France.

Prix et distinctions

Ce musée et site historique a récolté plusieurs honneurs. Depuis 1999, la Maison Saint-Gabriel a reçu à quatre reprises le prestigieux prix Ulysse remis par Tourisme Montréal (1999, 2003, 2007 et 2010). En 2004, pour la variété de ses activités et pour la qualité de son accueil, la Maison Saint-Gabriel a obtenu une cote globale d’A+ donnée lors des évaluations des institutions muséales du Québec. La même année, un certificat d’honneur a été décerné à la Maison Saint-Gabriel par le Conseil des monuments et sites du Québec en reconnaissance des services rendus pour la mise en valeur et conservation du patrimoine du Québec

En 1998, puis à nouveau en 2005, le Prix Explorateur lui a été remis par la Corporation du Pôle des Rapides, pour avoir su faire rayonner la région du Sud-Ouest de Montréal. Également en 2005, l’institution a été lauréate d’un Grand Prix du tourisme québécois pour la qualité exceptionnelle de ses services. Plus récemment, la Maison Saint-Gabriel a reçu le prix d’excellence 2014 de l’Association québécoise des interprètes du patrimoine.

À titre de directrice du musée, Sœur Madeleine Juneau (CDN) a aussi été honorée à plusieurs reprises pour son travail remarquable. À la tête de la Maison Saint-Gabriel depuis 1997, elle a reçu, dans le cadre du Concours UNIO, le titre de personnalité d’affaires de l'année (2004) et de Personnalité UNIO (2006) de la Chambre de commerce et d'industrie du grand Sud-Ouest de Montréal. En 2006, elle a été lauréate du Prix Femmes d'affaires du Québec dans la catégorie cadre ou professionnelle employée par un organisme sans but lucratif (OSBL) et en 2009, s’est vu décerner le Prix Bâtisseur du Sud-Ouest par le Regroupement économique et social du Sud-Ouest (RESO). Elle est récipiendaire de la Médaille de l’Assemblée nationale du Québec (2011) et d’une Médaille du jubilé de diamant de la Reine Élizabeth II (2012). Son engagement dans la protection et la mise en valeur de la Maison Saint-Gabriel a été souligné par le Prix Thomas-Baillargé de l’Ordre des architectes du Québec (2012) et le Prix Gérard-Morisset du Gouvernement du Québec (2013).

Témoin vivant de l'histoire de Montréal, le musée de la Maison Saint-Gabriel a su transmettre, par la qualité de ses expositions et de ses services aux visiteurs, le goût d'en connaître davantage sur ces bâtisseurs et bâtisseuses de l’Amérique française.