Aimé Jean (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Aimé Jean (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Aimé Jean a servi dans l'armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lisez et écoutez le témoignage d'Aimé Jean ci-dessous.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Aimé Jean
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Un peloton de la compagnie C du 2e Bataillon du Royal 22e Régiment à l'entraînement à Fort Lewis dans l'État de Washington aux États-Unis. M. Jean servit à la compagnie C en Corée. Le capitaine dirigeant la marche est Charles "Charlie" Forbes, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant servi avec le Régiment de Maisonneuve. Forbes devint plus tard lieutenant-colonel et décéda le 19 mai 2010 à l'âge de 89 ans. Aux dires de M. Jean, Forbes était un officier "très humain".
Aimé Jean
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Quelques-uns des camarades de M. Jean prenant un instant de repos derrière les lignes.
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M. Jean et ses camarades voyant à l'entretien de leurs armes avant de remonter au front (Corée, été 1951).
Aimé Jean
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Des soldats du Royal 22e Régiment en équipement de combat complet se préparant à monter en ligne pendant la guerre de Corée. M. Jean servit avec la compagnie C du 2e Bataillon de ce régiment en 1951-1952.
Aimé Jean
Il s’est levé debout, je ne sais pas pourquoi il s’est levé debout, si c’est pour se rendre ou n’importe quoi. On ne lui a pas posé de questions. On lui a arrangé son cas.

Transcription

On a fait notre entrainement aux États-Unis à Fort Lewis (État de Washington). Je me suis enrôlé au mois d’août puis au mois de novembre on partait pour Fort Lewis. De là, on avait Dextraze (le lieutenant-colonel Jacques Dextraze, commandant du 2eBataillon du Royal 22e Régiment en Corée), il l’appelait Kid 28 ce n’est pas pour rien. Lui il était sévère. Lui, que tu aies tué ou que tu aies perdu une pelle, c’était 28 jours de détention. Ils l’appelaient Kid 28 ce n’est pas pour rien. Lui c’était tout le monde pareil, 28 jours, 28 jours. Parce que dans les tranchées on n’est pas plus que trois. On se faisait des dugouts (abris souterrains) pour coucher. Il y en a un qui est sur la garde et l’autre est couché. Il faut toujours qu’il y en ait un debout, à faire notre shift (service) de garde. Quand ça tire là. C’est effrayant le soir comment on peut entendre de loin. Un coup j’étais en avant sur la pointe, dans les premiers en avant. J’entendais parler en chinois, mais on ne le sait pas si c’est des Chinois ou des Japonais ou ben ce que vous voudrez. C’était des Sud-Coréens (des forces alliées), mais je ne le savais pas. Ils étaient écartés. Ils arrivent devant nous autres, un peu plus. Si ça n’avait pas été de notre sergent, on en aurait tué une gang d’eux autres. Parce que là j’ai sacré un coup de pied à mon chum, il dormait à terre. Je lui ai donné un coup de pied et je lui ai fait signe de ne pas parler et d’écouter. On a préparé les grenades, la mitrailleuse pis toute. Si ça n’avait pas été de notre sergent qui serait venu nous voir pour dire de ne pas tirer. Lui avait eu un message je suppose, qu’ils étaient écartés. Sans ça ils auraient été bien reçus. C’est pour ça qu’on est toujours… Ce n’est pas comme dans les vues, on ne pose pas de questions. S’il est en avant, il n’a pas à faire là. Un coup j’étais avec deux de mes amis, on était en avant et on se faisait tirer. Mon chum a reçu une balle dans l’épaule. Il dit : « J’ai reçu une balle ». Je lui ai dit : « C’est pas le temps de faire des farces ». C’était vrai, il a été blessé. Il y en avait un ça devait être un... On les appelait les Mongols. Ils étaient plus grands que les Chinois eux autres, ils étaient grands pis gros. Nous autres on était trois. J’étais le plus gros de la gang, je pesais 145 livres. Je pesais 100 livres de moins qu’aujourd’hui. Il en restait un, pis il était debout. Il n’a pas eu le temps de se rendre. Il voulait peut-être se rendre, mais… On était proche, ils étaient peut-être à une dizaine de pieds de nous autres. C’est lui qui a tiré mon chum, qui nous tirait. Il s’est levé debout, je ne sais pas pourquoi il s’est levé debout, si c’est pour se rendre ou n’importe quoi. On ne lui a pas posé de questions. On lui a arrangé son cas.