Albert Wallace a servi dans la Force aérienne et a été prisonnier de guerre pendant la Deuxième Guerre mondiale. Pour le témoignage complet d'Albert Wallace veuillez consulter en bas.
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Transcription
Ils m’ont emmené dans un bureau pour être interrogé par un officier et il en savait plus long que moi au sujet de la guerre. Il en savait plus long sur notre escadron de bombardement. Je n’avais pas besoin de lui dire quoi que ce soit. Il pouvait me parler de tout ce qu’ils voulaient savoir au sujet de nos bombardements. Il leur a dit qui était notre commandant et combien d’avions on pouvait déployer pour une efficacité maximale et oh, il en savait beaucoup plus sur notre base aérienne que moi.
Alors quoiqu’il en soit, je n’ai passé là que quelques jours et ensuite on m’a emmené, on m’a mis dans un bâtiment avec d’autres prisonniers et puis quelques jours plus tard, on a fait un voyage en train et j’ai échoué au Stalag Luft III là où la grande évasion a eu lieu. C’était juste une grande enceinte entourée de barbelés. Il y avait deux, le camp faisait au moins six hectares. C’était un camp tout nouveau. Il avait juste ouvert en avril 1943 et je suis arrivé en mai 1943. Donc je suis arrivé là seulement six semaines après son ouverture. Et il y avait environ 700 ou 800 hommes quand je suis arrivé, mais il y en a eu environ 1800 ou 1900 par la suite.
C’était un grand camp, entouré d’une double barrière de fils barbelés, deux barrières espacées d’environ 3 mètres l’une de l’autre, deux barrières. Et puis entre les deux barrières, il y avait des gros rouleaux de fils de fer barbelé tout autour pour rendre toute possibilité de passer au travers quasiment impossible, ou très difficile. Il y avait des tours pour les gardes à différents endroits tout autour du camp et ils avaient des mitrailleuses dans les tours et ils avaient des projecteurs, qui étaient allumés toute la nuit dans le camp.
Je m’étais arrangé avec le gars qui s’occupait du bâtiment où j’étais logé, ou de la chambre où j’étais, pour déménager dans une autre chambre. Alors j’ai déménagé dans une autre chambre dans le bâtiment 104, et le bâtiment 104 c’était le baraquement où se trouvait le grand tunnel pour l’évasion. Et la chambre dans laquelle j’ai emménagé dans ce baraquement est celle où le tunnel démarrait. Je n’en savais rien à ce moment-là, bien-sûr, parce que j’étais nouveau. Et tout ce qui concernait l’évasion était top secret dans le camp et on n’en parlait pratiquement pas. Je veux dire, il y avait même des gars dans la chambre qui n’avaient rien à voir avec le tunnel.
Il y avait un gars qui s’appelait Pat Langford. Il était dans cette chambre-là et il était ce qu’on appelait le « furher » du tunnel, c’est lui qui l’ouvrait, quand ils allaient l’ouvrir pour faire descendre des hommes ou pour les en sortir ou pour enlever le sable, il était celui qui ouvrait et fermait le tunnel. Et ce n’était pas une très, à mon sens, une très bonne pièce à vivre parce que quand le tunnel était ouvert, il y avait des couvertures partout sur le sol pour recueillir tout le sable et la chambre était en fait hors limites et vous ne pouviez ni entrer ni sortir. Alors je n’ai passé que deux ou trois mois dans cette chambre et puis je me suis arrangé pour partir de là.
J’ai un petit peu participé au travail sur le tunnel à l’évacuation du sable. J’étais un pingouin (?) quelques fois quand j’avais des sacs le long de mes jambes et que je m’en débarrassait dans le jardin de la pièce où j’ai vécu par la suite ou tout autour de la promenade, dans tout le périmètre du camp. Mais ce n’était pas, c’est la seule chose à laquelle j’ai participé dans la construction du tunnel, évacuer un peu de sable.
Tout le monde dans le camp savait ce qui allait se passer. Le jour où il allaient s’évader ou cette nuit-là. Tout au long de la journée, tout le monde dans le baraquement 104 a déménagé à l’exception des hommes qui allaient s’enfuir et tous ceux qui avaient été choisis et sélectionnés pour s’en aller ont emménagé pendant la journée, ils ont pris tout ce qu’ils allaient emporter avec eux dans l’évasion et cette nuit-là, quand ils ont ouvert le tunnel à l’air libre, ils sont montés et ils ont été un peu retardés. Ils ont eu quelques imprévus pendant la nuit. Ils avaient du mal à passer à travers le sol pour sortir à l’air libre et puis quand le tunnel a été percé de l’autre côté, ils ont découvert qu’au lieu de se retrouver au milieu des sapins autour du camp comme ils l’avaient imaginé, ils avaient prévu trop court et il leur manquait environ six mètres. Mais heureusement, ils étaient à une dizaine de mètres derrière un des postes de garde. Et le poste de garde était là avec un garde à l’intérieur, évidemment, avec un projecteur, mais il le braquait vers l’intérieur du camp. Alors ce n’était pas vraiment un problème.
Mais les allemands avaient aussi des gardes à pied qui surveillaient les barbelés extérieurs, situés autour des barbelés principaux autour du camp. Et ils faisaient les cents pas alentour avec leur fusils, en permanence. Alors ils ont mis en place un système une corde, ils avaient une corde dans le camp qu’un des hommes tenait et puis l’un d’entre eux sortait du tunnel et allait dans les bois et quand les gardes avaient tourné les talons ils s’éloignaient donc ils ne pouvaient pas voir, il tirait sur la corde et un ou deux hommes dans le tunnel sautaient dehors et allaient dans les bois. De cette manière, ils ont réussi à faire sortir 76 hommes.
Mais pendant la nuit, il y a eu un raid aérien, un raid sur Berlin. Et chaque fois qu’il y avait un raid aérien toutes les lampes étaient éteintes. Alors les lumières dans le tunnel se sont éteintes et tout s’est arrêté pendant une heure ou une heure et demie, pendant toute la durée du raid, et ils n’ont pas fait sortir qui que ce soit. Et puis ils ont eu deux effondrements dans le tunnel quand les gens qui traversaient ont heurté les planches de soutien dans le tunnel et ils ont eu des effondrements. Donc il a fallu qu’ils soient réparés. Alors ces différents petits imprévus avaient ralenti un peu les choses.
Bon, je me souviens de cette nuit-là. J’étais allongé sur mon lit et je ne pense pas avoir beaucoup dormi parce que je savais que l’évasion par le tunnel était en train d’avoir lieu et je me demandais comment ça allaient se passer. Bon, pour sûr, aux alentours de 5 heures du matin je crois, j’ai entendu un coup de fusil, un seul. Et j’ai dit, c’est sûrement ça. Bon, c’était bien ça. Un des gardes avait, je crois qu’il était de garde autour du camp et puis il s’est détourné de sa ronde et s’est dirigé vers le tunnel, pour aller pisser, vous voyez. Et il a failli tomber dans le trou, il était tellement près. Et juste à ce moment-là, les gars s’étaient mélangés dans les signaux et il y en avait qui avait tiré sur la corde dans les bois et l’autre à l’intérieur du tunnel avait compris que c’était le moment pour lui de sortir du trou et il a surgi hors du tunnel juste devant ce garde et le garde, évidemment, je suppose qu’il a dû avoir un choc, alors il a brusquement pris son fusil et a tiré un coup. Mais il a manqué l’homme et c’était, dès lors, c’était cuit pour le tunnel.
Sur les 76 il y en a 50 qui ont été tués et ils ont été tout simplement assassinés. Je veux dire, ils les ont emmenés dehors par petits groupes et leur ont juste tiré une balle derrière la tête. C’est comme ça que ça s’est passé. Les allemands n’ont pas reconnu ça, ils ont juste dit qu’ils avaient été tués en s’évadant. Et bien-sûr, notre commandant, quand on lui a dit ça a demandé : « Bon combien d’entre eux ont été blessés ? » « Et bien, » ont répondu les allemands « Et bien, aucun, ils ont tous été tués. » Bon, je veux dire, c’était clair qu’ils avaient été assassinés. Tout le camp a su immédiatement qu’ils avaient tous été assassinés et on a tous porté un brassard noir pendant plusieurs semaines après ça pour montrer aux allemands qu’on savait ce qui s’était passé.
Alors ça a été un moment difficile dans le camp parce que tellement de gens avaient perdu des amis parmi ces 50 gars qui s’étaient évadés, nombre d’entre eux étaient prisonniers depuis trois ou quatre ans et, tout à coup, voilà leurs vies effacées, boom, juste comme ça. Ca a été un moment très dur dans le camp.