Project Mémoire

Albert Schondelmeier (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Albert Schondelmeier a servi dans l'armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Veuillez lire et écouter le témoignage d'Albert Schondelmeier en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


L'Institut Dominion-Historica
L'Institut Dominion-Historica
Albert Schondelmeier à Saskatoon, Saskatchewan, le 5 Juin 2010.
L'Institut Dominion-Historica
Ouais, quand on y repense, c’est vraiment idiot. Il suffit d’une poignée d’imbéciles pour lancer les hostilités, et des millions de gens sont tués. C’est totalement insensé.

Transcription

Ma mère est décédée deux semaines avant que je parte pour l’armée, alors on a déménagé l’ancienne maison dans celle de Jansen (Saskatchewan) et on l’a réparée et on a laissé mon père tout seul et moi j’étais prêt à partir de la maison. En fait, mon père se faisait vieux – j’aurais peut-être mieux fait de rester pour m’occuper de lui mais c’était l’aventure que je recherchais, donc j’avais été appelé sous les drapeaux mais c’était tout pareil, j’avais hâte de partir. J’ai été transféré dans le 31st Alberta Recce Regiment. Et on assurait la défense côtière je crois. On a fait beaucoup d’entraînement pour les combats de jungle, les combats amphibie, les combats de montagne. Et je suis parti outre-mer avec eux et suis arrivé en Angleterre le 1er février je crois que c’était. Ouais le 1er février 1945. Alors j’ai passé deux mois en Angleterre et puis on nous a envoyés en Hollande et le 31ème Recce a été dispersé et on m’a transféré dans le PLDG, le Princess Louise Dragoon Guardset j’ai passé un mois en Hollande avant que la guerre se termine. Et je me suis engagé dans l’armée d’occupation et j’ai passé un peu plus d’une année en Allemagne. J’étais en Allemagne parce que je parlais allemand. Je m’entendais plutôt bien en fait, mais parfois ils me demandaient pourquoi, comme tu es allemand, comment ça se fait que tu combattes contre nous ? Et je répondais, on ne se bat pas contre vous personnellement, on se bat tout simplement, contre le gouvernement allemand, les nazis. Bon, ils comprenaient ça en quelque sorte. Ils aimaient bien les canadiens, ouais. Non, on ne nous traitait pas mal ou quoi que ce soit de ce genre par aucun d’entre eux autant que je puisse en juger. Peut-être dans d’autres parties de l’Allemagne, dans les grandes villes c’était peut-être différent mais là où on était, bon, c’était tout près de la Hollande où les gens étaient, je pense qu’ils étaient presque autant hollandais qu’ils étaient allemands. Bon, pour commencer, quand on est arrivés en Allemagne, on n’était même pas autorisés à leur parler jusqu’à, bon ça ne se passait pas trop bien. Ça n’a pas pris longtemps pour que les gars commencent à parler aux filles, alors ils ont arrêté ça, on pouvait parler à qui on voulait. Et bien, non en fait, les allemands, là où on était stationnés, ils n’étaient pas hostiles ou quoi que ce soit. Et je parie que la moitié des gars avait une petite amie, ouais. Et quelquefois je me marrais bien avec elles. Des filles se tenaient là et nous regardaient et elles parlaient de nous entre elles. Et puis je me mettais à parler en allemand, oh, oh ! Bon elles parlaient en vieil allemand, je ne comprenais même pas. Et alors les filles, elles faisaient : « Er kann Deutsch sprechen » (il parle allemand) ! Et on apportait des véhicules d’Allemagne – les véhicules de l’armée canadienne après la guerre – on les amenait à Anvers (Belgique), il y avait un grand parking là-bas. Alors c’est ce qu’on faisait une bonne partie du temps. J’avais mon permis de conduire ; j’essaye juste de me souvenir de comment on appelait ça, un permis permanent de conduite. Je conduisais une chenillette Bren la plupart du temps. En tout cas, on amenait tous ces camions à Anvers. Ils nous emmenaient à Bruxelles et on prenait l’avion pour rentrer en Allemagne et puis on s’occupait d’un autre convoi de véhicules. Bon, on se marrait bien. En Allemagne, les moutures de café et de thé que nos cuisiniers jetaient, les gens les récupéraient et le remportait chez eux pour faire du thé ou du café avec. Ouais. Parce qu’ils ne pouvaient pas en avoir. Il n’y avait rien de rien, dans le village où on était, il y avait un magasin mais les étagères étaient vides, il n’y avait rien là-bas. Mais c’était un tout petit endroit c’était un peu la campagne, alors ils partaient dans la campagne je suppose et grattaient tout ce qu’ils pouvaient. Mais non, il y avait beaucoup de gens affamés là-bas. Ouais. Et quand vous y repensez, tout ça c’est tellement bête, ça ne prend que quelques personnes pour commencer un truc comme ça et puis il y en a des millions qui doivent mourir. C’est fou, quand on y pense.