Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je me suis enrôlé en 1942. Nous avons suivi toute notre formation à Shamrock Field (caserne à St. John’s) avant de partir outre-mer. Nous faisions partie d'un convoi. Nous devions avoir un convoi pour nous protéger. Lorsque nous traversions l'Atlantique en direction de l’Angleterre, les troupes étaient au milieu et les navires du convoi autour de nous. Le 59e (Newfoundland) Heavy Regiment, Royal Artillery, était appelé le régiment lourd de campagne, utilisant des canons lourds et des canons de 25 livres (canons de campagne), des obus de 200 livres et des obus de 155. Trois types d'obus différents. Tous des Terre-Neuviens, oui. (Le maréchal Bernard) Montgomery a dit que s'il avait un régiment de Terre-Neuviens, il affronterait le monde entier. Les Terre-Neuviens sont des durs à cuire (ils sont têtus). Ils se foutent de tout. Ils couraient partout... Je ne pense pas qu'ils aient même pensé qu’ils pourraient se faire tuer. Ils voulaient juste gagner la guerre, je pense. Oui, Montgomery a dit que s'il avait un régiment de Terre-Neuviens, il affronterait le monde entier. Nous avions des mitrailleuses lourdes qui tiraient au-dessus des troupes à l'avant, pour leur ouvrir la voie. Avec des 7.2 (obusier: pièce d'artillerie lourde à canon court) et des 155, des obus de 200 livres et des obus de 155 livres. Ils tiraient au-dessus de l'infanterie pour lui ouvrir la voie. Les obus de 25 livres pouvaient détruire les chars d'assaut; et ils détruisaient leurs chars d’assaut. Nous avons fait tomber leurs patins et les hélices, les patins qui les font avancer. Nous avons fait tomber les chenilles de leurs chars. C'est ce pour quoi j'utilisais le canon de 25 livres. J'ai beaucoup tiré avec ce canon de 25 livres et j'ai tué beaucoup de gens, c'est choquant à dire, mais je suppose que c'était comme ça, tuer ou être tué, c'est comme ça que ça se passait. On y repense beaucoup par après, d’avoir tiré sur des gens comme ça. Mais c'est ainsi que les choses devaient se passer. Ils nous tiraient dessus, oui. Oui, mais ils n'ont jamais eu l'occasion de riposter parce que nous étions là, à les éloigner de nous; et nous leur mettions plus de pression qu'ils n'en mettaient à notre égard. C'est pourquoi nous avons gagné la guerre, je suppose (rires). Lorsque nous étions en Allemagne, nous sommes partis en permission et nous avons eu l'impression que tout était fini, parce que nous étions positionnés pour gagner la guerre à ce moment-là. Et quand nous étions en Allemagne, nous étions détendus. Nous avons trouvé une solution.