Project Mémoire

Cyril H. Roach (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Cyril Roach est né à Londres, en Angleterre. Un ancien combattant de la Marine royale de la Deuxième Guerre mondiale, il était officier mécanicien sur un navire de débarquement, char (LST) qui a livré des troupes et du matériel alliés sur les plages de Normandie le jour J, le 6 juin 1944. M. Roach est membre du Bureau des Orateurs du Projet Mémoire.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Cyril Roach
Cyril Roach
Groupe en marche en 1944. Cyril Roach est le 3ème sur la droite dans le 2nd rang.
Cyril Roach
Cyril Roach
Cyril Roach
Cyril Roach à Gibraltar en 1946.
Cyril Roach
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Navire sur la Plage de l'Épée en Normandie, navire LST, le jour de la victoire en juin 1944.
Cyril Roach
Cyril Roach
Cyril Roach
Survivants de la réunion de la Résistance hollandaise, 50ème anniversaire, aux Pays-Bas, 2005.
Cyril Roach
Cyril Roach
Cyril Roach
En prenant troupes en haut de la rivière à Paknam près de Bangkok, Thaïlande.
Cyril Roach
Je vais être très honnête avec vous, au moment où nous avons débarqué, j’ai pensé : qui est la mère dont le fils va mourir aujourd’hui ?

Transcription

Je m’appelle Cyril Roach et je suis né le 21 octobre 1924. J’ai suivi l’entraînement militaire suis devenu officier mécanicien à bord d’un LST (bâtiment de débarquement de chars), qui était un bâtiment à deux ponts. Qui était utilisé à l’époque du débarquement en France. Le 5 juin, on devait partir de Portsmouth, avec des troupes. On a débarqué sur les trois plages, qui à l’époque étaient considérées comme faisant partie de la zone britannique.

Le jour J nous sommes arrivés en France, après avoir quitté l’île de Wight pendant la nuit du 5 juin aux environs de 11 heures du soir. Nous sommes arrivés au large du Havre, qui était dans le secteur des environs de Ouistreham. C’était bien-sûr le lieu de débarquement des troupes qui avaient pour objectif la ville de Caen. Pour le débarquement, le navire avait jeté l’ancre à 800 mètres du rivage et ensuite on a foncé vers les plages pour débarquer les troupes ainsi que le matériel léger, dont une parie devait servir à la 6ème division aéroportée ainsi qu’à d’autres contingents de l’armée.

Pendant ce temps on se faisait pilonner depuis la haute corniche au dessus du Havre et il y avait plein de bateaux dans la mer, à perte de vue. Et aussi des milliers d’avions au dessus de nos têtes : des bombardiers, des avions de combat ; et il y avait beaucoup de ces planeurs qui étaient lancés par remorquage, pour aider au débarquement des troupes au sol.

Cependant, à ce moment là, peu après notre arrivée, on a commencé à décharger et trois Messerschmidts se sont mis à mitrailler les plages. Malheureusement nous avons perdu beaucoup d’hommes. Moi aussi j’ai été blessé à ce moment là. Néanmoins j’ai survécu, je suis heureux de le préciser.

J’étais l’officier mécanicien à bord de ce bateau. J’étais un officier supérieur, commandant en second et bien-sûr, nous avions des gens pour alimenter les chaudières dans la salle des machines. Tous les gens de mon équipe était des canadiens originaires de l’ouest du Canada. Et ils ont tous fait un excellent travail, mais évidemment ce qui était le plus important à ce moment là c’était les moteurs diesels de 1500 CV qui faisaient marcher le bateau, avec un moteur à deux hélices. Et moi je devais m’assurer que tout soit opérationnel à 100%, nous les hommes, l’équipement, c’était ça ma responsabilité.

Je vais être très honnête avec vous, au moment où nous avons débarqué, j’ai pensé : qui est la mère dont le fils va mourir aujourd’hui ? Et je pensais pas seulement à nos propres gars mais à nos ennemis aussi. J’avais appris que les jeunesses hitlériennes faisaient leurs classes dans cette zone malheureusement et ces garçons avaient 14,15, 16 ans, juste des gamins. Ils n’ont jamais revu leur patrie. Malgré tout, je peux seulement en parler comme je l’ai vu. Et le temps était, l’action, un, je ne peux pas dire que j’avais peur. Je faisais mon boulot tout simplement. Et mes gars faisaient leur boulot. Et comme tout le reste, au moment de l’action on doit se concentrer sur ce qu’on est en train de faire et aussi s’assurer qu’on va survivre pour s’occuper des gars qu’on est allé chercher. Mais ce n’est pas un jour qu’on peut oublier. Je vous assure.