Francis Bathe (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Francis Bathe (source primaire)

« Nous avons capturé approximativement 3 500 soldats ce matin-là et j’estime qu’à peu près autant ont été tués ou blessés. Par ailleurs, je crois que les 1re et 2e Divisions se sont aussi bien débrouillées. Selon ce que j’ai entendu, ils étaient principalement des Bavarois en ce qu’ils étaient des combattants notables, mais nos gars étaient meilleurs. »

Pour le témoignage complet de M. Bathe, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Transcription

16 avril 1917

Chère May,

J’imagine que tu seras un peu surprise d’entendre que je suis de retour en Grande-Bretagne, mais on ne peut naturellement jamais savoir quand un de ces obus décidera se nous frôler d’un peu trop près, surtout sur la crête de Vimy, où nous étions lundi dernier. Il y a seulement un peu plus d’une semaine que j’ai été frappé. Bien sûr, nous sommes chanceux d’avoir de si bons Britanniques. Beaucoup d’entre eux ont cédé ce jour-là, mais mon dieu, nous avons fait fuir Fritzy. J’imagine que les journaux ont raconté toutes les nouvelles, et j’en suis venu à la conclusion qu’il est plus sécuritaire de les lire dans le Toronto Empire que d’être sur place, mais il n’y a pas eu de mauvais moment ce jour-là. Bien sûr, certains de nos hommes ont été tués, mais pas autant que ce à quoi on s’attendait, du moins je ne crois pas. La plupart d’entre eux pouvaient encore marcher, comme moi, avec des petites blessures. La mienne est un petit éclat d’obus qui a pénétré au niveau de l’omoplate et est ressorti par mon cou et a fait un petit trou, bien sûr, d’approximativement 1,5 pouce de long par 1 pouce de large, mais je ne peux pas m’imaginer pourquoi cela ne me fait pas plus mal. Je crois que cela prendra du temps avant que je puisse de nouveau porter un sac à dos, mais comme il s’agit d’une blessure au niveau de la chair, elle guérira peut-être rapidement et elle n’a eu pour effet que de raidir mon cou et cela me fait tenir la tête de côté, mais je m’en remettrai sans problème.

Te souviens-tu de Britton, qui a marié l’une des filles Mac lorsque tu étais à Oshawa? Et bien il a été tué et il a été déchiré en deux lorsqu’un obus HE l’a atteint en plein milieu, pauvre homme. Celui qui m’a touché en a tué deux et blessé 5 autres. Un des pauvres gars est tombé sur mes jambes et j’ai cru qu’il s’agissait de mon ami, mais je l’ai retourné. Il n’était pas mort, mais j’ai crié pour alerter les brancardiers et à ce moment-là il était mort. Ses deux jambes coupées aux hanches et le pauvre gars était mieux mort. Nous avons capturé approximativement 3 500 soldats ce matin-là et j’estime qu’à peu près autant ont été tués ou blessés. Par ailleurs, je crois que les 1re et 2e Divisions se sont aussi bien débrouillées. Selon ce que j’ai entendu, ils étaient principalement des Bavarois en ce qu’ils étaient des combattants notables, mais nos gars étaient meilleurs. Bien sûr, nos gars avaient une chose: un bon feu d’artillerie devant eux, mais ils ont dit qu’environ la moitié des victimes ont été causées par nos propres obus. Bien sûr, on ne peut pas s’attendre à autre chose quand ils se maintiennent à moins de 25 verges de notre barrage et quelques-uns des obus sont tombés un peu trop près, mais c’était merveilleux.

Selon les plans, il y avait 5 obus à balles et 5 obus HE aux côtés de douzaines de plus petits qui tombaient n’importe où à chaque 18 pieds. Nous avons été chanceux de ne pas devoir monter au sommet, mais nous étions là en guise de soutien et en réserve. Nous avons laissé nos petits terriers dans le bois de Saint-Éloi à 8 h et sommes montés pour consolider les tranchées et creuser une communication entre notre ligne du front et celle de fritzy. C’est à ce moment que j’ai été frappé, et mon dieu, certains des hommes étaient contents d’être frappés et de revenir, mais tu serais surprise de voir l’excellent état d’esprit dans lequel nos hommes se trouvaient ce soir-là. Ils avaient une dure tâche, mais c’est un fait connu que les Canadiens sont ceux qui accomplissent généralement les tâches ardues mieux que quiconque et sont généralement les premiers à se retrouver dans les endroits difficiles.

Les Français ont perdu 80 000 hommes en capturant Vimy avant de la passer aux mains des Impériaux et ils ont fait demi-tour et l’ont perdu, alors tu peux t’imaginer quel genre d’endroit c’était. Tu vois, c’est une crête et ceux qui détiennent le sommet de la crête peuvent regarder en bas sur plus de 12 milles de territoire allemand et maintenant ils vont en faire sortir le diable. Tu vois s’ils ne pouvaient pas le faire sortir de la crête, car si tu regardes sur une carte, ils étaient presque dans une impasse, mais ils l’ont pris et maintenant Fritzy devra aller se promener. Les journaux racontent très bien l’événement. Je n’ai vu qu’un correspondant dans les alentours et il est sorti d’une cachette d’à peu près 25 ou 30 pieds de profondeur. Mon dieu, les Allemands avaient des tunnels et des cachettes et des caves à d’approximativement 60 à 75 pieds de profondeur et dans la plupart d’entre eux il y avait de l’éclairage électrique, alors ils croyaient qu’ils n’auraient pas à bouger pour un certain temps, mais leur bail a expiré le lundi de Pâques et il a définitivement laissé le paiement du loyer sur le manteau de la cheminée et s’est poussé. On pouvait voir des bataillons entiers passer au travers d’un village et ils ont utilisé les lance-flammes contre eux et les pauvres mortels n’ont pas aimé se faire servir leur propre médecine, qu’ils avaient fait avaler à nos hommes il y a une ou deux années lorsqu’ils nous avaient battus, mais maintenant nous leur rendons le tout, avec intérêts et s’ils n’étaient pas poussés à le faire, ils ne feraient pas beaucoup de grattage, mais bien sûr certains d’entre eux se battront et cela prendra des mois pour se terminer, mais ce sera bien fait cet été.

Eh bien, je t’écrirai encore. Nous sommes dans Yorkshire, comme tu peux voir avec l’adresse. Au revoir.

Ton frère, Frank.

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