En 2003, le Projet Mémoire a interviewé Howard Cameron, un ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement (et la transcription) qui suit est un extrait de cette entrevue. Howard Cameron s’est enrôlé dans l’Artillerie royale canadienne (voir Armée canadienne) en septembre 1939, dans sa ville natale de Sarnia, en Ontario. Il est parti outre-mer en juin 1940 et, après une formation en Angleterre, il est devenu lieutenant. En 1944, il s’est joint au 19 th Field Regiment qui était alors posté aux Pays-Bas. Dans ce témoignage, Howard Cameron décrit plusieurs anecdotes de son service aux Pays-Bas et en Allemagne, incluant les célébrations de son unité lorsqu’ils ont appris que la guerre était terminée. Après son retour d’Europe, Howard Cameron a étudié la médecine à l’Université Western et il est devenu chirurgien orthopédiste, devenant éventuellement chef du service d’orthopédie au St. Joseph’s Hospital, où il est resté pendant 25 ans. Howard Cameron est décédé à London en Ontario, le 4 septembre 2019.
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Transcription
Je m’appelle Howard Cameron. Je me suis enrôlé dans l’Artillerie royale canadienne en septembre 1939 et j’ai servi durant la Deuxième Guerre mondiale. Le pays était encore en pleine dépression et les emplois étaient difficiles à trouver. Il y avait une unité d’artillerie locale à Sarnia en Ontario, ma ville natale, et certains de mes amis avaient fait partie de la milice et étaient devenus actifs, et j’ai pensé que j’aimerais être avec eux. Mais je pense que, comme beaucoup de jeunes hommes à la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine, la véritable raison pour laquelle nous nous sommes enrôlés était parce que nous estimions que c’était notre devoir. Notre unité est partie outre-mer en juin 1940 et nous avons été initiés aux pannes de courant, aux raids aériens, aux sirènes de raid aérien, etc. J’ai fréquenté une unité de formation d’élèves officiers britanniques et j’ai été commissionné lieutenant dans l’artillerie. Je me suis finalement retrouvé sur le théâtre des opérations après cinq années de service au sein du 19 th Field Regiment de l’Artillerie royale canadienne posté à cette époque en Hollande. Nous avons passé un hiver très calme en Hollande, mais je me souviens que le jour de Noël 1944, le drone d’un escadron d’avions volait à basse altitude, et il a survolé notre petite ville et a mitraillé l’aéroport de Breda. C’était en quelque sorte… ce n’était pas vraiment un « cricket » parce qu’un engagement d’honneur avait été conclu voulant que les hostilités cessent le jour de Noël. En traversant la Hochwald Forest, les choses ont avancé assez rapidement. Les routes étaient en très mauvais état et nous manquions de munitions. Lorsque nous sommes sortis du bois, un petit caporal anglais est apparu avec une carte à la main et a dit : « Monsieur, où souhaiteriez-vous que nous laissions les munitions? J’ai dit : « Mais comment diable es-tu arrivé ici? » et j’ai vu les 350 livres de munitions derrière lui. Il m’a dit avec désinvolture : « Vous savez ce que c’est, monsieur, il faut que quelqu’un le fasse. » Nous avons traversé le Rhin le dimanche de Pâques 1945. Une ville du nom de Clèves, de l’autre côté du Rhin, avait été mitraillée et bombardée, et elle n’était plus qu’un amas de décombres. Nous nous sommes frayé un chemin à travers ces décombres et j’ai vu un petit carré d’herbe verte d’environ trois pieds carrés avec des jonquilles jaunes en pleine floraison. Et à ce jour, jamais je ne vois de jonquilles jaunes sans y penser. Nous nous sommes positionnés dans une ferme allemande. Je suis entré dans la ferme et la famille était toujours là. Il y avait un grand placard dans la cuisine et j’ai ouvert la porte et j’ai remarqué du vin sur les étagères. Je suis retourné à mon véhicule et un message est arrivé sur la radio qui disait que la guerre était pratiquement terminée, et que nous pouvions laisser tomber nos armes. Je suis retourné à la ferme, la famille était partie et le placard était maintenant fermé à clé. Je ne voulais pas tirer sur la serrure et je me suis souvenu qu’un des signaleurs m’avait dit auparavant que dans sa « vie de civil », il avait été cambrioleur. Je l’ai appelé et je lui ai demandé : « Peux-tu forcer cette serrure? » Il a répondu : « Facilement ». Et bientôt, les gars criaient et chantaient et la guerre était finie.