" En fait, vous êtes tellement occupé que vous n’avez même pas le temps d’avoir peur. Quelque soit le genre de problème auquel vous faites face, vous essayez de vous sortir de là, et dans ce cas précis, l’avion nous a rendu la tâche particulièrement facile."
Hugh Bartley a servi dans l'Aviation royale canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
Transcription
Hugh Bartley, retraité de l’Aviation Royale du Canada, et j’ai pris ma retraite avec le grade de colonel.
Il y a deux choses dont je me souviens vraiment bien. L’une d’elles bien-sûr c’est mon mariage ! Je me suis marié pendant la guerre avec ma Barbara, une mariée de guerre, qui est mon épouse depuis 64 ans. Et on a dû s’y reprendre à deux fois. La première fois, j’avais été porté disparu alors Barbara s’est vue dans l’obligation de renvoyer tous les cadeaux, d’annoncer que c’était annulé et ainsi de suite, et puis j’ai refait surface.
On volait dans des Mosquitos. On volait sous le feu des tirs de la DCA, c'est-à-dire la force de défense au sol. Euh, en plein au dessus. On pouvait voler à 30 000 pieds d’altitude si nécessaire. Et puis on était très rapides aussi, mais on n’avait pas d’armes. Rien. On ne comptait que sur la vitesse. Et à cette époque, la seule chose que les allemands avaient qui aurait pu nous éliminer était les quelques avions-fusées qu’ils faisaient patrouiller alentour. Mais bon, hum, ils ne pouvaient pas nous attraper de nuit. Alors notre plus grande crainte dans ce qu’on faisait, c’était la météo.
Nous nous sommes écrasés dans la nuit du 16 en Belgique, à cause du mauvais temps. On était pris dans l’orage, un violent orage. Notre appareil était un excellent avion mais il était en bois alors il est parti en morceaux. Ça s’est passé de nuit à 25 000 pieds d’altitude. En fait, vous êtes tellement occupé que vous n’avez même pas le temps d’avoir peur. Quelque soit le genre de problème auquel vous faites face, vous essayez de vous sortir de là, et dans ce cas précis, l’avion nous a rendu la tâche particulièrement facile. Malheureusement mon navigateur trouva la mort dans l’opération.
Et puis on est rentrés, et j’étais dans cette maison de convalescence, et puis j’avais pris contact avec ma, pris contact avec ma Barbara avant ça, et on a décidé d’une nouvelle date pour le mariage, le 10 décembre à Hull en Angleterre. Et euh on est allé jusqu’au bout cette fois. La chose dont je me souviens en particulier à propos de notre mariage c’est de remonter l’allée centrale, et j’avais une canne, et pas beaucoup de cheveux, et puis des coupures et des bleus, et je boitais, et mon témoin avait la tête emmaillotée de bandages, et il avait une canne et il boitait. Alors on pourrait dire que c’était un vrai mariage de guerre.
Quelquefois les gens ont le sentiment que, et bien, vous savez, aller bombarder tous ces endroits en Allemagne et autre, est-ce que ça valait vraiment le coup, vous savez ? Qu’est-ce qu’on bombardait de toutes façons ? Pourquoi est-ce qu’on bombardait les villes, vous savez ? Quand vous combattez à fond vous ne pouvez pas être trop… qu’est-ce que c’est le mot… vous ne pouvez pas trop faire la distinction. Et en plus de ça, si vous alliez dans une région comme la Ruhr en Allemagne, une région qui était très industrialisée, tuer les ouvriers ou détruire seulement l’usine, comment est-ce que vous séparez les deux, vous comprenez ? Comment est-ce que vous pouvez dire « bon, on va pas aller mitrailler cette usine car il y a des ouvriers qui travaillent », vous comprenez ? En plus de ça, on estimait dans bien des cas, tout comme la population britannique, qu’ils ne récoltaient que ce qu’ils avaient semé.
Et on était tous allés dans les quartiers est de Londres et dans d’autres endroits comme ça que les bombardements avaient réduits à néant, alors on n’avait pas trop d’états d’âmes sur la question.
Et les allemands ont bombardé Rotterdam et tant d’autres endroits, et sans le moindre scrupule.