Project Mémoire

John LaFrance (source primaire)

" Et un obus est arrivé là, on a dit, en voilà un qui n’est pas passé loin. Alors le caporal a demandé au caporal adjoint d’aller voir où il avait atterri. Et puis il est revenu en courant, et il a dit : « Bon, Maisonneuve c’était son nom. » Il a dit : « Maisonneuve ne le verra plus jamais. » Il a dit : « Il l’a eu. »"

Pour le témoignage complet de M. LaFrance, veuillez consulter en bas.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

La caserne disciplinaire britannique où John LaFrance a été affecté pendant trois mois en 1952 avant de rentrer au Canada.
La caserne disciplinaire britannique où John LaFrance a été affecté pendant trois mois en 1952 avant de rentrer au Canada.
Avec la permission de John LaFrance
John LaFrance, alors qu’il attendait le navire qui devait l’amener en Corée.
John LaFrance, alors qu’il attendait le navire qui devait l’amener en Corée.
Avec la permission de John LaFrance
John LaFrance à Hiro, au Japon, avant son départ en Corée.
John LaFrance à Hiro, au Japon, avant son départ en Corée.
Avec la permission de John LaFrance
John LaFrance (à gauche) et ses camarades dans le train allant de Québec à Vancouver en Colombie-Britannique, première étape de leur voyage en Corée.
John LaFrance (à gauche) et ses camarades dans le train allant de Québec à Vancouver en Colombie-Britannique, première étape de leur voyage en Corée.
Avec la permission de John LaFrance

Transcription

On était pile sur la frontière avec la Mandchourie, là-haut, tout là-haut près du 38eparallèle. Bon sang, ce qu’il faisait froid là-haut.

Une fois, on est partis dans un avant-poste. La lune brillait tellement, on se serait crus en plein jour. Alors le caporal a téléphoné à l’officier de peloton pour lui demander si on pouvait faire demi-tour. Il a répondu: «Attendez jusqu’à huit heures.» À huit heures, on nous a dit de retourner dans l’enceinte de nos lumières. Alors on est arrivés là-bas, on a armé nos fusils. Mais c’était impossible, la graisse était complètement gelée, et si on s’était fait attaquer, il aurait fallu utiliser les grenades. On n’arrivait même pas à armer la mitrailleuse Bren [fusil mitrailleur léger]. Tout était complètement gelé. Il faisait froid à ce point-là.

Bon, on était en train de creuser un grand abri enterré et le caporal de section a dit au soldat, on était tous les deux de simples soldats, il a dit: «Vous allez rester là pour nettoyer les magasins pour la mitrailleuse Bren.» Là, ils ont commencé leur bombardement. Et un obus est arrivé là, on a dit, en voilà un qui n’est pas passé loin. Alors le caporal a demandé au caporal adjoint d’aller voir où il avait atterri. Et puis il est revenu en courant, et il a dit: «Bon, Maisonneuve c’était son nom.» Il a dit: «Maisonneuve ne le verra plus jamais.» Il a dit: «Il l’a eu.»

Alors on a sauté hors de l’abri. On est allé là-bas et on a vu. Sa tête était tranchée, le haut de sa tête avait explosé. Et son visage était tout retourné. Horrible vision. Mais on finit par s’y habituer.

L’autre fois, on était en patrouille. L’officier m’a dit: «On va partir en reconnaissance tous les deux», en plein jour. On était gelés, on marchait et il a dit: «Arrête-toi!» Il a ajouté: «On est dans un champ de mines, fais demi-tour et rebrousse chemin en marchant dans tes pas.» Ça nous a pris environ quatre heures. Mais on s’en est sortis.

Oui! On vivait comme des rats là-bas. Ils avaient un grand économat de base beige qui venait régulièrement sur le front. Et j’ai acheté un gâteau aux fruits secs, et dans le mur on avait des boites de munitions vides, celles des obus par exemple. Et ce gros gâteau, je l’ai rangé là, alors les gars sont venus pour manger un morceau de gâteau et prendre un café. Je suis entré, la moitié de mon gâteau avait été mangé, j’ai ouvert le couvercle et il y avait un rat dedans. Il avait mangé la moitié du gâteau. J’ai enlevé le morceau où le rat se trouvait et on a mangé le reste.