Project Mémoire

Michel Vincent (Source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Sur leurs épaules, en demi-cercle, nous pouvions lire « Canada ». Nos libérateurs, sentant notre peur, nous criaient en français: « N’ayez pas peur ». Les larmes aux yeux, nous avons ouvert nos volets et avons applaudi et remercié nos libérateurs.

Transcription

Je m’appelle Michel Vincent. Je suis né à Alger, en Algérie, en 1934, dans le temps où c’était un territoire français. Je me souviens, en 1942, de l’angoisse causée par les nuits de bombardements. Le matin du 7 novembre 1942, le bruit des armes s’était un peu apaisé, on pouvait entendre les bruits des mitrailleuses au loin; le port d’Alger était rempli de bateaux des Alliés et des soldats armés avec des casques plats montaient le long de la rue Lafayette, où ils habitaient. Heureux, mais quand même inquiets, nous nous cachions derrière les volets fermés, regardant dans la rue et les ouvrant de temps en temps pour regarder les premiers soldats. Sur leurs épaules, en demi-cercle, nous pouvions lire « Canada ». Nos libérateurs, sentant notre peur, nous criaient en français: « N’ayez pas peur ». Les larmes aux yeux, nous avons ouvert nos volets et avons applaudi et remercié nos libérateurs. Sachant que nous avions très peu de choses, ils nous ont donné des boîtes de rations militaires.

Ces soldats, avec les armées britanniques et américaines, nous ont redonné notre liberté. Ce souvenir, et mes remerciements éternels sont restés avec moi à ce jour. Lorsque mon temps est venu de servir pour mon pays, j’ai servi pour la France pendant quelques années dans une guerre douloureuse. J’ai choisi le Canada, où j’ai été chaleureusement accueilli en 1960. En guise de remerciements, et en tant que vétéran français, j’ai eu l’honneur de participer à plusieurs cérémonies du Souvenir avec d’autres vétérans français et de porter le drapeau canadien dans le Sud de la France. Les troupes canadiennes et américaines se sont regroupées dans une unité nommée «  La brigade du diable » qui, alliée avec l’Armée française libre venant de l’Afrique du Nord, a libéré plusieurs villes et territoires de la région en 1944. 

J’ai composé les poèmes suivants en guise de modeste témoignage afin de remercier, par ma présence, les amis courageux, les anciens combattants canadiens qui ont démontré leur valeur en faisant l’ultime sacrifice afin de nous libérer. Je vais lire les poèmes:  

Les soldats de la gloire
Ils étaient vêtus de courage
Leur cœur battait la liberté
Ils ont débarqué sur les plages
Dans la guerre précipités
Ils luttaient contre l’infernal
Leurs fusils serrés dans les mains
Leur destin faisant face aux balles
Dans un espoir de lendemain
De la bataille en Normandie
Ils sont allés jusqu’en Hollande
Ils débarquèrent en Italie
De la bravoure sur demande
Pour le 8 mai de la victoire
Parmi ces braves vétérans
Les Canadiens de la mémoire
Sont à leurs côtés défilant
Ils regardent vers la lumière
Leurs larmes sont sur leurs médailles
Elles avaient abreuvé la terre
À l’époque de ces batailles
Leur musée va ouvrir ses portes
Car nous leur devons cette histoire
En ce jour ce qui réconforte
C’est qu’ils soient ici dans la gloire.

Ce poème a été écrit par Michel J.F. Vincent le 8 mai 2005. Je vous remercie, et j’espère que tous les Canadiens et leurs enfants peuvent rendre rendre hommage à la mémoire de ces courageux soldats qui sont mors afin d’offrir la liberté à notre monde. Merci. 

Un autre poème de  Michel Vincent:

DIX-HUIT JUIN 1940

Maginot contournée, les défenses enfoncées,
Les blindés ennemis déferlaient sur la France. . .
Sous le feu de l’enfer, nos forces dépassées,
Reculaient vers le sud enchaînées de souffrance. . .

L’appel du dix-huit juin vint redonner l’espoir;
L’hymne national fut chanté sur les ondes. . .
Quand la population refusa la nuit noire;
Les forces françaises s’organisèrent à Londres. . .

Partisans de courage et résistants de gloire,
Sur le sol de France aux heures les plus tragiques,
Au long de la guerre resteront dans l’histoire;
Au côté des Alliés et des soldats d’Afrique. . .

Quand le drapeau français flotta dans le ciel bleu
A côté de tous ceux de nos pays Alliés;
De nombreux combattants avaient les larmes aux yeux,
En silence pour ceux qu’ils n’ont pas oubliés. . .

Michel J.F. Vincent
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