« Je n’ai jamais tiré un coup de feu en colère de tout mon temps là-bas parce que nous étions essentiellement derrière les lignes et nous ne faisions que réparer les choses. »
Pour le témoignage complet de M. Mintz, veuillez consulter en bas.
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Transcription
Nous l’avons entendu lors de la fin de semaine, dans nos casernes, que le Canada embarquait dans tout ça. Comme je l’ai dit auparavant, je crois que j’aurais eu de la difficulté à situer la Corée sur une carte. Je suis pas mal certain que j’en avais entendu parler, mais je ne savais pas beaucoup au sujet de ce pays. Peu importe, cinq d’entre nous qui étions dans la caserne, vous savez, on cherchait à s’amuser, si on peut appeler cela s’amuser. Peu importe, nous sommes allés le lundi matin au bureau de l’administration pour dire que nous désirions nous porter volontaires et être attachés au groupe qui devait être envoyé en Corée. Ils ont dit : « Oh, non non non ». Il a dit : « Ils ne veulent pas réduire l’armée régulière et il y a toutes sortes de vétérans de la Seconde Guerre mondiale, ils n’auront pas besoin d’autant de formation donc nous allons créer une force spéciale pour aller en Corée avec ces vétérans. Donc retournez faire ce que vous faisiez. »
Mais ça n’a pas pris plus d’une semaine pour qu’un autre gars et moi, il était aussi un armurier, et il n’y avait pas de si ou de peut-être à ce moment-là. Ils ont simplement dit « Et bien, nous ne pouvons pas trouver d’armuriers qui sont disponibles, alors nous allons vous prêter à la force spéciale (de l’armée canadienne) »
Les « Reemee » étant – c’est constitué de plusieurs métiers différents, mais les « Reemee » réparaient les choses. Ingénieurs mécaniques et électrique, c’est ce que voulait dire l’abréviation EME. Donc nous ne nous sommes pas battus. Je n’ai jamais tiré un coup de feu en colère de tout mon temps là-bas parce que nous étions essentiellement derrière les lignes et nous ne faisions que réparer les choses. Et les gens qui se battaient pour vrai avaient leurs propres armuriers pour réparer leurs armes. Et mon travail était avec le quartier général de la brigade, pour réparer les petites armes de tous ceux qui n’étaient pas en train de les utiliser pour se battre. Dans une zone de guerre, tout le monde a une arme personnelle. Et si ta vie en dépend, comme dans l’infanterie, tu t’assures de le garder en bon état. Mais les conducteurs et les cuisiniers et tous ces gens, ils doivent tous avoir une arme personnelle, mais les conducteurs avaient tendance à les mettre derrière le siège alors les armes dont je m’occupais étaient normalement dans un état terrible parce qu’ils n’étaient jamais utilisés ou nettoyés. Alors je me promenais dans tous ces différents endroits pour m’occuper des armes des conducteurs et du corps médical (Armée royale du Canada). Et si tu es dans une zone de guerre, tu dois avoir une arme personnelle.
L’idée était que je devais inspecter tous les fusils, tous les pistolets, en fait c’était surtout des fusils, mais il y avait des pistolets et des mitrailleuses et des choses comme ça. Et je devais m’occuper de ça une fois par mois je crois. Mais il y en avait tellement. Je travaillais avec le sergent Stewart mais il a dû retourner à la maison pour des raisons de santé et personne ne l’a officiellement remplacé. Donc j’allais à (la ville de) Séoul, par exemple, et devais être accompagné d’une personne pour m’aider parce qu’ils n’aimaient pas voir un homme y aller seul. Mais je faisais presque tout le travail car beaucoup de ces gars ne connaissaient rien des armes. J’ai toujours espéré être promu sergent, mais cela ne s’est jamais produit.
Il y avait des soldats qui étaient basés à Séoul. Le Corps royal de l'intendance de l'Armée canadienne, qui était composé de cuisiniers, de mécaniciens et de conducteurs de camions, et d’à peu près tout ce qui peut être fait sans impliquer de la bataille. Ils étaient basés à Séoul. Et ils n’avaient pas leur propre armurier parce qu’ils ne devaient presque jamais utiliser leurs armes. Mais ils en avaient toujours une. Donc j’y allais, et comme je disais, je, le reste des gens là-bas, qui peut-être ne pouvaient pas aller plus loin qu’à une centaine de verges du camp, étaient en compétition avec les autres. Je ne sais pas comment ils décidaient, mais je devais avoir quelqu’un d’autre avec moi et je crois que peut-être qu’ils lançaient un dé ou une pièce de monnaie pour savoir qui irait.
Je pourrais vous montrer quelques photos. Ça ressemblait à un dépotoir. C’était tellement en mauvais état, vous voyez, parce qu’après que les Chinois se soient embarqués dans l’histoire, ils ont, eux, toute l’armée nord-coréenne avec l’aide des Chinois, marché vers le sud et Séoul, essentiellement, a été le théâtre de batailles plusieurs fois parce que, quand la guerre a commencé, la Corée du Nord a envahi la Corée du Sud. Les Sud-coréens, avec l’aide de quelques Américains, les ont repoussés ou surtout des soldats américains et britanniques à l’époque. Et ils ont été repoussés à travers Séoul. Alors à ce moment Séoul a déjà été le théâtre de deux batailles lorsque les Chinois s’embarquent dans l’histoire et viennent au travers de Séoul encore une fois. Donc Séoul a vraiment été le lieu de trois ou quatre batailles et tout, les bâtiments et tout, avaient disparu. Je peux me rappeler de conduire sur l’une des rues principales qui a un moment avait déjà eu des tramways et je devais conduire dans le milieu de la rue à cause de tous les déchets qui traînaient et, vous savez, les tramways ont des trolleys aériens avec les choses et une fois je conduisais et quelque chose de gros a frappé le pare-brise, et c’était un gros morceau d’isolant, de la taille d’un cantaloup qui pendait des fils d’un de ces trolleys exactement à la hauteur de mon pare-brise. C’était un gros bordel.
Vers la fin de la guerre, je suis revenu en avril. Les pourparlers de paix étaient entamés et l’une des tâches du LAD était un énorme camion de remorquage et les deux gars qui devaient y aller étaient de bons amis à moi. Et la raison pour ce camion de remorquage, ils appelaient ça une panne à cause des tanks, était que si il se produisait quelque chose de mal avec eux, si ils étaient frappés par un obus, si c’était une perte totale ou même si ils pensaient que cela pouvait être réparé, les gars de panne y allaient, ces deux gars y allaient, et remorquaient ce gros tank avec cet énorme camion. Et parfois, simplement pour jeter un coup d’oeil au front, j’y allais avec eux.
Nous arrivions près du temps où les négociations de paix allait commencer alors personne ne voulait irriter l’ennemi et j’imagine qu’ils se sentaient de la même façon. Mais il y avait des moments, vous savez, et tu étais le long d’une crête ou quelque chose, et dans la vallée il y avait des fils barbelés partout avec des alarmes dessus et d’autres trucs comme ça. Je me rappelle d’une nuit que je passais près du front, où soudainement, tout s’est déchaîné, tout le monde croyait que l’ennemi attaquait et il y avait des fusées qui s’enflammaient, et plusieurs fusils ont été tirés dans la vallée et ce qui est finalement arrivé, nous l’avons réalisé au matin quand le soleil s’est levé, est qu’une vache s’était rendue dans cette zone et elle déclenchait toutes les alarmes et nous croyions que nous nous faisions envahir.
Lorsque nous sommes revenus à la maison, vous savez, nous n’étions pas considérés comme des vétérans de la guerre. Ils ne vous donnaient pas de crédit pour rien du tout. Lorsque j’enseignais, je me rappelle d’une chose qui est sortie et qui disait que si nous avions du temps de service militaire avec l’armée canadienne, fut un temps où il y avait plus de professeurs que nécessaire, et ils disaient que si tu avais fait du temps dans l’armée canadienne, en service actif, alors tu pouvais acheter ce temps comme si tu travaillais là et l’appliquer envers ta pension afin de prendre ta retraite plus tôt.
Alors j’ai amassé mes affaires et je les ai envoyées et j’ai reçu une lettre que j’ai encore en filière. Elle disait : « La guerre de Corée n’était pas une guerre, c’était une action policière. Le Canada n’a jamais déclaré la guerre à la Corée ». Alors ils m’ont refusé. J’ai appris qui m’avait écrit la lettre et je crois que ses oreilles ont brulé un peu parce que je lui ai vraiment vidé mon sac et j’ai dit que si ce n’était pas une guerre, il y avait eu énormément de Canadiens tués. Et j’ai dit qu'eux pensaient que c’était une guerre.