« S’il était Noir ou Français ou quoi que ce soit d’autre, et que vous l’aidiez à sortir de l’eau, vous ne vous arrêtiez pas en vous disant qu’il n’était pas des vôtres. Absolument pas. »
Pour le témoignage complet de M. Hope, veuillez consulter en bas.
Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.
« S’il était Noir ou Français ou quoi que ce soit d’autre, et que vous l’aidiez à sortir de l’eau, vous ne vous arrêtiez pas en vous disant qu’il n’était pas des vôtres. Absolument pas. »
Transcription
En premier je me suis engagé dans la marine marchande, c’était en 1944. Et ce qui s’est passé, je travaillais dans une raffinerie de sucre ici, et on avait pour habitude de monter à l’heure du déjeuner et de nous arrêter pour manger. Alors bon, la raffinerie était située juste là près du quai là-bas. C’était une grosse entreprise, grand bâtiment à côté du quai. Et les bateaux arrivaient
par là et s’amarraient. J’étais là-haut un jour, sur le toit, observant les bateaux qui arrivaient, et j’ai dit à l’un des gars qui étaient avec moi, je crois qu’il s’appelait Fred McIntyre, j’ai dit, Fred, vous savez, j’ai dit, je crois que je vais
aller essayer de m’engager sur l’un de ces bateaux pour voir le monde.
Mais sur le bateau quand je l’ai rejoint, on avait ce qu’il appelaient des DEMS [navire de commerce doté d’un équipement défensif] . On avait un canon de 12 livres à l’arrière du bateau et un 9 livres sur l’avant. Et ces DEMS, on avait des canons Oerlikon
et des mitrailleuses M2. Et ils étaient là pour protéger notre bateau. Or, notre bateau transportait aussi à ce moment-là, il transportait des pare-torpilles, qu’on sortait quand on sortait en mer pendant qu’on naviguait, on mettaient ces filets en
place, on faisait virer le bateau avec les filets dessus et, et c’était pour les protéger au cas où les allemands ou les japonais, qui que ce soit qui nous lance une torpille dessus, d’un sous-marin, ça n’aidait pas parce la personne ça ferait juste
exploser le filet et ça passerait à travers pour rentrer. Mais ça vous donnait quand-même une impression de sécurité en quelque sorte. Vous dites, oh bon, vous savez.
Mais, en tout cas, on est allé du Cap [Afrique du Sud] , en passant 30 jours en mer, on est allés du Cap à East London. Et de East London à Port Elizabeth. De Port Elizabeth à Durban. On est monté là-haut, et on a déchargé la cargaison, des chars,
des camions, des munitions, en veux-tu en voilà, de tout. Et quelquefois on devait aller au travail et enchaîner la cargaison en bas sur le pont ; et on avait des bidons de pétrole, d’essence, et tout. Ca vous donne une idée c’est avec ça qu’on a
faisait la traversée.
C’est juste comme Churchill disait. S’ils avaient pu arrêter les navires marchands, l’Allemagne aurait sans doute gagner la guerre, il disait. Et c’est vrai. Parce qu’on apportait les munitions, la nourriture et tout le reste. Et vous savez, et pas
seulement ça, mais on a ravitaillé la Russie en nourriture et autres sur notre Route de Mourmansk, en remontant vers la Russie. Vous savez, c’est ce que je dis. Si vous, c’était notre seule faiblesse. Si vous aviez pu arrêter les navires marchands
qui allaient en Angleterre, ils auraient gagné la guerre.
Je me souviens, j’étais à Liverpool et les gars de couleur de l’armée américaine étaient là-bas et dans toute leur armée, il y avait de la discrimination raciale. Et ça a continué jusqu’à ce que j’arrive au Labrador ici en 1951, je crois. C’est comme une question qu’un gars m’a posé une fois quand j’étais au congrès là-bas. Et vous savez, un de leurs politiciens, je ne me souviens plus de qui c’était aujourd’hui. J’ai parlé avec beaucoup d’entre eux. Ils disaient, dis-moi ceci, est-ce qu’il y a jamais eu de la discrimination dans la marine marchande ? J’ai répondu, je vais vous dire quoi, quand vous êtes sur un bateau personne regarde la, ils ne regardent pas la couleur de votre peau, ils ne regardent pas ça. C’est la même chose que ça. Quand un bateau se faisait torpiller et vous êtes sur un radeau de sauvetage ou sur un bateau, et que le gars qui devait monter était noir, ou français ou quoi que ce soit, et vous vous penchez pour l’aider à sortir de l’eau, vous ne lui dites pas, oh, je ne vais pas le repêcher celui-là, ce n’est pas l’un des nôtres. Non, on ne faisait pas de distinction. On était un groupe de gens qui se serrait les coudes. Et c’est comme ça que c’est resté pendant toute la guerre. Et c’est ça que j’aimais bien. Il n’y avait aucune discrimination.
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