Roy Stables Halford (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Roy Stables Halford (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Roy Halford a servi dans le 1er bataillon du régiment royal Berkshire pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Roy Halford
Roy Halford
Menu du dîner de Noël 1946, commémorant la dissolution du 1er bataillon du régiment royal Berkshire, Hildesheim, Allemagne. Les signatures sont celles des hommes du peloton de mortier, compagnie S.
Roy Halford
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Menu du dîner de Noël 1946, commémorant la dissolution du 1er bataillon du régiment royal Berkshire, Hildesheim, Allemagne. Les signatures sont celles des hommes du peloton de mortier, compagnie S.
Roy Halford
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États de service militaire de Roy Halford.
Roy Halford
« En traversant l’Allemagne, j’étais sidéré de voir à quel point les villes étaient dévastées. Sur des kilomètres et des kilomètres, on voyait rarement deux briques tenir ensemble. »

Transcription

Ça a été le plus grand événement historique de notre époque, il n’y a pas de doute là dessus. Et il n’y aura sans doute jamais plus quelque chose d’équivalent. Quand vous vous penchez sur le jour J, ça a été la plus grande flotte aérienne de l’histoire de l’humanité. Faisant la traversée pour aller en Normandie. Et même si je ne l’ai pas vue, à l’exception de, comme je l’ai dit, des avions qui remorquaient les planeurs, ça a dû être une sacrée vision, combien d’avions, 5000, 10 000 avions traversant la Manche. Dans les premières heures du 6 juin, j’étais en service et j’ai entendu les grondements des avions qui traversaient. J’ai regardé dans le ciel et il y avait des douzaines d’avions remorquant des planeurs. Alors il était évident que le jour J avait commencé. J’ai été transféré de la formation de base, le corps général du service, au Sherwood Foresters, qui était le régiment d’infanterie local. Pour une raison ou pour une autre, une partie d’entre nous a été séparée du reste et on ne nous a pas envoyés là-bas. On nous a envoyés dans le sud de l’Angleterre, ce qui nous a donné un moment de répit parce que le temps était bien meilleur là-bas. Et on a commencé l’entraînement pour l’Extrême-Orient. C’était en mai 1945, et la guerre en Europe s’est terminée. Alors on a pensé qu’on allait être envoyés en Extrême-Orient juste après ça parce qu’il y avait un certains nombre de troupes qui venaient d’Allemagne et qui ont commencé à s’entraîner avec nous. Après s’être pas mal déplacées, elles se sont finalement retrouvées à Douvres ; la guerre en Extrême-Orient s’est terminée. Et c’était tout. Après quelques temps, ils nous ont envoyés en Allemagne pour devenir l’armée d’occupation. Quand a traversé l’Allemagne je ne me suis pas rendu compte à quel point les villes étaient sinistrées. Le long des villes, on pouvait voir à des milles à la ronde sans presque jamais voir deux briques l’une sur l’autre, la dévastation était tellement grande. Et en chemin, avant d’arriver en Allemagne, on a traversé Arnhem en train ; et les champs autour d’Arnhem étaient encore pleins d’épaves de planeurs qui avaient atterri là en catastrophe. On a été transférés dans le Dorsetshire Regiment qui était le premier bataillon du Dorsetshire Regiment et une chose qui m’a surpris, c’est à quel point ce régiment avait été décimé et le nombre de gars avaient été faits prisonniers. Et puis après coup j’ai découvert que pendant la bataille d’Arnhem, quand ils ont commencé à ramener les troupes de parachutistes de l’autre côté du Rhin, le Dorsetshire Regiment avait été envoyé comme arrière garde. Et je ne crois pas qu’il y ait eu le moindre arrangement pris pour les ramener de l’autre côté du Rhin, c’est comme ça qu’il y avait eu une telle quantité d’entre eux qui avaient été faits prisonniers. Et je suppose que les pertes en vie humaine avaient été très lourdes également. Quand j’ai été déchargé de mes obligations militaires et que je suis rentré en Angleterre, presque tout le monde, évidemment, avait servi, mais personne ne semblait vouloir en parler. Ils voulaient tout simplement retourner à la vie civile, retourner au travail et tout oublier. Et il semblerait que ça a pris de nombreuses années avant que quiconque ait bien voulu parler de son expérience. Je me souviens d’un incident, un ami avec qui j’étais allé à l’école, je sais qu’il a servi en Italie avec l’armée britannique, il n’a jamais fait la moindre allusion à ça. Or, on jouait dans la même équipe de foot. Une équipe amateur. Et je me rappelle me tenir juste à côté de lui dans le vestiaire un jour, il se changeait pour se mettre en tenue, il a enlevé sa chemise et il devait bien y avoir une douzaine de blessures dans son dos, de balles, d’éclats d’obus et autres. Il n’avait jamais évoqué ça. Je n’en ai jamais parlé. Je suppose que c’était comme ça.