Article

Multimédias

Multimédias. Catégorie d'oeuvres qui, en plus de la musique, incorporent un ou plusieurs autres modes d'expression comme la parole, le mouvement, le film, les effets de lumière, la sculpture et la danse.
Catégorie d'oeuvres qui, en plus de la musique, incorporent un ou plusieurs autres modes d'expression comme la parole, le mouvement, le film, les effets de lumière, la sculpture et la danse. L'idée d'une « oeuvre d'art total », promulguée dans les drames musicaux de Wagner, se transforma sous l'influence du climat antiromantique du XXe siècle. L'Histoire du soldat et Oedipus Rex de Stravinsky, qui utilisent à dessein de saisissantes juxtapositions de chant, de narration et de mime regroupées dans une sorte de polyphonie scénique, sont en effet bien éloignées de l'euphonie monolithique d'un opéra de Wagner. Le but fondamental des deux compositeurs, soit « l'intensification par le mélange », était pourtant le même et, dans un certain sens, toutes les oeuvres musicales mises en scène, y compris l'opéra, appartiennent aux multimédias. Cet article mettra toutefois l'accent sur les oeuvres qui incorporent des éléments extramusicaux inusités plutôt que ceux qui sont acceptés par la tradition.

Trouvant ses racines dans les rafraîchissantes mais bizarres innovations du surréalisme et du dadaïsme (1910-20, Breton, Apollinaire, Duchamp, etc.), le multimédias s'imposa au théâtre, dans la musique, au cinéma et dans les arts visuels après la Deuxième Guerre mondiale. Quand cette tendance devint un mouvement, John Cage s'affirma son premier protagoniste d'ordre musical et ses « happenings » influencèrent à la fois des compositeurs et d'autres artistes créateurs.

Au Canada, Norman McLaren réalisa des expériences avec le film sonore à la fin des années 1940. Utilisant des encres colorées, il fut le premier à dessiner directement sur le film et sur la bande sonore optique afin de fondre son et lumière en une seule entité. Mais il s'agissait là d'essais purement cinématographiques effectués pour la plupart sur des images et des sons peu complexes. Parmi les oeuvres plus sophistiquées et orientées vers la musique, Structures métalliques I, II et III de Mercure (1961-62) furent des essais de pionnier, mêlant aux sons réels traités électroniquement des sons produits en frappant des sculptures métalliques disposées sur la scène. D'autres mélanges de médias furent réalisés dans les collages radiophoniques Wednesday's Child (1962) et Canada Dash - Canada Dot (1965-67) de Beckwith, Illuminations I et II (1965, 1969) de Joachim, Improvisation (1968) de Somers, Orphée (1969) de Charpentier, Around the Stage in 25 Minutes during which a Number of Instruments Are Struck (1970) de Weinzweig, Mankind (1972) de Joachim, Oralléluiants (1975) de Tremblay, Tangents I et II (1975-76) de Cherney et Moll, opéra-lilliput pour six roches molles (1976) de Deschênes. Ces exemples utilisent des éléments de théàtre (dans des oeuvres qui seraient autrement des oeuvres de concert) ou des effets produits mécaniquement ou technologiquement, ou encore - dans le cas de Mankind - des diapositives, de l'encens, quatre synthétiseurs et quatre lecteurs (des prêtres appartenant à quatre grandes religions), en plus d'un piano, de timbales et d'un orgue. Un petit nombre seulement d'entre elles peuvent être considérées comme des oeuvres multimédias intégrales, mais elles représentent la réaction substantielle, bien que conservatrice, des compositeurs canadiens aux possibilités du multimédias. Le protagoniste le plus audacieux du multimédias au Canada est probablement Udo Kasemets qui, au début des années 1960, imagina des oeuvres improvisées pour diverses combinaisons d'exécutants (chanteurs, instrumentistes et/ou danseurs). Kasemets fut le dir. de plusieurs séries de concerts à Toronto, dont l'apogée fut le « théâtre synergétique » à l'Isaacs Gallery où eurent lieu des « happenings » de 24 heures et plus au milieu des années 1960. Il donna des cours de musique et multimédias à l'Ontario College of Art (1970-87).

D'autres oeuvres canadiennes des années 1960 et 1970 incorporaient les techniques du multimédias, par exemple Music Bockxd pour trois comédiens-danseurs et sept boîtes à musique de John Fodi (1969); la sculpture sonore Tennessee-Buffalo Run de Don Druick (1971); Living Space pour deux danseurs, lumières et bande à quatre pistes de Clifford Ford (1973); et Guide pour cinq exécutants - voix, flûte, clarinette, piano et mime - de Michel Gonneville (1976), lequel cherche à unifier cinq oeuvres de différentes époques.

Vers les années 1970, de moins en moins de partisans du multimédias étaient en mesure (financièrement parlant) de bâtir de telles oeuvres. R. Murray Schafer constitue une remarquable exception. Il produisit entre autres Apocalypsis et plusieurs oeuvres de la série Patria.

Dans les années 1980 et au début de la décennie suivante, les créateurs produisirent de plus en plus, sans doute parce que les diverses technologies (caméras et lecteurs vidéo, ordinateurs) permettant de générer de la musique ou de la synchroniser avec la projection de diapositives, ou encore de moduler la luminosité, virent leur qualité augmenter et leur coût baisser. Les compositeurs actifs de cette période incluaient Kristi Allik, Marcelle Deschênes, Steven Gellman (sa Universe Symphony est écrite pour orchestre, synthétiseurs et effets de lumière), Jean Piché (Song of Late Summer, oeuvre pour choeur mixte et bande, commande de l'Expo 86 de Vancouver), Alain Thibault, Diana McIntosh et Henry Kucharzyk.