Pannell, Raymond
Raymond Pannell. Compositeur, pianiste, auteur (London, Ont., 25 janvier 1935). Fils d'un hautboïste de la musique du Royal Canadian Regiment, Pannell commença à jouer du piano à cinq ans et gagna une bourse à six ans, au Stratford Music Festival. Enfant prodige, il donna à treize ans des récitals en Ontario. En 1954, il partit à New York étudier à la Juilliard School, avec Edward Steuermann (piano), Bernard Wagenaar et Vittorio Giannini (composition). De retour au Canada, il enseigna au RCMT (1959-63). Il continua de se produire activement, joua ses cinq Etudes pour piano lors de ses débuts à Carnegie Hall (25 janvier 1960) et participa au second Concours international Tchaïkovsky, à Moscou (1962). À partir du milieu des années 1960, il s'intéressa de plus en plus à l'opéra - en 1966, il dirigea un atelier au Festival de Stratford. Nommé metteur en scène adj. et compositeur résident de l'Atlanta Municipal Theater en 1968, il y dirigea l'exécution d'oeuvres telles que La Bohème. En 1969, il devint dir. du Youth Experimental Opera Workshop (YEOW, projet permettant à des jeunes de créer, concevoir, produire et filmer leurs propres oeuvres). S'inscrivant dans la campagne pour les droits civiques, ce programme controversé représenta les É.-U. lors de l'émission radio et télédiffusée dans le monde entier pour le 25e anniversaire de l'Unicef. Pannell revint au Canada en 1970. Entre autres activités, il présenta les fondements du YEOW à l'OISE (1972) et fut cofondateur du Co-Opera Theatre de Toronto (1975), dont il devint dir. général.
Pannell s'est surtout signalé par sa musique de théâtre. Outre ses opéras, il a composé de la musique de scène pour plusieurs productions du Festival de Stratford. Il fait appel dans ses oeuvres au sérialisme (musique de scène de Measure for Measure, 1969), aux techniques électroacoustiques (Circe, 1977), parfois à l'atonalité et souvent au chromatisme. Commandé par la COC pour le centenaire de la Confédération canadienne, son opéra The Luck of Ginger Coffey dénote l'influence des compositeurs amér. (Bernstein, Copland et Harris). Selon Pannell, « [cet opéra] puise ses racines dans une culture musicale différente, celle des États-Unis », et cet amalgame de jazz, de musique sérielle et de chanson populaire crée « des ambiances musicales qui traduisent autant de modes de pensée différents ». Un tel éclectisme n'a pas échappé aux critiques. The Luck of Ginger Coffey est le dernier opéra traditionnel composé par Pannell. Exiles, oeuvre expérimentale commandée en 1973 par le Festival de Stratford, est écrite pour quatre chanteurs, cinq acteurs, ensemble de chambre et bande préenregistrée. En combinant musique instrumentale et électroacoustique, improvisation, poèmes et photos, Pannell nous y présente une nouvelle vision du monde ordinaire, sans imposer de fil conducteur : événements et mélodies dépeignent « un espace intermédiaire... mystérieux, déroutant et illimité » (Pannell). Quant à Aberfan, commandé par la télévision de la SRC et inspiré de la tragédie de Welsh (l'histoire d'écoliers disparaissant dans une coulée de lave), il valut à son auteur le prix d'opéra à la télévision de la ville de Salzbourg (1977) - on apprécia à cette occasion « la simplicité des moyens utilisés pour la mise en scène comme pour la musique. Émotionnellement intense, l'oeuvre a fortement impressionné ». Avec Aberfan, Pannell remporta aussi le prix ACTRA du meilleur programme télévisé (1978) et le prix Anik. Qualifié d'excellent par le Conseil canadien de la musique, cet opéra a été diffusé dans 22 pays. Push (composé de 1975 à 1976 et produit en 1976 par le Co-Opera Theatre) est un opéra « improvisé » qui met en scène « tous ceux qui sont comme prisonniers, quelque part dans le monde ». Les chanteurs y créent leurs propres parties et incarnent Mandelstam et Pound à tour de rôle. Dans Souvenirs (1978), opéra en un acte sur le vieillissement, on retrouve cette juxtaposition de styles délibérée - chromatisme, vaudeville et ces éléments de musique atonale qui caractérisent peut-être le mieux Pannell, qui déclarit : « Je ne vois plus aucune raison justifiant qu'on compose dans un style unique. Dans la vie, personne ne se comporte ainsi : la musique est comme le langage, elle reflète les souvenirs - et les souvenirs ne sont pas tous coulés dans le même moule. »
Vers 1989, l'écrivain Pannell commença à s'intéresser à la fiction. Son premier roman, Stilts (dont un clown russe est le sujet), va bien dans le sens de l'oeuvre de Pannell, qui estime que tout ce qu'il a écrit depuis Aberfan s'inspire de la commedia dell'arte. En 1991, il terminait un second roman, The Gift of Tongues.
COMPOSITIONS (Sélection)
Aria da Capo, opéra de chambre (Edna Saint Vincent Millay) : 1963 (Tor 1963); ms.
Concerto : 1967; p, orch; ms.
The Luck of Ginger Coffey, opéra (Hambleton, inspiré d'un roman de Brian Moore) : 1967 (Tor 1967); ms.
Exiles, un acte (Pannell, Beverly Pannell) : 1973 (Stratford 1973); ms.
Go, opéra pour enfants (Pannell) : 1975; ms.
Midway, opéra : 1975; ms.
Aberfan, opéra vidéo en un acte (Pannell, B. Pannell) : 1976; ms.
Push, opéra improvisé (Pannell, inspiré des vies de Mandelstam et Pound) : 1976 (Tor 1976); ms.
Circe, mascarade en un acte (Atwood) : 1977 (Tor 1977); ms.
N-E-W-S, opéra radiophonique en un acte : 1977; ms.
Souvenirs (B. Pannell) : 1978 (Tor 1978), rév 1984 sous le titre As Long as a Child Remembers; ms.
The Downsview Anniversary Song-Spectacle Celebration Pageant (Pannell) : 1979 (Tor 1979); ms.
Refugees, opéra-vaudeville : 1979 (Tor 1979); ms.
Harvest, opéra en un acte pour la télévision (Pannell) : 1980 (SRC 1980); ms.
Don Quixote's Christmas Concerto : 1981; p, narr, orch; ms.
Thank You, Mr. Ludwig van, divertissement : 1988; narr, ens chamb; ms.
Chorale and Toccata : 1989 (Tor 1989); orch; ms.
The Animals of Limbo, fresque de Noël: 1990 (Tor 1990); SATB, « instruments animaux »; ms.
The Forbidden Christmas, comédie musicale (Atwood, Pannell) : 1990; ms.
Aussi quelques musiques de scène.