Semaine internationale de musique actuelle/International Week of Today's Music
Semaine internationale de musique actuelle/International Week of Today's Music. Organisée dans le cadre des Festivals de Montréal, la première (en réalité la seule) Semaine internationale de musique actuelle eut lieu du 3 au 8 août 1961, au théâtre de la Comédie-Canadienne (plus tard théâtre du Nouveau-Monde) et à la salle Redpath de l'Université McGill. Pierre Mercure en fut l'âme dirigeante et le dynamique animateur. Un séjour au Centre de recherches audio-visuelles de la Radio-Télévision française, de fréquents contacts avec Schaeffer, Ferrari, Philippot et Xenakis, ainsi que le choc ressenti devant l'esprit qui animait le milieu très actif de la musique et de la danse à New York incitèrent Mercure à organiser un festival basé sur trois principes : la musique entendue doit être actuelle, intimement liée aux arts visuels et elle doit représenter une peinture fidèle des mouvements de recherche musicale dans le monde entier. Ainsi, John Cage fut amené à écrire Atlas Eclipticalis (création mondiale le 3 août sous sa direction) et l'on créa Anerca de Serge Garant, avec la participation du soprano Claire Grenon-Masella, sous la direction de Mauricio Kagel. Au programme, les noms d'Anhalt et de Mercure côtoyaient ceux de nombreux compositeurs étrangers, dont Babbitt, Behrman, Kotonski, Ligeti, Maxfield, Nono, Penderecki, Schaeffer, Stockhausen, Varèse, Wolff, en plus de ceux qui furent présents en tant que conférenciers (Brown, Feldman, Nikolais), chefs d'orchestre (Cage, Kagel) ou interprètes (Ichiyanagi, Yoko Ono). Le pianiste David Tudor prêta également son concours. Désorientés devant l'obligation de modifier profondément leur conception de l'écoute sonore, ni l'auditoire ni la presse n'accueillirent chaleureusement ce festival. Il en demeure cependant qu'il a amené au Canada des sonorités nouvelles, des compositeurs méconnus, des créateurs provocants. Si l'événement n'a pas eu de lendemains officiels immédiats, on peut dire qu'il a ouvert la voie et créé un climat favorable à la fondation de la SMCQ née cinq ans plus tard. Tentant d'évaluer cette manifestation, Claude Gingras écrivait : « Dans toute cette <musique> entendue en cinq concerts, il y a sûrement de la valeur et sûrement de la fumisterie. Il est trop tôt pour faire le partage. Il est trop facile de rire et il serait ridicule de vouloir poser un jugement sûr. Le temps seul sera juge. Peut-être faudra-t-il trouver de nouvelles définitions aux mots <art>, <musique>, <danse>, <beauté>, <équilibre>, <goût> » (La Presse, Montréal, 8 août 1961).