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Vallerand, Jean

Dès 1940, sa mélodie « Les Roses à la mer », plus tard interprétée par Jeanne Desjardins et Mary Henderson, remportait le trophée Schumann au Festival-concours de musique du Québec.

Vallerand, Jean

 Jean (d'Auray) Vallerand. Compositeur, critique, administrateur, professeur, essayiste, chef d'orchestre, violoniste (Montréal, 24 décembre 1915 - Montréal, 24 juin 1994). L.èsL. (Montréal) 1938, diplôme en journalisme (ibid.) 1941, D.Mus. h.c. (Ottawa) 1975. Tout en poursuivant des études classiques et universitaires, il travailla le violon avec Lucien Sicotte (1920-35) ainsi que les matières théoriques et la composition avec Claude Champagne (1935-42). En 1941, il succéda à Léo-Pol Morin comme critique au quotidien Le Canada et commença ainsi une importante carrière dans le journalisme. Après l'avoir été au Canada (1941-46), il fut critique à Montréal-Matin (1948-49), au Devoir (1952-61), au Nouveau Journal (1961-62) et à La Presse (1962-66).

Dès 1940, sa mélodie « Les Roses à la mer », plus tard interprétée par Jeanne Desjardins et Mary Henderson, remportait le trophée Schumann au Festival-concours de musique du Québec. En 1942, Désiré Defauw créait avec l'orchestre des CSM son poème symphonique Le Diable dans le beffroi inspiré d'Edgar Allan Poe, oeuvre fréquemment exécutée par la suite aux États-Unis et en Europe. Si l'on compte la musique de scène qu'il composa et dirigea pour plus de cinquante pièces d'auteurs classiques et contemporains présentées à la SRC dans les années 1940 et 1950, sa production est relativement considérable. Son Nocturne pour orchestre reçut en 1947 une mention au concours international Reichold de l'OS de Detroit. La Sonate pour violon et piano (Les Éditions Québec-Musique (107), 1981) fut créée en 1950 par Noël Brunet et John Newmark et plus tard transcrite pour orchestre. Le Quatuor à cordes fut créé par le Quatuor à cordes de Montréal en 1955 et les Quatre Poèmes de Saint-Denys Garneau, par Marguerite Lavergne et John Newmark. Deux oeuvres, Cordes en mouvement et Étude concertante pour violon et orchestre, furent commandées respectivement par la Fondation Samuel-Lapitsky (1961) et le Concours international de Montréal (1969).

La production de Vallerand témoigne d'une solide formation et affiche une sensibilité et un esprit que l'on associe à l'oeuvre de plusieurs compositeurs français. Dans Le Diable dans le beffroi, il affirme une rare maîtrise dans le maniement des timbres de l'orchestre et beaucoup d'imagination dans l'unification des éléments dramatiques d'une musique à programme. À propos de sa Sonate pour violon et piano, de conception classique, le compositeur déclarait : « Dans cette oeuvre, tous mes efforts tendent vers l'identification de la forme et de l'expression. Elle est le dénominateur commun de tout ce que je connaissais de la musique au moment où je l'ai écrite » (La Semaine à Radio-Canada, février 1951). Vallerand abordera la technique sérielle avec le Quatuor de 1955 et l'utilisera par la suite avec moins de rigueur dans des oeuvres comme Cordes en mouvement et Étude concertante. Son unique opéra, LeMagicien, dont il a aussi écrit le livret, s'inspire de la commedia dell'arte, dont la partition épouse toute la vivacité et la couleur, soulignant avec adresse les situations et rebondissements de l'action. Vallerand n'a pas fait entendre d'oeuvre nouvelle depuis 1969.

En 1944, l'Opera Guild faisait appel à ses services pour préparer les choeurs du Coq d'or de Rimsky-Korsakov. Il montera ensuite au pupitre pour diriger des productions de Hansel and Gretel (1944), Così fan tutte et La Flûte enchantée (1945). À la même époque, il parut fréquemment à la tête de l'orchestre des CSM lors de concerts pour la jeunesse. À la SRC, il fut l'un des titulaires de la série éducative « Radio-Collège » (1945-56) et dirigea fréquemment les ensembles appelés à illustrer ses propos.

La double formation musicale et académique de Vallerand le désignait pour collaborer avec Wilfrid Pelletier à la fondation du CMM. De 1942 à 1963, il en fut le secr. général et y enseigna l'orchestration. Il enseigna aussi l'orchestration et l'histoire de la musique à l'Université de Montréal (1950-66). Après 20 ans au CMM, Vallerand se tourna vers d'autres secteurs de l'activité musicale. Il fut chef des émissions musicales à la SRC à Montréal (1963-66) puis accepta le poste de conseiller culturel auprès de la Délégation générale du Québec à Paris (1966-70). Il fut par la suite chargé de la formation musicale auprès du MACQ, à titre de directeur (1971) puis, à la suite d'une restructuration, il devint directeur du Service des arts d'interprétation (1971-75) et directeur du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec (1971-78). Il participa à la préparation et à la rédaction du rapport du groupe de travail présidé par Jean-Paul Jeannotte (1974-75). En 1975, il fut nommé conseiller pédagogique au CMM, et en 1976, conseiller cadre auprès du MACQ. Il fut aussi secrétaire général de l'OJQ (1977-78). Il prit sa retraite en 1980.

À partir des années 1940, Jean Vallerand a fréquemment signé des notices aux programmes de l'OSM et d'autres sociétés et il a prononcé des conférences sur divers sujets. Il a collaboré à de nombreux périodiques dont Amérique française, Gants du ciel, Maclean, Liberté, Vie musicale, Relations, Musical America, Culture vivante, L'Action universitaire, etc. À la radio et à la télévision de la SRC, il a souvent commenté l'actualité artistique et musicale à des émissions comme « La Revue des arts et des lettres » et a été un invité fréquent à « L'Opéra du Metropolitan ».

Cette activité multiple de Jean Vallerand a été fort justement perçue par Annette Lasalle-Leduc : « Si, par ailleurs, on interroge la personnalité de Jean Vallerand, il est difficile de faire la part du compositeur, de l'essayiste, du pédagogue et du critique. Tous les aspects de la musique de notre temps, toutes les formes de la pensée ont sollicité cet esprit quelque peu hautain, doué d'une ardente curiosité et d'un rare éclectisme. La valeur de ses jugements, la qualité d'une langue littéraire où se révèle l'humaniste et enfin la compétence qu'il possède du métier de musicien, confèrent à sa critique une incontestable autorité. Quant à son oeuvre musicale, depuis Le Diable dans le beffroi (1942), elle a épousé successivement les tendances diversifiées de la musique contemporaine. Son récent Quatuor à cordes utilise les principes sériels, son Prélude pour orchestre est une page d'une densité musicale et poétique admirable, et du reste, la musique de Vallerand se reconnaît particulièrement à un souci des timbres et une plénitude qui rendent témoignage à l'excellent harmoniste et à l'orchestrateur » (La Vie musicale).

Vallerand était compositeur agréé du Centre de musique canadienne. RCI lui a consacré un volume de sa collection Anthologie de la musique canadienne paru en 1984 (3-ACM 19). Il a été nommé chevalier de l'Ordre national du Québec en 1991. En 1996 est paru Jean Vallrand et la vie musicale du Québec, signé Marie-Thérèse Lefebvre. Les Quatre Poèmes de Saint-Denys Garneau sont interprétés par Bruno Laplante dans la collection La Mélodie Française (Fonovox, 1997).

Compositions (Sélection)

Théâtre, film
Marie Stuart, musique de scène (Schiller) : 1961; ms.

Noces de sang, musique de scène (Lorca) : 1962; ms.

La Cerisaie, musique de scène (Tchékov) : 1963; ms.

La Fin des étés, film : 1964; ONF.

Payse, ballet sur le Prélude pour orchestre : 1964; ms.

Plus de 50 partitions de musique de scène pour des productions dramatiques de la SRC.

Voir aussi LeMagicien.

Écrits

Jean Vallerand, « Conquête de la forme : épisode de la vie d'un compositeur », Gants du ciel (déc. 1943).

Introduction à la musique (Montréal 1949).

La Musique et les tout-petits (Montréal 1950).

« La Musique et la vie intérieure », Action universitaire, XVI (janv. 1950).

« Rencontre avec Varèse », Liberté, LXIX (sept.-oct. 1959).

« A look at music in Québec », Musical America, LXXXIII (sept. 1963).

« Pour que s'arrête le gaspillage de talent », VM, 1 (1965).

« Le Conservatoire dans la cité », Culture vivante, XI (déc. 1968).

Visages d'Edgard Varèse. Serge Garant; Marcel Blouin; Jean Vallerand; François Morel; Gilles Tremblay; Yves Préfontaine. Ed. Fernand Ouellette. Montréal: les Éditions de l'Hexagone, 1959.

Orchestre

Le Diable dans le beffroi : 1942; ms; RCI 41 et 3-ACM 19 (TS).

Nocturne : 1946; ms.

Notre Dame de la Couronne, cantate (G. Lamarche) : 1946; tén solo, SATB, orch; ms.

Notre Dame du Pain, cantate (R. Lasnier) : 1946; tén solo, SATB, orch; ms.

Prélude : 1948; ms; RCI 116 et 3-ACM 19 (Waddington).

Concerto, version orchestrée de la Sonate : 1951; vn, orch; ms.

Cordes en mouvement : 1961; orch cdes; ms; RCI 216, RCA CCS-1010 et 3-ACM 19 (O de chamb McGill).

Réverbérations contractoires : 1961; ms.

Étude concertante : 1969; vn, orch; ms.

Musique de chambre

Sonate : 1950; vn, p; Québec-Musique 1981; RCI 92 (Brunet), Masters of the Bow MBS-2002 et 3-ACM 19 (Bress).

Quatuor à cordes : 1955; ms; RCI 141 et 3-ACM 19 (Quat à cdes de Mtl), Col MS-6364 (Canadian String Quartet).

Voix et piano

« Les Roses à la mer » (Desbordes-Valmore) : v. 1935; ms.

Quatre Poèmes de Saint-Denys Garneau : 1954; ms; RCI 393 et 3-ACM 19 (B. Laplante), (n<sup>os</sup> 1 et 3) Allied ARCLP-4 (J. Dufresne); Fonovox (Vox 77859-2) (B. Laplante).