Project Mémoire

Aurele Joseph Lavigne (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


http://www.ww2incolor.com/canada/vertiable_feb845.html
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Fantassins du North Shore (New Brunswick) Regiment se préparant à monter dans un véhicule amphibie de type Alligator durant l'opération Veritable près de Nimègue (Pays-Bas), le 8 février 1945. Source: http://www.ww2incolor.com/canada/vertiable_feb845.html M. Lavigne servit dans un premier temps avec le North Shore (New Brunswick) Regiment.
http://www.ww2incolor.com/canada/vertiable_feb845.html
Tout de suite, j’ai installé un bureau et chaque jour ils m’envoyaient des soldats, autant que je pouvais en prendre, et je faisais un compte-rendu stipulant ce qu’ils voulaient faire à leur retour à la vie civile.

Transcription

Et un jour le Capitaine Thériault m’a appelé dans son bureau et ça s’est passé juste un peu avant le moment où j’étais censé partir à Aldershot (principale base de l’armée canadienne en Angleterre) pour suivre l’instruction avancée et il a dit : « J’aimerais vous faire passer ce test. » Et il y avait, ils appelaient ça le Test M (un test de l’armée canadienne réalisé par un groupe de psychologues civils à la fin des années trente destiné à tester les aptitudes du candidat par rapport à certains types d’entrainement militaire). Il a dit : « On va faire passer ce test à tous les soldats. Et ce test va nous montrer les différents talents et aptitudes de ces soldats. Et avec, nous allons les interviewer comme ça nous aurons une base qui nous permettra de travailler avec ces garçons au moment où ils quittent l’armée à la fin de la guerre et s’ils veulent aller à l’université ou dans une école de formation ou s’ils désirent tout simplement retourner à leur ancien métier, au moins, il dit, on aura quelque chose qui peut servir. » Parce qu’on les a interrogés, on sait quelles études ils ont faites, quels sont leurs compétences et ce qu’on pourrait peut-être faire, comment on peut les aider. Mais une fois encore, quand j’ai eu la chance de partir en Italie (pour la campagne militaire qui commença en juillet 1943), je ne savais pas vraiment, je croyais que je partais en l’Afrique. Et j’ai dit : « Oui. » Je n’ai pas hésité une seconde. Je suis peut-être le genre de personne qui adore faire différentes choses, j’aime explorer de nouvelles choses. Et je me suis retrouvé en Italie. Tout de suite, j’ai installé un bureau et chaque jour ils m’envoyaient des soldats, autant que je pouvais en prendre, et je faisais un compte-rendu stipulant ce qu’ils voulaient faire à leur retour à la vie civile. L’idée c’était de réintégrer ces soldats dans la vie civile une fois la guerre terminée. Et tous les jours j’en avais tellement qui se présentaient. Une fois, je m’assieds et je leur parle. Et je voulais savoir quels étaient leurs projets après avoir été rapatriés et démobilisés. Premièrement, je voulais connaître ce qu’il avait fait avant d’entrer dans l’armée, quelles études il avait faites, quel était son métier. Je voulais en savoir le plus possible sur cette personne. Ensuite je voulais savoir quels étaient ses projets à son retour. Or, s’il avait fait des études, qu’il avait de bons résultats et que le test me montrait que cet homme avait des capacités, je lui demandais, je disais : « Veux-tu retourner à l’université ? » je disais : « On voudrait te donner une formation pour le retour à la vie civile, on voudrait que tu trouves quelque chose de mieux que ce que tu avais avant. » Et je disais : « Tu as besoin d’un peu de formation, tu as les capacités pour intégrer une formation supplémentaire, qu’est-ce que tu aimerais faire ? » Il y avait une multitude de programmes là-bas pour ces soldats de retour au pays. Et je faisais de mon mieux pour les aider à se décider au sujet de ce qu’ils voulaient faire. Ça a beaucoup élargi mes horizons. Ça m’a permis d’apprendre, ça m’a permis de visiter plein de pays où je ne serais jamais allé autrement. J’ai visité une bonne partie de l’Europe. J’ai vu comment les gens vivaient. J’ai vu des habitudes différentes. Certaines me posaient problème, d’autres me paraissaient formidables. J’ai particulièrement aimé l’italien et je le parle encore un petit peu. Si je me retrouve avec quelqu’un qui ne parle qu’italien, ça ne me fait pas peur de lui parler. Vous savez, la guerre, c’était il y a longtemps, beaucoup de choses se sont passées depuis, et ça ne s’efface pas complètement malgré tout. Cette guerre était ; on n’a jamais, les guerres sont différentes aujourd’hui. Ils ne font plus la guerre comme dans le temps. Il y a toujours les combats sur terre où vous, vous savez, mais pas comme on le faisait nous, avec les deux armées face à face à pousser des deux côtés avec tous les régiments, ils ne font plus ça comme ça. C’est un monde différent.