John Archibald Britten (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

John Archibald Britten (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

En 2010, le Projet Mémoire s’est entretenu avec John Archibald Britten, ancien combattant de la Deuxième Guerre mondiale. L’enregistrement et la transcription qui suivent proviennent de cet entretien. Né le 25 mars 1917 à Halifax, Nouvelle-Écosse, John Archibald Britten s’est enrôlé en 1939 comme simple soldat dans le Corps du génie royal canadien. Il a servi jusqu’en 1945 et a participé aux campagnes en Sicile et en Italie. Dans son témoignage, il décrit le débarquement en Italie aux côtés des États-Uniens et leur poursuite des Allemands. Il décrit également comment il a été la cible d’un tireur d’élite à Ortona, une ville côtière italienne, ainsi que les horribles blessures infligées par les mines antipersonnel allemandes. Ingénieur militaire, il avait pour tâche de localiser et de désactiver les mines. Il est mort à Halifax le 30 octobre 2012.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

John Britten
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Photo contemporaine de John Britten (à gauche) et de son ami Roland, bien des décennies après qu'ils aient servi ensemble en Italie.
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John Britten (à gauche) et son ami Roland devant la Basilique Saint-Pierre au Vatican alors qu'ils étaient en permission.
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John Britten dans le Régiment du groupe de Fifre et de Tambour. Monsieur Britten est le troisième de la rangée de devant.
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Première compagnie de campagne, Corps Royal Canadien des Ingénieurs, Electriciens et Mécaniciens, Cittanova, Italie, 1943.
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Photo de John Britten qu'il a envoyé en carte postale chez lui. Elle a été prise en 1939 ou 1940.
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Transcription

Je faisais partie de la première équipe qui a débarqué au fin fond de l’Italie. Nous avons abouti là-bas et c’était, pour ainsi dire, pitoyable parce qu’ils n’étaient pas équipés. Il y avait un homme assis à un poste pour mitrailleuse. Il avait une mitrailleuse, mais il était en infériorité numérique. Tous les États-Uniens avaient l’équipement le plus récent; ils sont arrivés, ont débarqué et ont fait feu dès qu’ils étaient assez proches du rivage. Tout le matériel a été soufflé et renversé, puis c’est retombé sur la droite. C’était le but de l’explosion : se débarrasser de leur équipement. Nous avons ensuite remonté l’Italie. Les Allemands nous ont repoussés à quelques reprises. Ils nous ont donné la vie dure, ils étaient bien entraînés. Les Allemands voulaient nous prendre au piège en retardant leurs manœuvres. C’était difficile. Si on les avait pourchassés, ils auraient eu l’occasion de s’installer confortablement et de nous attendre, fin prêts. C’est ce qui rendait les choses difficiles. S’ils attendaient, c’est vous qu’ils attendaient. Il y avait beaucoup de ce genre de chose là-bas, les briques s’élevaient à peu près à cette hauteur. Tout le monde a vu ces briques, je ne sais plus comment elles s’appellent. Je me tenais là, regardant Ortona. Ortona est devenue tristement célèbre, je crois. Je regardais par-dessus la brique et autour de moi, comme une fouine, j’imagine. Je pouvais entendre ce que je croyais être des moustiques ou quelque chose du genre. Mais c’était en fait un tireur d’élite. Ce n’était pas un très bon tireur, Dieu merci. Il tirait tout autour de moi. Ça arrivait des deux côtés et je me suis dit que je devais me tirer de là. Je me suis donc éloigné. Le tireur me tirait dessus depuis Ortona. Il semblerait que l’objectif d’un tireur d’élite n’est pas de tuer la personne, mais de la mutiler. C’était donc un problème pour notre camp. C’était leur idée. Pas de le tuer, mais de […] d’une mission ou d’une commission, de sorte que nous devions nous occuper de cette personne. C’est censé être la vraie raison, mais j’ai tendance à penser que s’ils avaient pu, ils l’auraient tué. Dans le Corps [du Génie électrique et mécanique royal canadien], notre travail consistait à rechercher les mines. Il y avait la schumine allemande [mine antipersonnel à fragmentation] qui […]. Il y a un homme qui a perdu ses deux jambes en marchant sur une schumine. Elles étaient en quelque sorte dissimulées dans le sol et lorsqu’on y mettait le poids de son corps, elles explosaient. Les pieds éclataient en morceaux. Il ne restait plus que des moignons. La schumine était très difficile à détecter parce qu’elle était très petite. On marchait dessus sans s’en rendre compte. C’est ce qui vous pulvérisait les pieds. Oui, nous avions des détecteurs. Nous les bougions comme ça, au-dessus du sol. Lorsqu’un détecteur arrivait à un endroit où il y avait une mine, il faisait un bruit pour nous indiquer la présence de la mine à cet endroit. Mais les schumines étaient très difficiles à voir. C’est bien sûr la raison pour laquelle les Allemands les utilisaient. Elles étaient difficiles à repérer.