Joseph Roger Louis Léveillé (alias J.R. Léveillé, aussi surnommé « Jesse James » et « le Rimbaud manitobain »), poète et auteur (né en 1945 à Winnipeg, au Manitoba). On considère J.R. Léveillé comme l’un des pionniers de la poésie francophone contemporaine de l’Ouest canadien (voir Littérature d’expression française dans l’Ouest canadien.) Il reçoit le Prix de distinction en arts du Manitoba du Conseil des arts du Manitoba en 2012.
Éducation
Roger Léveillé grandit au sein d'une famille d'intellectuels et d'artistes qui lui ouvrent très tôt les portes de la littérature. Il complète des études en lettres au Collège universitaire de Saint-Boniface, à l'Université du Manitoba et à Paris (doctorat, 1969-1972).
Carrière
J.R. Léveillé se tourne ensuite vers l'enseignement, puis le journalisme écrit (Frontières, Courrier, La Liberté), radiophonique (CKSB Radio-Canada, 1969-70) et télévisuel (Société Radio-Canada, depuis 1981). Pendant un an, il assume la présidence des Éditions du Blé (Saint-Boniface), où il crée, en 1984, la Collection Rouge, destinée à révéler les jeunes poètes d'avant-garde (voir Petites maisons d’édition). Historien de la littérature de l'Ouest canadien, il ne cesse de la défendre et de la faire rayonner dans le monde à travers articles, conférences (Canada, États-Unis, France, Allemagne) et conception de documents pédagogiques, telle l'excellente Anthologie de la Poésie franco-manitobaine (Éditions du Blé, 1990) (voir Francophones du Manitoba).
Dès 1968, J.R. Léveillé révolutionne le petit monde des lettres de l'Ouest canadien par la publication d'un récit poétique, Tombeau. Ce texte dénote chez l’auteur une étrange attirance pour la mort, liée au désir charnel, et bouleverse les normes classiques du roman par une quasi-absence de personnages et de trame narrative, une forme éclatée et un style elliptique. Depuis, chacune de ses œuvres, La disparate (1975), Plage (1984), L’incomparable (1984), Romans (1995), Une si simple passion (1997), développe et approfondit à sa manière cette « poétique du fragment », comme la nomme Rosmarin Heidenreich (« Objet même de son écriture », Anthologie de la Poésie franco-manitobaine). Ce genre littéraire existait déjà en Europe à l’époque du romantisme, et Léveillé contribue à son renouvellement et à son enrichissement dans la littérature canadienne, notamment grâce à son choix de thèmes (la violence érotique, la création esthétique, les oppositions présence-absence, vide-plein, etc.) et par ses jeux d’imagination.
J.R. Léveillé emploie ces mêmes « techniques » en poésie, où il déploie une grande variété de sons, de mots, d'images, de couleurs, de sensations et de symboles, laissant le lecteur sans points de repères (Œuvre de la première mort, 1977; Le livre des marges, 1981; Extrait, 1984; Montréal Poésie, 1987; Causer l'amour, 1993; Les fêtes de l'infini, 1996). Faisant encore figure de chef de file à 50 ans passés, J.R. Léveillé tente d'aller plus loin que les surréalistes en utilisant des matériaux propres à l'art plastique contemporain (peinture, collage, photos, publicités, affiches, coupures de presse, vidéo, etc.) et de remonter jusqu'au « texte archétypal de la langue même » (Rosmarin Heidenreich).
Jointe à son charisme littéraire, la personnalité lumineuse et légèrement excentrique de J.R. Léveillé fait de lui l'étoile de la poésie de la seconde moitié du 20e siècle, comme l'un des pionniers les plus originaux de l'histoire de la littérature de l'Ouest canadien.
Distinctions
En 2012, le Conseil des arts du Manitoba décerne le Prix de distinction en arts du Manitoba à J.R. Léveillé pour l'ensemble de son œuvre.
Voir aussi Littérature d’expression française dans l’Ouest canadien.