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Roger Léveillé

Roger Léveillé, dit "Jesse James" ou "le Rimbaud manitobain", poète et auteur (né en 1945 à Winnipeg, au Manitoba).

Roger Léveillé, dit "Jesse James" ou "le Rimbaud manitobain", poète et auteur (né en 1945 à Winnipeg, au Manitoba). Il grandit au sein d'une famille d'intellectuels et d'artistes qui lui ouvrent très tôt les portes de la littérature. Après ses études de Lettres au Collège universitaire de Saint-Boniface, à l'U. du Manitoba et à Paris (doctorat, 1969-1972), il se tourne vers l'enseignement, puis le journalisme écrit (Frontières, Courrier, La Liberté, Man.), radiophonique (CKSB Radio-Canada, 1969-70) et télévisuel (Société Radio-Canada, depuis 1981). Pendant un an, il assume la présidence des Éditions du Blé (Saint-Boniface), où il a créé, en 1984, la Collection Rouge, destinée à révéler les jeunes poètes d'avant-garde. Historien de la littérature de l'Ouest, il ne cesse, actuellement, de la défendre et de la faire rayonner dans le monde à travers articles, conférences (Canada, États-Unis, France, Allemagne) et conception de documents pédagogiques, telle l'excellente Anthologie de la Poésie franco-manitobaine (Éd. du Blé, 1990).

Dès 1968, Roger Léveillé révolutionnait le petit monde des Lettres de l'Ouest par la publication d'un récit poétique, Tombeau, qui, non seulement dénotait, chez ce tout jeune homme, une étrange attirance pour la mort, liée au désir charnel, mais bouleversait les normes classiques du roman: quasi-absence de personnages et de trame narrative, forme éclatée, style elliptique, etc. Depuis, chacune de ses œuvres, La disparate (1975), Plage (1984), L'incomparable (1984), Romans (1995), Une si simple passion (1997), développe et approfondit à sa manière cette "poétique du fragment" (Rosmarin Heidenreich: Objet même de son écriture dans Anthologie de la Poésie franco manitobaine), genre littéraire que n'a pas inventé Roger Léveillé - car existant déjà à l'époque du Romantisme, en Europe -, mais qu'il a contribué à renouveler et à enrichir par le choix de ses thèmes (la violence érotique, la création esthétique, les oppositions présence-absence, vide-plein, etc.) et par les jeux audacieux d'une imagination "abstraite" si tant est qu'on puisse utiliser ce vocable en dehors du domaine pictural.

Étendant ces mêmes "techniques" à la poésie, cet incorrigible enfant, à l'esprit en perpétuelle ébullition, déplace dans ses pages, au gré de ses caprices, un vertigineux et envoûtant kaléidoscope de lettres, de sons, de mots, d'images, de couleurs, de sensations et de symboles, brouillant ainsi volontairement notre quête de sens et notre besoin cartésien de points de repères (œuvre de la première mort, 1977; Le livre des marges, 1981; Extrait, 1984; Montréal Poésie, 1987; Causer l'amour, 1993; Les fêtes de l'infini, 1996). Éternel novateur, faisant encore figure de chef de file à 50 ans passés, il tente d'aller plus loin que les Surréalistes en utilisant des matériaux propres à l'art plastique contemporain: peinture, collage, photos, publicités, affiches, coupures de presse, vidéo, etc, et de remonter jusqu'au "texte archétypal de la langue même" (Rosmarin Heidenreich).

Jointe à son charisme littéraire, la personnalité lumineuse et un tantinet excentrique de Roger Léveillé fait de lui l'étoile de la poésie de la seconde moitié du XXe siècle, comme l'un des pionniers les plus originaux de l'histoire de la littérature de l'Ouest.