Paul de Villers (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Paul de Villers (source primaire)

« C’est grâce à tous les marins de la marine de guerre et de la marine marchande, des aviateurs qui ont combattu les sous-marins et les avions ennemis que le pire a pu être évité. »

Pour le témoignage complet de M. de Villers, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

M. Paul de Villers avec une maquette de bâteau qu'il a construite lui-même.
M. Paul de Villers avec une maquette de bâteau qu'il a construite lui-même.
Avec la permission de Paul de Villers
Navire MV De Villers sur lequel M. Paul de Villers à servi de 1939 à 1941.
Navire MV De Villers sur lequel M. Paul de Villers à servi de 1939 à 1941.
Avec la permission de Paul de Villers
M. Paul de Villers à Lévis, Québec, le 5 juin 2010.
M. Paul de Villers à Lévis, Québec, le 5 juin 2010.
Avec la permission de Paul de Villers
C’est grâce à tous les marins de la marine de guerre et de la marine marchande, des aviateurs qui ont combattu les sous-marins et les avions ennemis que le pire a pu être évité.

Transcription

La bataille de l’Atlantique fut la plus longue de la Deuxième Guerre mondiale. Elle débuta le 3 septembre 1939, journée où l’Angleterre et la France déclarèrent la guerre à l’Allemagne [suite à l’invasion allemande de la Pologne deux jours avant]. Elle s’est terminée le 4 mai 1945, quand l’Amiral [Karl] Dönitz [désigné successeur d’Adolf Hitler] donna l’ordre de cesser le feu à tous les sous-marins [allemands], les U-boot. Pendant cette période, dans l’Atlantique, les Alliés ont perdu 2,572 navires marchands, dont 75 canadiens. Si les Alliés avaient perdu cette bataille, on aurait perdu la guerre. C’est grâce à tous les marins de la marine de guerre et de la marine marchande, des aviateurs qui ont combattu les sous-marins et les avions ennemis que le pire a pu être évité.

J’ai servi dans la marine marchande canadienne de 1941 à 1989. Pendant la guerre, j’ai navigué surtout sur l’Atlantique et dans le golfe du Saint-Laurent, les Caraïbes. Employé la majeure partie du temps sur des pétroliers.

Un peu d’histoire sur les convois; j’ai vécu l’expérience des convois. Un convoi couvrait une grande surface sur mer, proportionnelle au nombre de navires qui le composait. Un convoi de 45 navires pouvait s’étaler sur 20 miles carrés divisés en neuf colonnes d’environ un demi-mile de distance entre chaque navire. Les pétroliers et les cargos transportant des munitions étaient placés à l’intérieur. À la tête du convoi, le navire commodore était le premier de la rangée du centre. Les autres étaient répartis de manière à former un rectangle. Les escortes étaient placées tout autour du convoi de manière à les protéger. Elles étaient équipées de radar et d’ASDIC ou de sonar pour détecter les sous-marins. Sans oublier les bombes ou canons, les depth charge [grenades sous-marines]. Tous transportaient des cargaisons pour la guerre; armes, munitions, huile, nourriture. Sans oublier les soldats avec leurs équipements et les avions.

Avant le départ d’un convoi, il y avait une conférence des autorités navales incluant le commodore du convoi ainsi que tous les capitaines et officiers des navires marchands. Toute discussion était tenue dans le plus grand secret. Les navires marchands attendaient tous au mouillage. Personne n’avait la permission de débarquer les jours précédant le départ. L’équipage du navire ne connaissait pas leur destination.

Lors d’un voyage en revenant d’Aruba en direction de Portland, Maine, au large de New York, notre navire était le bateau commodore du convoi transportant une cargaison d’huile. Nous naviguions avec tous les feux éteints, ce qui était obligatoire en temps de guerre. Nous furent éperonnés par un pétrolier américain qui naviguait seul, lui aussi tous feux éteints. Il avait comme cargaison du gaz d’aviation, aviation gas. Après le premier impact, les navires s’abordèrent durement. Notre navire, qui était le plus petit, a tellement tourné que notre capitaine à eu peur que nous chavirions. Les étincelles volant de toutes parts, nos chaloupes de sauvetage de tribord furent écrasés. Suite à l’alarme, nous nous préparions au pire. La chance était de notre coté, car il n’y pas eu de feu ni de blessés. Les deux navires ont été sauvés. Notre convoi a continué sa route. Nous avons reçu l’ordre de nous diriger vers New York afin de décharger la cargaison et faire les réparations temporaires avant de continuer vers Halifax.

En 1944, j’étais dans un convoi dans le golfe du Saint-Laurent lorsque la corvette HMCS Magog a été torpillée. Elle s’était essuyée sur notre coté de tribord. Je me souviendrais toujours des explosions qui eurent lieu après le torpillage du Magog quand les escortes lançaient des bombes de fond pour détruire les sous-marins ennemis.

Je fus aussi témoin du torpillage au large de Matane du SS Fort Thompson. Cette fois nous n’étions pas en convoi. L’officier de corps a vu passer une torpille au-devant de notre navire. Elle nous a manqués de peu.

Les convois nous apportaient réconfort et sécurité. En plus, ils nous permettaient d’admirer les quilles des corvettes qui nous escortaient. Leur devoir était assez ingrat car ils étaient obligés de louvoyer autour du convoi, très souvent de côté à la mer. Nous avions une pensée sympathique pour ces marins qui avaient comme couchette un hamac pour se reposer. Je crois que le système de convoi en temps de guerre est le meilleur moyen pour se protéger de l’ennemi en mer. L’histoire de la bataille de l’Atlantique appartient à notre histoire canadienne. Ne l’oublions pas.

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