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À Toronto : la voie rapide de Spadina

Cet article provient de notre série « Toronto Feature ». Les articles provenant des séries précédentes ne sont pas mis à jour.

Ce contenu fait partie d'une série créée en collaboration avec les services au musée de la Ville de Toronto et Heritage Toronto. Nous remercions le ministère du Tourisme, de la Culture et du Sport de l'Ontario et le ministère du Patrimoine canadien pour leur financement.

« Stop Spadina! »

« Stop Spadina! » fut le slogan utilisé par les résidents de Toronto qui se sont organisés à la fin des années 1960 pour combattre la destruction de leur quartier. Si l’itinéraire complet initialement prévu pour la voie rapide de Spadina avait été construit, il aurait amené un trafic intense dans le corridor de Cedarvale et entraîné l’excavation d’une tranchée le long de l’avenue Spadina jusqu’à la rue Bloor. De là, les voitures seraient sorties de la voie express pour s’engager dans les rues locales. Les citoyens contemplent avec nervosité les travaux alors que la construction atteint l’avenue Lawrence en 1966.

Sonnant l’alarme et défiant les plans de la voie rapide, les résidents locaux engagent alors des personnalités de poids à leurs côtés. « Toronto va se suicider s’il enfonce dans son cœur la voie rapide de Spadina », aurait déclaré Marshall McLuhan. En collaboration avec Jane Jacobs, Marshall McLuhan réalise un documentaire, The Burning Would (un titre s’inspirant d’un jeu de mots de Joyce dans Finnegan’s Wake, "A burning would has become a dance inane"), qui fut projeté dans toute l’Amérique du Nord. Les farouches opposants à la voie rapide ne parviennent à convaincre ni le conseil de la région métropolitaine de Toronto, ni le conseil municipal de la Ville de Toronto, ni les tribunaux de mettre fin au projet, mais leur ultime appel au gouvernement de l’Ontario est étonnamment efficace.

Le 3 juin 1971, le premier ministre William Davis retire le soutien de la Province. « Si nous voulons construire un système de transport au service de l’automobile, explique Davis devant l’assemblée, la voie rapide de Spadina concrétisera sans nul doute cette stratégie. Mais si nous voulons construire un système de transport au service des gens, la voie rapide de Spadina est exactement ce qu’il faut éviter ».

L’échec du projet Spadina refroidit les ardeurs qui alimentaient le projet d’aménagement de voies rapides dans toute la région métropolitaine de Toronto, encourage les citoyens à jouer un rôle plus important dans la planification de l’aménagement de leurs quartiers et contribue à forger le mouvement réformiste qui va dominer l’hôtel de ville durant les années 1970. La Province transférera finalement à la Ville une bande de terre à l’extrémité sud de la section terminée, aujourd’hui connue sous le nom d’Allen Road, pour bloquer toute tentative future d’extension.

Voir aussi : Mouvements populaires urbains.

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