L’Action démocratique du Québec (ADQ) est un parti politique québécois fondé par des dissidents du Parti libéral du Québec en 1994. Il a formé l’Opposition officielle à l’Assemblée nationale de mars 2007 à septembre 2008. En février 2012, il a fusionné avec une nouvelle formation politique, la Coalition Avenir Québec.
Après le rejet de l’Accord de Charlottetown en octobre 1992, Mario Dumont, le chef des Jeunes libéraux du Québec et Jean Allaire, un membre du comité exécutif du Parti libéral du Québec, quittent le parti lorsque les membres décident de ne pas défendre leur proposition de plate-forme (le Rapport Allaire) des 22 champs de compétence exclusifs revendiqués pour le Québec.
Les dissidents forment d'abord un premier regroupement, le Groupe Réflexion Québec, suivi en décembre 1993 par Action Québec. L’ADQ est fondé au début de l'année suivante, plaçant à sa tête le plus jeune chef de parti au Québec, Mario Dumont, alors âgé de 23 ans. L'ADQ se donne une première plate-forme électorale les 5 et 6 mars 1994, alors que 612 délégués venus de toutes les régions du Québec adoptent un Plan national de redressement. Celui-ci se veut porteur d'une vingtaine de propositions visant l'élaboration d'une stratégie économique et l'assainissement des finances publiques.
Lors de l'élection de septembre 1994, l'ADQ ne fait élire qu'un seul candidat, Mario Dumont, dans Rivière-du-Loup, mais obtient tout de même près de 10 p. cent des suffrages à l'échelle provinciale, et ce, même si le parti n’a pas présenté de candidat dans toutes les circonscriptions électorales.
Le référendum de 1995 et la question de la souveraineté
En juin 1995, Mario Dumont signe avec Lucien Bouchard, alors chef du Bloc Québécois, et avec le Premier ministre Jacques Parizeau, à la tête du Parti Québécois, un accord qui unit ces trois partis au sein du Comité du OUI et les associe dans la formulation de la question référendaire sur la souveraineté du Québec (voir Référendum du Québec 1995). Après l’échec du Référendum de l’automne 1995, l’ADQ s’oriente vers une position dite « autonomiste » en réclamant une plus grande autonomie du Québec au sein de la fédération canadienne.
À l’élection provinciale du 30 novembre 1998, seul Mario Dumont est élu, même si l'ADQ obtient un pourcentage accru de suffrages à l'échelle du Québec, soit autour de 500 000 votes. L'ADQ ne réussit pas à dépasser le seuil critique de 15 p. cent des suffrages, ce qui fait de lui un tiers parti. L’organisation politique lutte d’ailleurs pour obtenir la représentation proportionnelle à l’Assemblée nationale. En raison de son membership largement composé de jeunes militants, l'ADQ met l'accent sur des dossiers jugés importants auprès des jeunes électeurs, tels la question du travail autonome et les clauses discriminatoires (clauses orphelines). En 1995, l'ADQ a aussi proposé un moratoire de 10 ans sur la tenue d'un nouveau référendum sur la souveraineté (voir séparatisme), cherchant depuis sa fondation à se présenter auprès de l'électorat québécois comme une voie, quoique de sensibilité néolibérale, entre le Parti Libéral et le Parti Québécois.
De l’opposition officielle à la dissolution
Lors de l’élection générale du 26 mars 2007, le parti réussit à faire élire le nombre record de 41 députés contre 36 pour le Parti Québécois dirigé par André Boisclair. Pour la première fois depuis 1878, le Québec élit un gouvernement minoritaire. Celui-ci est formé par le Parti libéral de Jean Charest (qui récolte 48 sièges à l’Assemblée nationale). La division du vote permet à l’ADQ de se faufiler entre les deux grands partis et de former l’Opposition officielle. Lors de la campagne électorale, l’ADQ met l’accent sur la question des accommodements raisonnables consentis sur des bases religieuses et culturelles, une question particulièrement explosive dans le contexte des premières audiences publiques de la Commission Bouchard-Taylor instaurée quelques mois plus tôt par le gouvernement Charest (voir La Charte des valeurs québécoises).
Les députés adéquistes qui entrent à l’Assemblée nationale à l’automne 2007 sont inexpérimentés et rapidement, on perçoit un manque de cohérence au sein du parti. Lors du scrutin du 8 décembre 2008, l’ADQ s’effondre. La députation du parti passe de 41 sièges à 7 et le chef, Mario Dumont annonce sa démission. En mars 2009, Dumont quitte la direction du parti, ce qui donne lieu à la première course à la chefferie de l’ADQ depuis sa fondation en 1994. Le 18 octobre 2009, Gilles Taillon succède à Dumont, non sans créer quelques remous. Dans les jours qui suivent, le député Éric Caire, qui a perdu par deux voix la course à la chefferie, quitte le parti en compagnie de Marc Picard et les deux siègent comme indépendants. Moins d’un mois après son élection, Gilles Taillon démissionne et est remplacé par Gérard Deltell le 19 novembre.
De 2009 à 2012, l’Action démocratique du Québec n’est représentée que par quatre députés. Sa position sur l’échiquier politique québécois est une fois de plus ébranlée lorsqu’en 2011, un nouveau parti de centre-droit fait son apparition : la Coalition Avenir Québec (CAQ), dirigé par l’ancien ministre du Parti Québécois François Legault. Après plusieurs mois de discussions, l’exécutif de l’ADQ décide de fusionner avec ce nouveau parti. Cette décision est entérinée par un référendum tenu auprès des membres en janvier 2012. À l’élection suivante le 4 septembre 2012, la Coalition Avenir Québec fait élire 19 députés, dont 5 anciens députés de l’Action démocratique du Québec.