Action sociale oecuménique
Dans les Églises chrétiennes du Canada, l'action sociale oecuménique se caractérise depuis la fin des années 60 par une nouvelle ferveur du MOUVEMENT SOCIAL GOSPEL en faveur de la justice sociale et une collaboration sans précédent entre protestants et catholiques (voir CATHOLICISME). Après le deuxième concile du Vatican (1962-1965), les évêques catholiques se joignent aux grandes Églises protestantes (anglicane, luthérienne, presbytérienne et unie) et à des groupes minoritaires (mennonites et quakers) pour créer et soutenir ensemble plusieurs coalitions d'action sociale. La guerre contre la pauvreté au pays est le premier point d'intérêt de l'action sociale oecuménique. En 1968, la conférence nationale sur la conscience chrétienne et la pauvreté aboutit à la création de la coalition pour le développement. Cette ambitieuse tentative en vue de coordonner la lutte anti-pauvreté d'un grand nombre d'organismes ne dure pas, mais le désir de concerter les efforts demeure très fort.
Des urgences internationales comme les crises du Biafra et du Bangladesh à la fin des années 60 et au début des années 70, ainsi que l'écart croissant entre pays riches et pauvres avivent le désir des Églises de coordonner les activités de secours et de développement. Ainsi, le comité des campagnes inter-Églises prépare les publications communes que chaque confession utilise pour ses campagnes annuelles de financement des activités de secours et de développement; Ten Days for World Development s'occupe d'un programme de sensibilisation au développement; et le Fonds inter-églises pour le développement international voit à l'aide d'urgence et administre les projets de développement parrainés en commun.
Les interventions des Églises contre la pauvreté au Canada et dans les pays en voie de développement sont inspirées par le principe du Social Gospel selon lequel il faut instaurer la justice et non la charité. La nécessité d'une recherche judicieusement orientée est reconnue comme fondement permettant d'allier la compassion envers les victimes et une compréhension avertie des politiques actuelles. Par exemple, l'expérience des observateurs des Églises à la troisième conférence de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, organisation de pays pauvres) renforce leur conviction que les Églises devraient examiner le rôle du Canada en tant que membre du club des pays riches adhérant à l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Le projet GATT-Fly est mis sur pied pour aider les Églises à faire entendre plus efficacement leurs critiques à l'égard des politiques canadiennes d'aide et de commerce. En 1990, l'organisme change de nom pour devenir la Coalition oecuménique pour la justice économique.
D'autres groupes spécialisés sont formés pour intervenir sur diverses questions : mentionnons le Taskforce on the Churches and Corporate Responsibility, le Projet nordique (devenu la Coalition pour les droits des autochtones), le Comité inter-Églises sur les droits humains en Amérique latine, le Conseil des églises pour la justice et la criminologie, le Project Ploughshares (qui porte sur la politique de défense et le DÉSARMEMENT) et le Comité inter-Églises pour les réfugiés. Chaque groupe est formé d'un petit nombre de spécialistes et d'un conseil d'administration composé de représentants des diverses confessions. PLURA (ainsi nommé parce qu'il est parrainé par les Églises presbytérienne, luthérienne, unie, catholique et anglicane) aide les organisations locales de lutte contre la pauvreté par l'intermédiaire de comités régionaux. Le sous-comité de justice écologique du Taskforce on the Churches and Corporate Responsibility exprime la préoccupation accrue des Églises au sujet de la crise de l'environnement. De telles activités oecuméniques de justice sociale apportent une contribution unique au christianisme mondial. Les activités de justice sociale et écologique vont de pair avec le développement d'une tradition de pensée sociale oecuménique. Les Églises sont convaincues que la transformation des structures sociales injustes fait partie intégrante de leur mission et de leur ministère; elles ont d'ailleurs exprimé leur point de vue dans des publications, des études et des mémoires adressés aux gouvernements.