André
Gagnon, O.C.,
O.Q.,
pianiste, compositeur, chef d’orchestre, arrangeur, acteur (né le 2 août, à Saint-Pacôme-de-Kamouraska,
au Québec; décédé le 3 décembre 2020). André Gagnon était reconnu pour son
mélange éclectique de musique classique et pop. Il a travaillé comme
accompagnateur, chef d’orchestre ou arrangeur pour certains des plus grands chansonniers
du Québec, avant de poursuivre une carrière de soliste. Ses compositions
couvrent une grande variété de styles musicaux et elles étaient
particulièrement populaires au Japon. Il a remporté des prix Juno
pour ses albums Saga (1974) et Neiges (1975), ainsi que pour
meilleur instrumentaliste (19 977 et 1995). Il a reçu le prix Félix
pour l’album instrumental de l’année à douze reprises entre 1978 et 2017, et on
lui a décerné le prix William Harold Moon de la SOCAN pour
sa contribution à la musique canadienne. Il a été nommé Officier de l’Ordre
du Canada, et Officier de l’Ordre
national du Québec.
Jeunesse et éducation
Enfant, André
Gagnon joue du piano et commence à composer de courtes pièces à l’âge de six
ans. Il suit des cours de théorie à Sainte-Anne-de-la-Pocatière avec Léon Destroismaisons
(1952-1953, et 1957). De 1957
à 1961, il étudie au Conservatoire
de musique à Montréal (CMM), avec Germaine Malépart
(piano), Clermont Pépin
(composition) et Gilberte Martin
(solfège). En même temps, il développe
un intérêt pour la musique populaire. En 1961, il reçoit un premier prix en
harmonie du CMM. Cette même année, grâce à une bourse du gouvernement du Québec,
il étudie à Paris avec Yvonne Loriod et suit des cours d’accompagnement et de
direction d’orchestre.
Carrière d’accompagnateur
À son retour au Canada en 1962, André Gagnon devint l’accompagnateur de Claude Léveillée , agissant comme directeur musical, arrangeur et pianiste pour la plupart des enregistrements de celui-ci jusqu’en 1969. Il accompagne également Jacques Blanchet , Pierre Calvé, Renée Claude , Claude Gauthier , Pauline Julien , Pierre Létourneau et Monique Leyrac , entre autres. Pour cette dernière, il fait également les arrangements de plusieurs chansons. En 1967, il joue en tant que soliste pour un concert Mozart dirigé par Raymond Dessaints à la Place des Arts (PDA).
Carrière de soliste
En 1969,
André Gagnon met fin à sa carrière d’accompagnateur pour se consacrer à celles
de soliste, de compositeur et d’arrangeur. Il enregistre Mes quatre
saisons dans le style de Vivaldi sur des thèmes inspirés des chansons
de Jean-Pierre Ferland
, Félix Leclerc
, Claude Léveillée et Gilles Vigneault
. André Gagnon fait partie des artistes
choisis pour représenter le Canada à l’Expo 70 à Osaka, au Japon. Cette
même année, il fait une tournée au Québec avec l’Orchestre symphonique de Québec
. En 1972, il donne un concert de
ses œuvres à la PDA avec l’Orchestre de chambre McGill
. Il se produit en France en 1975 et
en 1976, et au Mexique en 1976. Son nom figure sur de nombreux palmarès.
En 1978, il
présente un spectacle au Massey Hall
de Toronto et à la PDA. Par la
suite, il effectue une tournée au Québec et dans d’autres provinces, ainsi que
dans dix villes des États-Unis (1979). Au printemps 1981, André Gagnon
participe à une série de concerts avec l’Orchestre symphonique de Vancouver
. Dans les années qui suivent, il se
produit au Venezuela, au Mexique, en Roumanie et en Grèce. En 1983, il
enregistre Impressions avec l’Orchestre philharmonique
national de Londres et il interprète le Concerto no 22 de
Mozart avec l’Orchestre symphonique de Montréal
sous la direction de Charles
Dutoit. Il retrouve Claude Léveillée à la PDA pour un spectacle de leurs
anciens succès.
En 1986, après une tournée en Australie, André Gagnon se produit au Spectrum de Montréal. Il participe à un concert symphonique à la Ontario Place de Toronto, suivi de concerts à Ottawa et à la ville de Québec. En 1989, il joue à Tokyo avec l’Orchestre symphonique de Tokyo sous la direction de Kazuyoshi Akiyama. André Gagnon se développe un large public au Japon au cours des quinze années suivantes. Il enregistre et lance à nouveau plusieurs albums pour le marché japonais sous l’étiquette RCA Victor . Il fait sa première tournée dans ce pays en 1991 et y revient sept fois entre 1996 et 2003. Il enregistre son album Noël avec l’Orchestre philharmonique de Prague, en 1992. Il collabore encore une fois avec l’Orchestre philharmonique national en 1994 pour enregistrer Romantique.
Compositions et travail
pour la télévision
Bon nombre
des œuvres d’André Gagnon ont été jouées par des ensembles renommés. Tango a
été enregistrée par le Quatuor à cordes Orford
. « Rencontre est-ouest » sur des
poèmes d’Albert Lozeau, commandée par l’Ensemble vocal Tudor de Montréal
, a été créée par ce dernier en
1984. Son opéra romantique Nelligan, livret de Michel Tremblay, a
été présenté à l’Opéra de Montréal
en 1990 et enregistré sur CD.
Gilles Ouellet en a par la suite complété une orchestration symphonique. Nelligan a
été joué de nouveau, en 1995, par l’OSM, sous la direction de Jacques Lacombe,
à la PDA, à Montréal.
À la
télévision de la SRC,
Gagnon anime l’émission Cri-Cri (1962-1964) et en est l’accompagnateur.
Il est également directeur musical de Moi et l’autre (1966-1970). Il
compose la musique de plusieurs séries, dont Vivre en ce pays
(1967-1971), La Souris verte (1967-1976), Les Forges du Saint-Maurice
(1972-1975), Techno-Flash (1973-1977), Des dames de cœur (1987)
et Un Signe de feu (1989). Il compose la musique de deux ballets, Mad
Shadows (d’après le roman La Belle bête de Marie-Claire
Blais) présenté en première par le Ballet
national du Canada au O’Keefe Centre
de Toronto en 1977, et Adage,
présenté à la PDA par la Compagnie de danse Eddy Toussaint, cette même année.
À titre d’invité, André Gagnon participe à plusieurs émissions de variétés à la télévision, y compris Zoom, Vedettes en direct et Dimanshowsoir. Il compose également la musique de la version télévisée de 1983 du film Kamouraska (1973), réalisé par Claude Jutra.
Cinéma
André Gagnon
compose les trames sonores du film Jeux de la XXIe olympiade
(1977) de l’Office national du film
, et du documentaire de CBS Night
Flight (1977). De nombreux longs métrages suivent et il compose alors la
musique de Running (1979), de Phobia (1980), de Kamouraska (1980), Hot
Touch (v.f. Coup de maître, 1981), Tell Me That You
Love Me (v.f. Dis-moi que tu m’aimes, 1982), The
Pianist (v.f. Le pianiste, 1991), Naran (1995), Pour
l’amour de Thomas (1994) et Le boulard (1995).
Style musical
La musique
d’André Gagnon n’est pas facile à classifier. Elle varie largement et combine audacieusement
des éléments de la musique classique et de la musique pop. Les pastiches du
baroque que sont Les Turluteries et Mes quatre saisons empruntent
des formes et des styles à Vivaldi et Bach, mais ont une signification nouvelle
avec leur incorporation de matériaux mélodiques tirés des cultures populaires
du Québec. Le Petit concerto pour Carignan et orchestre (interprété
en 1976 par Jean Carignan
, et en 1979 par Yehudi Menuhin
dans la série The Music of Man, télédiffusée à la SRC) fait une analogie pleine
d’esprit entre l’écriture pour violon des maîtres du baroque et le style de
violon de Jean Carignan.
D’autres
œuvres de Gagnon visitent des compositeurs d’autres époques : Mozart
dans Cher Amadeus, et Chopin dans Pour endormir ma
mère. Grâce à une main légère, un métier soigné, un cœur apparemment chaleureux
(les pastiches ne sont pas des satires), et sans aucune prétention indue, André
Gagnon créé avec ces œuvres des divertissements basés sur la réconciliation de langages
musicaux trop souvent figés dans des postures d’exclusion mutuelle.
Parallèlement, des compositions comme Neiges, Smash, Chevauchée,
Surprise, Donna et Mouvements établissent André
Gagnon sur les scènes du disco et de la pop.
Distinctions et prix
En 1978,
André Gagnon est nommé Officier de l’Ordre du Canada
. Il reçoit le prix Félix pour l’album
instrumental de l’année à douze reprises, entre 1978 et 2017 pour ses
disques Le Saint-Laurent, Virage à gauche, Impressions, Comme dans un
film, Des dames de cœur, Noël, Romantique, Éden, Histoires rêvées et Piano
solitude, Les chemins ombragés et Les voix intérieures. D’autres
prix Félix lui sont attribués pour Nelligan comme spectacle de
l’année en 1990, Juliette Pomerleau pour la meilleure trame
sonore originale en 1999, ainsi qu’un Félix pour l’artiste québécois le plus
célèbre à se distinguer à l’extérieur du Québec, en 1977 et en 1989.
André
Gagnon remporte un prix Juno
pour Neiges, l’album
le plus vendu au Canada en 1977, et deux autres comme artiste instrumental de l’année,
un pour Le Saint-Laurent en 1978, et un pour Romantique,
en 1997. Il est lauréat d’un Prix Gémeaux pour la trame sonore originale de
l’émission Des dames de cœur, en 1988. La SOCAN
lui décerne le William Harold
Moon Award (1993), un prix de temps d’antenne pour Wow (1999),
un prix Classique de la SOCAN pour Dans ma Camaro (2004) et
le Hagood Hardy
Instrumental Award (2004). Il
reçoit la Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II en 2002, et la médaille
du jubilé de diamant en 2012. Il est nommé Officier de l’Ordre
national du Québec en 2018.