Animaux, élevage des
La science de l'élevage et de l'amélioration génétique des animaux régit l'application des principes de la génétique et de la biométrie à la reproduction des animaux de la ferme, dans un but d'efficacité et de rendement. Ces principes s'appliquaient déjà, il y a des milliers d'années, bien avant que la génétique ou la biométrie n'aient été établies. Les premières domestications remontent à la période néolithique (environ 7000 av. J.-C.), alors qu'on essaie de domestiquer certaines espèces sauvages comme le renne, la chèvre, le porc et le chien.
La domestication se fait par le biais d'accouplements d'animaux en captivité, sélectionnés et accouplés en fonction de leur comportement et de leur tempérament. Si l'on en juge par les dessins retrouvés dans les cavernes, la sélection tenait compte de certains traits caractéristiques comme la couleur de la robe et la présence ou non de cornes. Faute de données consignées, on ne peut retracer avec certitude l'évolution des pratiques d'élevage. Cependant, des documents remontant à plus de 4000 ans indiquent que les humains tenaient compte des ressemblances familiales dans leurs méthodes d'accouplement, qu'ils reconnaissaient le danger de l'élevage intensif en consanguinité et qu'ils utilisaient la castration pour empêcher les mâles indésirables de se reproduire. La performance de ces animaux domestiqués progresse très lentement, et les améliorations sont liées principalement à une meilleure adaptation des animaux à leur environnement.
On considère Robert Bakewell, éleveur britannique du XVIIIe siècle, comme le fondateur de l'élevage systématique. Le premier à souligner l'importance de tenir des registres précis, il introduit le concept de contrôle de descendance pour évaluer le potentiel génétique des jeunes reproducteurs et met en pratique l'élevage en consanguinité pour stabiliser les caractères désirés. Il répand les concepts de « tel père, tel fils », « le pouvoir raceur est associé à la consanguinité » et accoupler le meilleur à la meilleure . Bakewell et ses contemporains européens sont des pionniers dans le développement de diverses races de boeufs (voir Bovins, Élevage des), de vaches laitiéres, de moutons, de porcs et de chevaux.
La plus grande partie du cheptel de race (avec livre généalogique et association de race) est établie entre la fin du XVIIIe siècle et la deuxième moitié du XIXe siècle. Les principaux facteurs servant à différencier les races sont la couleur, la conformation, l'origine géographique et certaines caractéristiques de production. Un autre facteur important dans la création de nouvelles races est la redistribution géographique des populations animales, occasionnée par les envahisseurs, les immigrants ou les commerçants qui ont transporté leur bétail dans de nouveaux pays.
La reproduction animale, en tant que science moderne, appartient au XXe siècle. Malgré l'importance des contributions d'un grand nombre de généticiens et de spécialistes de la biométrie au développement de cette science, J.L. Lush, de l'U. Iowa State, est considéré comme le père de la zootechnie. Lush et ses étudiants ont mis au point des méthodes scientifiques de premier plan pour l'amélioration génétique des animaux de la ferme.
L'amélioration génétique animale au Canada
Les premières études sur le croisement animal sont menées à l'U. de la Saskatchewan, en 1930, sous la direction de J.W. Grant MacEwan et de L.M. Winters. Les premières recherches en génétique quantitative sont entreprises par Jack Stothart, en 1934. Depuis 1940, les stations de recherche d'Agriculture et Agroalimentaire Canada situées à Lacombe et à Lethbridge (Alberta), à Brandon (Manitoba), à Lennoxville (Québec) et à Ottawa font beaucoup de recherches en reproduction animale. Les universités de Guelph, de l'Alberta, McGill et du Manitoba sont également des centres très actifs de recherche et de formation en amélioration génétique animale. La rareté relative de chercheurs et de centres de recherche dans ce domaine s'explique par les coûts élevés de la recherche portant sur l'amélioration génétique des animaux de la ferme.
D'importantes études sur le croisement ainsi que des projets de synthèse des races incluent les recherches de R.T. Berg et de ses collègues de l'U. de l'Alberta et de Howard Fredeen et de ses collèges d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Les résultats d'études à long terme sur le contrôle de la sélection menées par Stothart et Fredeen (porcins), Robert Gowe d'Ottawa (volaille;voir Aviculture) et Berg et des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (bovins) montrent l'efficacité de la sélection systématique et confirment l'hypothèse théorique. La race porcine Lacombe, populaire dans plusieurs pays du monde, est la première race développée au Canada par Stothart et Fredeen.
Méthode statistique
Au cours des deux dernières décennies, des chercheurs de l'U. de Guelph (B.W. Kennedy, J.W. Wilton, L.R. Schaeffer), conjointement avec des chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, ont beaucoup contribué à mettre au point des méthodes statistiques modernes permettant de comparer le potentiel génétique des reproducteurs (principalement les mâles) selon la race ou le troupeau. Ces méthodes tiennent compte de toutes les informations pertinentes sur l'animal et sur ses congénères pour établir la valeur relative de ce dernier en tant que reproducteur.
Contrôle des aptitudes
Les normes adoptées lors d'expositions d'animaux, qui ont fait longtemps autorité pour établir les critères de la race, sont graduellement remplacées par des tests d'aptitudes, qui permettent de mesurer objectivement les différences entre les reproducteurs en regard du taux de croissance et de la production de lait, d'oeufs ou de laine. Partout au Canada, des stations pour le contrôle d'aptitudes servent à évaluer la performance des animaux mâles, principalement des porcs et des bovins, dans des conditions standardisées de croissance, d'indice de consommation et de qualité de la carcasse. De nos jours, les expositions et les foires servent surtout à promouvoir les races et à vendre les animaux de reproduction qui répondent aux critères du contrôle des aptitudes (voir Expositions agricoles).
Recherche en amélioration génétique animale
Au Canada, la recherche en amélioration génétique animale s'intéresse à plusieurs aspects de la question. À McGill, les chercheurs mettent l'accent sur la génétique des malformations congénitales chez les mammifères, particulièrement les humains (voir Maladies héréditaires). À Guelph, la recherche se poursuit sur le raffinement des techniques mathématiques permettant de prévoir le potentiel génétique des animaux de reproduction. Au Veterinary Infectious Disease Organization de l'U. de la Saskatchewan, on applique les techniques de génie génétique(ADN recombiné) à la production de nouveaux vaccins contre les maladies du bétail. Les biotechnologistes tentent d'identifier les gènes responsables d'effets physiologiques et biochimiques importants chez les animaux de la ferme. Le défi des futurs biotechnologistes sera d'arriver à incorporer dans le génome les gènes « désirables » sans pour autant affecter les processus physiologiques normaux. D'autres centres de recherches concentrent leurs travaux sur les aspects théoriques et appliqués de la génétique des populations sur les systèmes de croisement, le contrôle des aptitudes et l'interprétation biologique de la variance génotypique et phénotypique. Les résultats de ces recherches paraissent dans un grand nombre de revues scientifiques, notamment la Revue canadienne de science animale.
Voir aussi Zootechnie.