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Archives de folklore

Archives de folklore. Ce nom désigne à la fois des archives proprement dites où l'on collectionne et conserve les traditions orales des francophones d'Amérique du Nord, et une collection d'ouvrages spécialisés dans ce domaine, les cahiers des Archives de folklore.

Archives de folklore

Archives de folklore. Ce nom désigne à la fois des archives proprement dites où l'on collectionne et conserve les traditions orales des francophones d'Amérique du Nord, et une collection d'ouvrages spécialisés dans ce domaine, les cahiers des Archives de folklore.

Le 28 février 1944, l'Université Laval confiait sa nouvelle chaire de folklore à Luc Lacourcière et inaugurait, dans le même élan, un centre de recherche dont les résultats devaient ensuite être diffusés par l'enseignement, les publications et les autres moyens de communication. Ce geste officiel constituait la reconnaissance de l'enseignement du folklore et des recherches commencées dès 1939 par le professeur Lacourcière dans le programme des cours d'été auxquels participèrent ultérieurement l'anthropologue Marius Barbeau et l'écrivain Félix-Antoine Savard.

Marchant sur les traces de Barbeau qui recueillait chansons, contes et légendes depuis 1914, Luc Lacourcière et Mgr Savard effectuèrent des enquêtes de folklore, récoltant au-delà de 5000 enregistrements sonores comme premier fonds des Archives. Ce nombre se multiplia par la suite grâce à l'apport de nombreux collecteurs. Ce matériel provient entre autres des populations françaises du Québec, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l'Île-du-Prince-Édouard, de l'Ontario, du Manitoba, de la Louisiane et de la Nouvelle-Angleterre. L'accumulation des documents sonores, manuscrits et imprimés amena le bibliothécaire-archiviste, Conrad Laforte (1951-75), et ses collaborateurs à développer un système pratique de classification et à établir des catalogues pour les différentes matières de traditions orales. Un catalogue principal, dit topographique, est complété d'un index géographique et d'un autre d'informateurs. Le bilan statistique de 1990 dénombrait 1404 fonds et collections privés de documents manuscrits et imprimés, 8700 rubans magnétiques et près de 15 000 photographies et diapositives. On y retrouve également plusieurs centaines de volumes ainsi qu'une importante collection d'objets de piété totalisant environ 50 000 pièces. D'un intérêt particulier pour les musiciens et ethnomusicologues sont un catalogue des airs de musique instrumentale décrivant au-delà de 2000 pièces et un catalogue de la chanson folklorique française de plus de 86 000 fiches de références ainsi qu'un laboratoire électronique assurant le service de transcription et de repiquage des rubans magnétiques. De 1956 à 1976, Roger Matton collabora aux Archives à titre de recherchiste et ethnomusicologue, travaillant notamment sur la notation musicale des données orales.

Les Archives de folklore ont accueilli le congrès de l'IFMC en 1961. La même année, l'American Association for State and Local History leur décerna un Award of Merit pour « leur travail remarquable dans la cueillette et la diffusion du folklore et de la musique du Canada français ». Les Archives ont reçu l'appui financier du gouvernement du Québec, des Musées nationaux du Canada (Musée canadien des civilisations) et du CAC ainsi que des dons privés. Depuis 1976, les professeurs-chercheurs qui oeuvrent dans le domaine sont encadrés par le CÉLAT (Centre d'études sur la langue, les arts et les traditions populaires des francophones en Amérique du Nord), tandis que les Archives de folklore assument uniquement et pleinement ses fonctions d'archives spécialisées. En 1981, elles ont été rattachées aux Archives de l'Université Laval, logées dans les locaux de la bibliothèque générale. La direction en est assumée depuis 1975 par l'archiviste et ethnologue Carole Saulnier).

Les cahiers des Archives de folklore ont paru de façon irrégulière à partir de 1946. Les quatre premiers cahiers collectifs contiennent des articles sur les chansons, et les deux suivants, Civilisation traditionnelle des Lavalois, plus de 115 chansons avec musique. Les vol. VII et XVI offrent respectivement un choix de Vieilles chansons de Nouvelle-France de la collection Russell Scott Young et des Chansons de Shippagan de la collection du Dr Dominique Gauthier, transcrites par Roger Matton; le vol. XVII, Poétiques de la chanson traditionnelle française, est suivi des vol. XVIII-XXIII (1977-87), Le Catalogue de la chanson folklorique française par ConradLaforte. Parmi les autres collaborateurs dont les travaux présentent un intérêt particulier pour l'ethnomusicologie, outre Lacourcière et Barbeau, citons François Brassard, Marguerite Béclard d'Harcourt, Rosette Renshaw et soeur Marie-Ursule.