Arsinée Khanjian, actrice (Beyrouth, Liban, 6 sept. 1958). Arsinée Khanjian grandit à Beyrouth et fréquente des écoles nationales arméniennes et catholiques jusqu'à l'âge de 17 ans, où sa famille immigre au Canada et s'installe à Montréal. Elle étudie le théâtre au Conservatoire Lassalle, obtient un diplôme de premier cycle en français et espagnol de l'Université Concordia et une maîtrise en science politique de l'Université de Montréal. Elle joue au théâtre amateur et c'est lorsqu'elle répète pour The Mousetrap en arménien qu'elle fait la rencontre d'un cinéaste alors inconnu nommé Atom Egoyan, de passage à Montréal pour auditionner des acteurs pour son premier long métrage, Next of Kin (1984). Elle décroche un rôle et, depuis, on peut la voir dans chacun des films d'Egoyan qui, également d'origine arménienne, déclare publiquement et à maintes reprises qu'elle est sa « muse arménienne ».
Les trois films suivants d'Egoyan, Family Viewing (1987), Speaking Parts (1989) et The Adjuster (1991; v.f. L'expert en sinistre), ainsi que le court métrage En Passant, de la série Montréal vu par... (1991), mettent en vedette Arsinée Khanjian dans des prestations volontairement stylisées et peu émotives. Toutefois, dans Calendar (1993), Egoyan assouplit son style rigide et Khanjian brille dans la peau d'une femme à l'esprit libre, épouse d'un photographe coincé (joué par Egoyan) qui finalement quitte son mari pour leur séduisant guide touristique.
Arsinée Khanjian interprète le rôle d'une propriétaire de bar de danseuses dans Exotica (1994) d'Egoyan, film qui connaît un vif succès commercial et maintes fois primé, et obtient un rôle récurrent dans la série Side Effects (1994-1996) présentée à la télévision anglaise de la SRC. Puis vient The Sweet Hereafter (v.f. De beaux lendemains) en 1997, film mis en nomination pour un Oscar dans lequel elle joue une mère en deuil qui a perdu son enfant dans un accident d'autobus. Lentement, Khanjian commence à apparaître dans des films d'autres réalisateurs. En 1996, on peut la voir dans Irma Vep d'Olivier Assayas et, en 1998, dans Fin août, début septembre, du même réalisateur. Également en 1998, elle apparaît dans le premier métrage de Don McKellar, Last Night, et dans deux miniséries créées par Ken Finkleman : More Tears, où elle joue le rôle de la femme du personnage interprété par Finkleman, et Foolish Hearts, dans la peau d'une mère immigrée affolée confrontée au système judiciaire, rôle qui lui vaut un prix Gemini.
En 1999, interprétant la mère décédée d'un tueur en série, elle dévoile son côté comique dans une série de vidéos rétrospectifs où on la voit hôtesse flamboyante d'une émission culinaire kitsch des années 1950 dans Felicia's Journey (v.f. Le voyage de Félicia) d'Atom Egoyan. En 2002, elle remporte le prix Génie de la meilleure actrice pour son interprétation émouvante dans Ararat, film réalisé par Egoyan qui traite du génocide arménien. En 2005, elle est en nomination pour un autre prix Génie pour son rôle dans Sabah, une histoire d'amour interculturelle à propos d'une musulmane d'âge mûr d'origine syrienne qui tombe en amour avec un séduisant Canadien non-musulman. Elle joue un petit rôle dans Where the Truth Lies (2005; v.f. La vérité nue) et Adoration (2009), d'Egoyan.
À la télévision, Arsinée Khanjian apparaît également dans Sarabande, le court métrage d'Egoyan qui fait partie de la collection Yo-Yo Ma Inspired by Bach (1997), Foreign Objects de Finkleman (2000) et les séries Made in Canada et The Border. On la voit aussi dans d'autres films comme Code inconnu (2000), Fat Girl (2001; v.f. À ma soeur) et La Masseria delle allodole (2007; v.f. Le mas des alouettes). Elle joue un médecin dans Nobody Else But You (2011; v.f. Poupoupidou).
Arsinée Khanjian a autant de succès au théâtre qu'au cinéma. Pour le Theatre Passe Muraille à Toronto, elle joue dans Wedding Day at the Cro-Magnons (1996) et Beast on the Moon (1997). Elle apparaît dans Dancing at Lughnasa (1999, 2000), qui fait une tournée en Suisse, en France, au Japon et en Allemagne. Elle tient également un rôle dans Stella (2001) de Goethe en France et en Suisse ainsi que dans Counterfeit Secrets (2002) et Home Is My Road (2003). Elle est en nomination pour un prix Dora pour son interprétation de la mère iraquienne dans Palace of the End (2008) de Judith Thompson.
En 2002, Arsinée Khanjian reçoit la Médaille du jubilé de la reine et, en 2005, elle reçoit le Crystal Award for Creative Excellence by Women in Film and Television.