Arthur Manuel | l'Encyclopédie Canadienne

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Arthur Manuel

Arthur Manuel, chef secwépemc, auteur (né le 3 septembre 1951 à Kamloops, en Colombie-Britannique et mort le 11 janvier 2017). Arthur Manuel était un chef secwépemc qui a défendu les droits des Autochtones au Canada et ailleurs dans le monde. Il était auteur à succès, président de la Native Youth Association, chef de la bande indienne de Neskonlith, président du Conseil tribal de la Nation Shuswap, porte-parole de l’Indigenous Network on Economies and Trade et coprésident du Caucus des peuples autochtones en Amérique du Nord de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies.

Arthur Manuel

Jeunesse

Arthur Manuel naît en 1951 sur le territoire des Secwépemc (Shuswap). Son père, George Manuel, était de la nation Secwépemc et sa mère, Marceline (née Paul), était de la nation Ktunaxa. Il grandit au sein de la bande indienne de Neskonlith, l’une des 17 Premières Nations du vaste territoire des Secwépemc situé dans le centre-sud de la Colombie-Britannique (voir aussi Premières Nations en Colombie-Britannique). Son père a été chef de la bande indienne de Neskonlith, président de la North American Indian Brotherhood of British Columbia et président de la Fraternité nationale des Indiens (devenue l’Assemblée des Premières Nations) et a joué un rôle prépondérant dans la création du Conseil mondial des peuples indigènes.

Arthur Manuel fait face à la discrimination et aux sévices du personnel des pensionnats indiens qu’il fréquente à Kamloops, à Cranbrook et à Mission. Un été, il est arrêté chez lui pour avoir monté sur une voiture de train. Incapable de payer l’amende de 25 dollars, il écope d’une peine de 30 jours dans la prison pour adultes de Spy Hill. Il mentionnera plus tard qu’il a été mieux nourri en prison que dans les pensionnats indiens.

Arthur Manuel fréquente par la suite l’Université Concordia à Montréal.

Militantisme

En 1972, Arthur Manuel est élu président de la Native Youth Association. En août de l’année suivante, il mène les 350 jeunes militants autochtones qui occupent le bâtiment d’Affaires indiennes à Ottawa. Il tient sa promesse à la police d’Ottawa et quitte les lieux au bout de 24 heures, non sans emporter plusieurs dossiers qu’il remet à la Fraternité nationale des Indiens. Ces dossiers contenaient de l’information sur les activités d’Affaires indiennes (voir Ministères fédéraux des Affaires autochtones et du Nord). Peu de temps après, comme Arthur Manuel l’avait annoncé à ses disciples, le gouvernement fédéral met fin à tout financement de la Native Youth Association.

Après l’occupation, il rentre chez lui et épouse Beverly Dick, avec qui il exploite une station-service et a cinq enfants. Il suit plus tard un programme à l’école de droit Osgoode Hall de l’Université York, sans toutefois le finir.

Dans les années 1990, Arthur Manuel redevient une figure publique. Il est élu chef de la bande indienne de Neskonlith à quatre reprises (1995-2003) et président du Conseil tribal de la Nation Shuswap à trois reprises (1997-2003). Il cherche à faire passer l’idée selon laquelle toutes les difficultés que connaissent les peuples autochtones sont liées à la propriété foncière. Il fait valoir qu’il n’y a aucune issue à la pauvreté généralisée si les peuples autochtones ne conservent la propriété que de 0,2 % des terres.

Arthur Manuel est aussi actif dans des organisations internationales. Il devient par exemple porte-parole de l’Indigenous Network on Economies and Trade en 2003, où il contribue à organiser et à faire connaître les activités du réseau un peu partout dans le monde pour rendre justice aux peuples autochtones. En 2013, il copréside le Caucus des peuples autochtones d’Amérique du Nord de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, après avoir coprésidé la Conférence mondiale sur les peuples autochtones en 2012. Aux Nations Unies, il s’oppose farouchement à la doctrine de la découverte prétextée par les églises et les pays colonisateurs pour justifier l’occupation des terres autochtones. Dans chacune de ses fonctions, il œuvre pour la reconnaissance, par les gouvernements et les entreprises, de la légitimité des droits issus des traités et des titres fonciers des populations autochtones (voir aussi Titre autochtone; Traités avec les peuples autochtones au Canada; Droits des Autochtones au Canada).

En 2012, Arthur Manuel fait l’éloge du mouvement Idle No More, qu’il juge essentiel à la reconnaissance des droits ancestraux. « Les organisations de l’establishment ont aujourd’hui tout le nécessaire pour apporter des changements de la plus haute importance dans ce pays », fait-il savoir.

Livres

Arthur Manuel et Ronald Derrickson sont les auteurs du livre à succès Unsettling Canada: A National Wake-up Call. Ce livre a remporté l’édition 2016 du prix du livre en histoire autochtone de la Société historique du Canada. Il décrit la lutte menée pour les droits des Autochtones au cours des 50 dernières années et défend l’idée selon laquelle la justice pour les peuples autochtones est une question d’intérêt pour toute la population canadienne.

En 2017, Arthur Manuel et Ronald Derrickson publient The Reconciliation Manifesto. Ils y affirment que le travail de réconciliation frappe un mur parce que les gouvernements fédéral et provinciaux adoptent les attitudes et processus coloniaux du passé dans les négociations et les relations avec les peuples autochtones.

Mort

Arthur Manuel meurt d’une insuffisance cardiaque congestive le 11 janvier 2017 à 65 ans. Il laisse dans le deuil son épouse, Nicole Schabus, quatre de ses enfants et neuf petits-enfants. La Union of British Columbia Indian Chiefs résume très bien l’opinion générale vis-à-vis de lui, affirmant qu’« il était, sans aucun doute, l’un des dirigeants autochtones les plus forts et les plus éloquents du Canada dans la défense de nos terres ancestrales et de nos droits ».