Auger, Louis Mathias
Louis Mathias Auger, politicien, journaliste (Contrecoeur, 3 avril 1902 - St-Joseph de Chambly, aujourd'hui Carignan, 6 mars 1966).
Originaire de Contrecœur (Québec), Louis Mathias Auger est le fils de Louis Auger, épicier, et d'Alphonsine Cusson. Au début des années 1900 et dans un souci d'améliorer leur condition de vie, la famille Auger, à l'instar de beaucoup de familles canadiennes-françaises, s'installe en Nouvelle-Angleterre où débute la scolarité de Louis Mathias. En 1912, la famille Auger revient au Canada, plus spécifiquement à Hawkesbury, en Ontario. Le jeune Auger, alors âgé de 10 ans, continue ses études à l'école primaire catholique puis ensuite à Ottawa, à l'École secondaire de l'UNIVERSITÉ D'OTTAWA.
Étudiant brillant et des plus prometteurs, Louis Mathias Auger termine ses études à l'Université d'Ottawa, bachelier en philosophie (1923) suivi en 1924 d'un baccalauréat es arts, reçu avec grande distinction; il décroche aussi plusieurs médailles du mérite, dont une médaille d'or offerte en 1920 par l'Association Saint-Jean-Baptiste d'Ottawa, une médaille de bronze en 1922 de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et une médaille d'or de l'Association canadienne-française d'éducation d'Ontario en 1923. En 1924, Auger devient préfet de discipline adjoint à l'Université d'Ottawa où il enseignera le français, l'histoire, les mathématiques et la rédaction.
Un an plus tard, s'amorce la carrière politique de L. M. Auger. C'est sous la bannière libérale indépendante qu'il se fera élire député fédéral de Prescott, le 14 septembre 1926. À 24 ans, il devient ainsi le plus jeune député de la CHAMBRE DES COMMUNES. Avec un clin d'œil admiratif, la presse écrite le surnomme « Baby of Parlement » et ses commettants lui colle l'étiquette de « Boy Orator ».
Tout en étant député de Prescott à Ottawa, Auger s'inscrit à l'école de droit Osgoode Hall (Toronto). En février 1929, au cours de son mandat comme député à la Chambre des communes, une jeune fille de dix-sept ans, Laurence Martel, qui espérait trouver un emploi dans la fonction publique, porte contre lui une accusation de viol. Accusé formellement, L.M. Auger démissionne de son poste de député le 21 mars 1929.
De 1929 à 1930 et ce, au terme d'une série de cinq procès non concluants, Auger est innocenté de l'accusation de viol mais déclaré coupable de séduction. On lui impose la peine maximale (deux ans) et il est incarcéré au pénitencier fédéral de Kingston. En 2007 et 2008, des études de la juriste Constance Backhouse, « "Calculated to Reflect on the Dignity of Parliament": Rape in the House of Commons, Ottawa 1929 » et « Rape in the House of Commons: The Prosecution of Louis Auger, Ottawa 1929 », ainsi qu'un récit historique romancé, Doucement le bonheur (Sudbury, Prise de parole, 2006) et une pièce de théâtre Le Témoin (2007) signés par Marguerite Andersen, retraceront les moments marquants de ce fait divers survenu en 1929, dans l'enceinte du Parlement à Ottawa.
À sa libération et de retour dans le comté de Prescott, L.M. Auger tente de retourner en politique mais il est défait à deux reprises. La politique municipale lui permettra cependant de continuer à œuvrer pour sa communauté en tant que maire, 1936-37 et entretemps comme éditeur-rédacteur du journal Le Peuple.
En 1937, Louis Mathias Auger s'installe à Montréal. Défait sur la scène provinciale comme candidat, il occupera alors diverses fonctions comme enseignant et libraire. Dans un souci de toujours servir ses concitoyens et dans un élan de visionnaire, il mettra sur pied une bibliothèque mobile dans le quartier St-Henri de Montréal, '' Le Palais du livre''. Il sera de plus inspecteur de munitions et rédacteur au journal La Patrie.
Marié de 1934 à 1946 à Bernadette Goyer, Louis M. Auger, devenu veuf, s'installe alors à Chambly et en 1947 se marie en secondes noces à Marie-Berthe Villemaire. Le couple aura quatre enfants : Françoise, Anne-Marie, Louis III et Hyacinthe. De 1955 à 1959, retour à la scène municipale lorsqu'il est élu maire de Saint-Joseph-de-Chambly. Travaillant dans le secteur immobilier, Louis M. Auger occupera, pendant douze ans (jusqu'à sa mort), le poste de président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Chambly.
Homme dévoué à sa communauté et de grande culture, concerné par la cause du français au Canada, Louis Mathias Auger réussit à se relever et à surmonter nombre d'écueils grâce à sa résilience et à sa détermination. Il meurt à Carignan, (Québec) le 6 mars 1966, à l'âge de 63 ans. Des années après son décès, son fils Hyacinthe fit don de plus de 400 volumes historiques dont l'œuvre complète du chanoine Lionel GROULX - fonds Louis Auger - à la Société d'histoire de Chambly.