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Charles de Beauharnois de La Boische, marquis de Beauharnois

Charles de Beauharnois de La Boische Beauharnois, Marquis de Beauharnois (baptisé le 12 octobre 1671 à La Chaussaye, près d’Orléans en France; décédé le 12 juillet à Paris, en France). Charles de Beauharnois était officier de la marine durant les guerres de Louis XIV. De 1726 à 1747, il a été gouverneur de la Nouvelle-France. Il a initialement cultivé les relations entre les Autochtones et les Français, et a défendu la Nouvelle-France contre les incursions britanniques. Cependant, la perte de Louisbourg en 1745 et la détérioration subséquente des relations avec les alliés autochtones se sont produites sous son autorité, et elles ont contribué à la conquête éventuelle de la Nouvelle-France.

Marquis de Beauharnois
Le marquis de Beauharnois, tableau de Robert Levrac-Tournières, vers 1748.

Carrière navale

Charles de Beauharnois naît dans une famille française riche et influente. La famille est propriétaire de vastes étendues de terrain et elle profite des avantages des postes de nominations royales. Charles de Beauharnois est officier de la marine française pendant 20 ans et participe à diverses guerres ainsi qu’à huit grandes batailles importantes. En 1703, il est nommé capitaine de son premier navire, le Seine. Il commande ensuite plusieurs autres navires et est fait chevalier du distingué Ordre de Saint-Louis pour son courage et sa vertu en 1718. En 1741, il est promu contre-amiral.

Mariage et poursuites

À 46 ans, Charles de Beauharnois épouse Renée Pays, la riche veuve de l’un des conseillers du roi. Grâce à ce mariage, il prend le contrôle d’une somme d’argent substantielle et d’investissements. Ces investissements comprennent un domaine de plantations de sucre dans la colonie de Saint-Domingue en Haïti, sur lequel travaillent des personnes réduites en esclavage.

Le mariage de Charles de Beauharnois n’est pas un mariage heureux. En 1719, après seulement trois ans passés ensemble, sa femme intente une poursuite pour séparation légale. Les enfants de celle-ci, qui sont alors adultes, intentent une poursuite pour leur héritage. Charles de Beauharnois répond avec des contre-poursuites; les batailles juridiques font rage pendant des années. Les enfants ont éventuellement droit à une partie de l’argent qu’ils ont réclamé. Renée Pays meurt en 1744, n’ayant jamais obtenu sa séparation.

Gouverneur de la Nouvelle-France

En février 1726, le roi nomme Charles de Beauharnois gouverneur de la Nouvelle-France, en tant que successeur de Philippe de Rigaud de Vaudreuil. Charles de Beauharnois arrive à la ville de Québec, au mois d’août. Le défi le plus important de la colonie à cette époque est de gérer les termes du Traité d’Utrecht de 1713; il met fin aux hostilités britanniques et françaises de la Guerre de la Succession d’Espagne (de 1701 à 1714). Le traité donne à la Grande-Bretagne le contrôle de Terre-Neuve, de l’Acadie (Nouveau-Brunswick et Nouvelle-Écosse), de la baie d’Hudson, et des routes de la traite des fourrures dans la vallée de l’Ohio. Il marque la fin de l’expansion française en Amérique du Nord et le début de la domination britannique.

Charles de Beauharnois doit agir de manière défensive pour protéger le territoire français, les échanges avec les Autochtones et les traités. Par exemple, en réaction à la construction d’un fort lourdement armé de la Province de New York à Oswego sur la rive sud du lac Ontario, Charles de Beauharnois renforce les forts de Magazin Royal (Youngstown, New York), de Toronto, de Fort Frontenac et de Détroit.

Deuxième guerre des Renards (de 1727 à 1733), entre les Français et les Mesquakies

Lorsque Charles de Beauharnois devient gouverneur de la Nouvelle-France en 1726, la traite des fourrures de l’ouest est temporairement interrompue par la première guerre des Renards (de 1712 à 1716), une guerre entre les Français et les Mesquakies. En 1727, afin d’entretenir plus de commerce avec les Sioux, Charles de Beauharnois envoie une expédition pour établir un fort en amont du fleuve Mississippi. Cette décision déclenche une autre confrontation avec les Mesquakies (les Renards); ceux-ci viennent de l’ouest de Green Bay sur le lac Michigan, et sont des ennemis des Sioux. Pour ces raisons, les Mesquakies réagissent à l’initiative de Charles de Beauharnois avec violence. Ils tuent des marchands de l’Illinois et de la France, et menacent les Sioux.

En 1728, Charles de Beauharnois envoie 1700 troupes françaises et guerriers autochtones sur le territoire des Mesquakies. Cette deuxième guerre des Renards est dévastatrice pour les Mesquakies. Les forces françaises brûlent leurs villages et tuent les réfugiés en fuite ou les vendent en esclavage. Charles de Beauharnois, qui est lui-même propriétaire de 27 esclaves en Nouvelle-France, condamne Kiala, le chef des Mesquakies, à l’esclavage en Martinique. Il promeut également Jean-Charles D’Arnaud pour avoir tué ses prisonniers Mesquakies au lieu de les avoir réduits en esclavage. En 1735, la nation des Mesquakies est détruite. De nombreux historiens considèrent que les actions de Charles de Beauharnois contre les Mesquakies sont un génocide.

La seconde guerre des Renards (de 1728 à 1733) fait augmenter le commerce français à l’ouest du lac Huron, mais elle suscite la méfiance parmi les alliés autochtones. Charles de Beauharnois fait tripler le budget des dons envers les nations autochtones qui restent donc fidèles et loyales envers la Nouvelle-France (voir aussi Relations entre les Autochtones et les Français).

La guerre du roi George

Lorsque Charles de Beauharnois n’est pas occupé à se quereller avec divers intendants de la Nouvelle-France, il se prépare à la prochaine, inévitable guerre entre les Français et les Anglais. Il renforce les fortifications de la ville de Québec et veille à l’achèvement trop longtemps retardé du mur de pierre entourant Montréal. Il protège également le territoire du sud de la Nouvelle-France en construisant le Fort Saint-Frédéric, à l’extrémité sud-ouest du lac Champlain.

En juin 1744, la nouvelle d’une nouvelle guerre entre la France et la Grande-Bretagne arrive à la ville Québec. Il s’agit de la troisième phase de la guerre de la Succession d’Autriche, appelée la guerre du roi George (de 1744 à 1748). L’une des principales motivations de cette guerre est de déterminer laquelle des grandes puissances contrôlera l’Amérique du Nord. Charles de Beauharnois donne l’ordre de construire encore plus de fortifications de défense autour de la ville de Québec, des palissades en terre le long de la rivière Saint-Charles, des postes de transmission le long du fleuve Saint-Laurent, et des renforts pour les forts de Niagara et de Kingston.

Trois années de mauvaises récoltes remettent en question la capacité de Charles de Beauharnois d’assurer de l’approvisionnement fiable pour la population de Québec, des marchandises suffisantes pour maintenir la loyauté des alliés autochtones, et des provisions pour soutenir les actions militaires de grande envergure. Néanmoins, Charles de Beauharnois donne l’ordre d’effectuer des attaques contre les colonies britanniques qui se trouvent à l’endroit qui deviendra plus tard Charlestown au New Hampshire; à Schuylerville, New York; et à Williamstown, dans le Massachusetts. Il y a peu d’effusions de sang, mais des maisons et des récoltes sont incendiées. Il s’ensuit des attaques limitées et des contre-attaques sur un certain nombre de forts et de colonies françaises et britanniques. Certaines des attaques les plus importantes ont lieu en février 1747; 500 Français, Micmacs et Acadiens reprennent contrôle de Grand-Pré en Acadie, dans un combat qui dure 12 heures, au beau milieu d’une tempête de neige aveuglante. La victoire des Français contraint les Britanniques à battre en retraite à Annapolis Royal.

Charles de Beauharnois n’offre aucun soutien lorsque les Britanniques attaquent la forteresse de l’île du Cap-Breton, à Louisbourg. Il ne tient pas compte de la valeur du fort pour son rôle dans la traite, le commerce, la pêche et la défense, et il le laisse terriblement en manque de troupes. Lors de la défaite militaire la plus frappante de la guerre, la Grande-Bretagne prend Louisbourg le 15 juin 1745. Cette capture offre à la Grande-Bretagne une base fortifiée à partir de laquelle elle peut perturber les communications et le commerce des Français. Plusieurs tentatives infructueuses sont faites pour reprendre Louisbourg, qui demeure aux mains des Britanniques.

Charles de Beauharnois négocie avec les alliés autochtones tout au long de la guerre. Pendant trois années consécutives, l’insuffisance de munitions et de biens échangés atteint Québec, principalement à cause de la rupture dans la chaîne d’approvisionnement qui suit la perte de Louisbourg. Ceci permet aux colonies de la Nouvelle-Angleterre qui sont mieux approvisionnées d’offrir de meilleurs prix et d’échanger des marchandises avec les peuples autochtones. Seuls parmi la Confédération des Six-Nation, les Haudenosaunee (Iroquois) décident de demeurer neutres. D’autres nations qui sont depuis longtemps alliées avec les Français changent de camp; elles s’engagent dans de courts combats qui tuent des marchands français et qui incendient des colonies françaises. En mars 1747, Charles de Beauharnois déclare la guerre aux Kanyen’kehà:ka (Mohawk). En juin 1747, une force française remporte une écrasante victoire sur un groupe de Mohawks largement dépassé en nombre à Châteauguay.  

Legs

La perte de Louisbourg et la détérioration des relations de la Nouvelle-France avec les alliés autochtones, qui se produisent toutes deux sous l’autorité de Charles de Beauharnois, contribuent grandement à l’éventuelle conquête de la Nouvelle-France, au début des années 1760. Charles de Beauharnois retourne en France en octobre 1747. Il meurt à Paris en 1749. Une ville près de Montréal porte son nom, ainsi que la centrale hydroélectrique de Beauharnois au sud-ouest de Montréal, l’une des plus importantes centrales hydroélectriques du monde.