Biologie moléculaire
La biologie moléculaire, une branche de la BIOCHIMIE, étudie la structure, la synthèse et la dégradation des macromolécules (les très grosses molécules) des cellules vivantes, ainsi que leur régulation métabolique (le contrôle de leur synthèse ou de leur dégradation dans la cellule) et leur expression (comment l'information GÉNÉTIQUE contrôle leur synthèse et leur structure). Les macromolécules comprennent les acides nucléiques, ADN (acide désoxyribonucléique) et ARN (acide ribonucléique), les protéines (y compris les enzymes), les glucides, les complexes formés de glucides et de protéines et les lipides (les cires et les gras produits par les cellules). Le terme a été utilisé pour la première fois par Oswald T. Avery vers la fin des années 40 et a été associé dès le début à l'étude des acides nucléiques.
ADN
À la suite de leur travail sur les BACTÉRIES, les chercheurs canadiens Oswald Avery et Colin M. MacLeod et l'Américain Maclyn McCarty ont été les premiers à prouver que l'ADN constituait le matériel génétique de la cellule (1944). L'ADN a une structure en « double hélice ». Cette structure a été décrite pour la première fois en 1953 par l'Américain J.D. Watson (prix Nobel, 1962), qui a été influencé par le travail d'Avery, et par le chercheur britannique Francis Crick. La double hélice est formée d'un « squelette » fait de deux chaînes antiparallèles de sucres et de phosphates réunies entre elles par des paires complémentaires de bases azotées.
La description de l'appariement des bases azotées par l'Américain Edwin Chargaff ainsi que les recherches de la biophysicienne Rosalind Franklin sur la diffraction des rayons X ont contribué de façon importante à la découverte de Watson et de Crick. Peu avant la découverte de la structure de l'ADN par Crick et Watson, G. Wyatt, aujourd'hui à l'emploi de l'U. Queen, avait décrit la 5-méthylcytosine, une importante base azotée constituant l'ADN, et avait confirmé que les bases azotées, dans l'ADN, sont appariées deux à deux. Il avait aussi déterminé la composition en bases azotées de nombreux échantillons d'ADN.
Ce sont les biochimistes français Jacques Monod et François Jacob (PRIX NOBEL, 1965) qui ont émis l'hypothèse que l'ADN servait de matrice à la formation de l'ARN. On appelle transcription le mécanisme par lequel l'ARN est produit à partir de l'ADN et traduction la production de protéines à partir de l'ARN. Après traduction, la protéine nouvellement produite peut, selon le type de cellule, subir de nombreuses transformations (p. ex. l'ajout de glucides ou de lipides), formant ainsi les protéines complexes caractéristiques de la structure de nombreuses cellules.
Virus
Une grande partie de la recherche en biologie moléculaire porte sur les VIRUS, lesquels constituent la forme de vie la plus simple. Ils ne possèdent ni structure complexe, ni membrane cellulaire. Le chercheur canadien Felix d'Herelle a été parmi les premiers à faire des recherches fondamentales sur les virus. C'est lui qui a découvert les bactériophages (virus affectant les bactéries). Les virus sont composés d'ADN ou d'ARN associé à des protéines. Ils constituent donc de bons modèles pour l'étude de la réplication (la synthèse de l'ADN), de la transcription et de la traduction.
Les bactériophages ont été les premiers étudiés de façon approfondie. On comprend mieux la synthèse de l'ADN dans ces virus surtout grâce aux études faites par le biochimiste américain A. Kornberg (prix Nobel, 1959). Plus récemment, on a utilisé les virus eucaryotes (ceux qui s'attaquent aux cellules contenant un noyau véritable). On peut considérer le virus comme un microcosme des cellules et des tissus animaux. Les mécanismes contrôlant son activité biochimique sont semblables à ceux des cellules. Les virus dont le matériel génétique est composé d'ARN sont appelés rétrovirus. Certains rétrovirus sont considérés comme responsables du CANCER chez l'homme. Cependant, la plupart des virus qui attaquent les cellules eucaryotes sont des virus à ADN.
Génie génétique
La biologie moléculaire s'est surtout développée à la suite de la mise en oeuvre des techniques de l'ADN recombinant (GÉNIE GÉNÉTIQUE). Ces techniques ont été rendues possibles par la découverte et l'isolement, en 1970, des enzymes de restriction par le biochimiste américain Hamilton Smith (prix Nobel, 1978). Les enzymes de restriction permettent de couper la molécule d'ADN en des points bien précis (des séquences précises de bases). Des enzymes de liaison permettent de relier ensemble des fragments d'ADN.
C'est en 1977 qu'on a réussi pour la première fois à former de l'ADN recombinant formé de segments d'ADN provenant d'un mammifère insérés dans de petites structures bactériennes appelées plasmides. Les plasmides sont de petites boucles d'ADN présentes dans certaines bactéries, mais qui ne font pas partie du chromosome de la bactérie. La seconde découverte d'importance est celle de l' « épissage des gènes ». Dans les cellules eucaryotes, le brin d'ARN immédiatement produit à partir de l'ADN est plus grand que le brin d'ARN messager utilisé pour produire la protéine. En effet, les segments d'ARN produits qui ne sont pas nécessaires à la production de la protéine sont découpés et les segments restant sont liés ensemble.
Ces découvertes ont été suivies par le développement de méthodes puissantes, rapides et relativement faciles permettant de séquencer l'ADN (déterminer l'ordre des bases azotées formant la molécule). Différentes techniques ont été développées par le laboratoire de Walter Gilbert (Cambridge, Massachusetts) et par celui de Fred Sanger (Cambridge, Angleterre). Gilbert, Sanger et Paul Berg, un Californien qui a été le premier à pratiquer des expériences de clonage, ont reçu le prix Nobel en 1980. L'automatisation du séquençage de l'ADN, développée par Leroy Hood, a rendu possible le projet de génome humain ainsi que d'autres mégaprojets de séquençage de bactéries, de champignons et d'unNÉMATODE .
Évolution de la génétique classique et moléculaire
Apport du Canada
Les Canadiens ont grandement contribué au développement de la biologie moléculaire. Gobind Khorana (prix Nobel, 1968), qui a été le premier à synthétiser chimiquement une molécule d'acide nucléique, a commencé ses recherches aux BC Fisheries Research Laboratories à Vancouver. Gordon Tener et Michael Smith ont été parmi les nombreux étudiants de Khorana. Tener a développé une colonne chromatographique pour séparer les acides nucléiques en fonction de leur taille, une invention qui a eu un impact extrêmement grand en biologie moléculaire. Smith, quant à lui, était membre de l'équipe de Sanger lors du premier séquençage de la molécule d'ADN d'un virus en 1977.
Différentes équipes entreprennent maintenant des recherches en biologie moléculaire dans les laboratoires des facultés de médecine et de sciences des principales universités canadiennes, dans les laboratoires des compagnies de BIOTECHNOLOGIE de la plupart des provinces et dans les nombreux laboratoires provinciaux et fédéraux.
Voir aussiCONSEIL NATIONAL DE RECHERCHES DU CANADA; RECHERCHE, ORGANISMES PROVINCIAUX DE.