Jeunesse et formation
John Buchanan naît en 1931 à Sydney, en Nouvelle-Écosse. Il est le premier d’une fratrie de cinq enfants issus de l’union entre Murdoch et Flora Buchanan. Murdoch, toutefois, meurt lorsque John a 11 ans. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires à la Sydney Academy, John commence à travailler à l’aciérie de Sydney.
Il quitte éventuellement l’île du Cap-Breton pour étudier à l’Université Mount Allison, où il obtient un baccalauréat ès sciences et un certificat de génie en 1954. Il étudie ensuite la métallurgie au Nova Scotia Technical College, puis le droit à l’Université Dalhousie. Il commence à pratiquer le droit à Halifax après l’obtention de son diplôme en 1958.
Débuts en politique
John Buchanan se lance en politique provinciale en 1967, année où il est élu député progressiste-conservateur à l’Assemblée législative de Nouvelle-Écosse. Sous Robert Stanfield, il représente le nouveau comté de Halifax Atlantique. Lorsque Robert Stanfield se retire de la scène politique provinciale, John Buchanan est nommé au Cabinet du premier ministre George Isaac Smith, sous lequel il est ministre des Pêches et des Travaux publics en 1969-1970.
Bilan électoral
Le 6 mars 1971, John Buchanan est choisi comme nouveau chef du Parti progressiste-conservateur provincial en remplacement de George Isaac Smith. Il perd toutefois ses premières élections en 1974 contre le premier ministre provincial libéral Gerald Regan. Quatre ans plus tard, le 19 septembre 1978, John Buchanan mène les progressistes-conservateurs à la victoire en obtenant 31 sièges sur 52 à l’Assemblée. Il devient ainsi, le 5 octobre 1978, le 20e premier ministre de la Nouvelle-Écosse.
John Buchanan reconduit son gouvernement minoritaire aux élections de 1981, avec 37 sièges. Il gagne également un troisième mandat en 1984 grâce à une victoire écrasante de 42 sièges. Son succès vient en grande partie de son charme simple et de sa capacité à sympathiser avec Monsieur et Madame Tout-le-Monde. Avec sa femme Mavis, il mène des campagnes électorales sans fausse note. Il prend même le temps, pendant ses visites dans les petites collectivités de part et d’autre de la Nouvelle-Écosse, de s’asseoir avec les électeurs le temps d’un thé amical, même s’ils sont des partisans libéraux de longue date.
Malgré tout, le règne de John Buchanan ne dure pas éternellement. Malgré une quatrième victoire aux élections en 1988, l’administration de Buchanan connaît de sérieux coups dans ses dix dernières années de règne. En effet, la vitalité et la puissance du gouvernement de John Buchanan sont affaiblies par la dette provinciale croissante et les scandales financiers, si bien que les progressistes-conservateurs n’obtiennent qu’une mince majorité, avec 28 sièges.
Mandat de premier ministre
En tant que premier ministre provincial, Buchanan se concentre, parfois sans succès, sur plusieurs projets, dont la revitalisation de Sysco, une aciérie publique construite à Sydney sur l’île du Cap-Breton; le contrôle des dépenses énergétiques locales; l’ouverture de nouvelles mines pour augmenter la production de charbon; le développement des ressources pétrolières extracôtières; et le projet de construction d’une ligne de transmission sous-marine vers la Nouvelle-Angleterre transportant de l’électricité au charbon. Son gouvernement réussit également à promouvoir un projet pilote de production d’énergie marémotrice dans le bassin d’Annapolis; il s’agit d’un premier pas vers l’exploitation de la force des marées de la baie de Fundy. La centrale marémotrice d’Annapolis, première de son genre en Amérique du Nord, commence ses activités en 1984.
Après son premier mandat, John Buchanan défend aussi les intérêts de la population acadienne de Nouvelle-Écosse. Il nomme quelques Acadiens à son cabinet, promeut le droit à l’éducation en français et la création de commissions scolaires francophones, et lutte pour que les services gouvernementaux soient offerts en français dans les collectivités acadiennes.
Le 17 avril 1982, John Buchanan est nommé membre du Conseil privé du Canada. Il rejoint ainsi d’autres premiers ministres ayant participé aux négociations entourant le rapatriement de la Constitution canadienne. John Buchanan fait partie du « groupe des huit », le nom qu’on donne à une poignée de premiers ministres qui s’opposent à toute entente incluant une nouvelle Charte des droits et libertés qui réduirait les pouvoirs législatifs des provinces. Cet enjeu est ultimement réglé par l’inclusion d’une disposition dérogatoire à la Charte qui permet aux provinces de se soustraire de certaines mesures portant atteinte aux droits et privilèges de leur gouvernement.
En Nouvelle-Écosse, John Buchanan reçoit le surnom de « Teflon John » pour son habileté à contourner les scandales. Les allégations les plus sérieuses arrivent à la fin du règne du premier ministre, de la bouche de l’ancien sous-ministre des Services gouvernementaux Michael Zareski. Ce dernier soutient en effet que des membres de l’administration Buchanan ont offert des contrats publics à leurs amis en échange de pots-de-vin. Michael Zareski détaille, dans le cadre d’une séance de deux heures devant le comité législatif de la Nouvelle-Écosse en juin 1990, le prétendu système de népotisme à grande portée en place sous John Buchanan. D’autres allégations plus tard accusent John Buchanan lui-même d’avoir accepté des paiements de fonds en fiducies pour éliminer les dettes issues d’investissements immobiliers. En septembre 1991, toutefois, la GRC conclut qu’il n’existe aucune preuve d’actes criminels commis par John Buchanan.
Éventuellement, l’accumulation de scandales devient trop importante pour que John Buchanan puisse poursuivre son règne. En septembre 1990, après douze années comme premier ministre, il démissionne et laisse à Roger Bacon la responsabilité intérimaire de diriger la province jusqu’aux prochaines élections. Presque immédiatement après sa démission, John Buchanan est nommé au Sénat par le premier ministre fédéral Brian Mulroney.
Sénat
John Buchanan siège au Sénat pendant près de 16 années, durant lesquelles il continue de défendre les droits des Acadiens, notamment en ce qui a trait à l’éducation et la langue française. Il démissionne le 22 avril 2006, lorsqu’il atteint l’âge de retraite obligatoire du Sénat fixée à 75 ans. Un critique ponctuel du Sénat, John Buchanan soutient l’idée d’une chambre haute élue, bien qu’il comprenne la difficulté que cela représenterait de voter un tel changement constitutionnel.
Les politiciens fédéraux qui voyagent les fins de semaine d’Ottawa jusqu’à leur circonscription dans les provinces de l’Atlantique se souviennent de la façon dont John Buchanan retardait tous les vols vers Halifax dans lesquels il prenait place. Comme l’a raconté la sénatrice Jane Cordy lors d’un discours d’adieu adressé à John Buchanan : « Si vous étiez assis à l’avant de l’avion, ça prenait un temps fou pour faire monter tous les passagers, parce que vous connaissiez presque tout le monde et qu’ils s’arrêtaient tous pour vous parler avant d’aller s’asseoir. »
Après la politique
John Buchanan a reçu de nombreuses récompenses et distinctions, y compris cinq doctorats honorifiques de la part d’universités des provinces maritimes.
En 2012, le magazine Policy Options publie une liste d’experts des 18 meilleurs premiers ministres provinciaux des 40 dernières années. John Buchanan est nommé au palmarès, où il partage la 18e place.
Pendant un discours donné en 2010, John Buchanan urge les Néo-Écossais de cultiver une plus grande fierté pour leur province : « Nous ne vantons pas assez les mérites de la Nouvelle-Écosse — nous passons notre temps à la critiquer. Il y a parfois trop de pessimisme dans les médias et partout ailleurs. Vantez les gens, les ressources, les entrepreneurs — comme vous qui êtes ici ce soir — et vantez notre héritage en tant que berceau de l’Écosse nouvelle. »