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Chansons de sinistres

Chansons de sinistres. Des désastres ont inspiré beaucoup de ballades, dont un bon nombre ont été composées au Canada.

Chansons de sinistres. Des désastres ont inspiré beaucoup de ballades, dont un bon nombre ont été composées au Canada.

Incendies et explosions
L'incendie de Miramichi, qui fait rage en 1825 sur le cinquième du territoire du Nouveau-Brunswick, détruisant plusieurs villes et obligeant 1500 personnes à quitter leur foyer, suscite « The Miramichi Fire » dont les paroles sont attribuées à John Jardine. Cette chanson survit par la tradition orale au Nouveau-Brunswick et dans le Maine.

Plus tard, une ballade, « The Halifax Explosion » (Maritime Folk Songs de Helen Creighton, 1962), décrit la catastrophe du 6 décembre 1917 causée par la collision dans le port d'Halifax de deux navires dont l'un est chargé d'explosifs. L'explosion détruit une grande partie de la ville et fait quelque 1200 victimes.

Sinistres miniers
Deux sinistres miniers à Springhill, en Nouvelle-Écosse, inspirent des ballades. Le premier, une explosion survenue en 1891, est décrit dans « Springhill Mining Disaster » et dans la chanson acadienne « La Complainte de Springhill » (Maritime Folk Songs). Le second a trait à l'emprisonnement accidentel de 12 mineurs dans un puits de mine durant huit jours en 1958. L'un d'eux est Maurice Ruddick, « le mineur chantant » qui, en encourageant ses compagnons à chanter en chœur avec lui, les aide à garder courage. Par la suite, il décrit cette épreuve dans des couplets sur la mélodie de « I've Been Working on the Railroad ». L'accident incite également les chanteurs Peggy Seeger, une Américaine, et Ewan MacColl, un Britannique, à écrire « The Ballad of Springhill ».

Les autres chansons inspirées de sinistres miniers incluent « New Waterford's Fatal Day », « Rescue from Moose River Gold Mine » de Wilf Carter et « Draegerman Bold » de Harry Adams.

Glissement rocheux et effondrement de pont
Le glissement rocheux de Turtle Mountain qui, en 1903, ensevelit une grande partie de la petite ville de Frank, en Alberta, inspire, des années plus tard, « Ballad of the Frank Slide » de Robert Gard (BMI Canada 1949) et « How the Mountain Came Down » de Stompin' Tom Connors.

L'effondrement du pont Second Narrows à Vancouver, en 1958, inspire à Connors « The Bridge Came Tumblin' Down ».

Disparitions en mer et dans les Grands Lacs
Une vieille chanson de marin, « Lady Franklin's Lament » (probablement écrite au Royaume-Uni), rappelle la disparition de l'expédition Franklin dans l'Arctique canadien en 1845. Les sinistres impliquant des cargos et des paquebots sont encore plus nombreux. Parmi la multitude de ballades portant sur des naufrages figurent celles décrivant la perte de l'Atlantic, de l'Eliza, du Florizel, du Greenland, du John Harvey et du Southern Cross . Presque chaque vaisseau naufragé a inspiré une ballade, et des dizaines survivent par tradition. Kenneth Peacock en donne plus de 30 dans son chapitre « Tragic Sea Ballads » (Songs of the Newfoundland Outports, Ottawa 1965) tandis que Creighton, Elisabeth Greenleaf, MacEdward Leach et W. Roy Mackenzie en citent d'autres. Quelques-unes de ces ballades connaissent un heureux dénouement, la bravoure de marins ou de témoins ayant permis de sauver des vies, comme « The Wreck of the Steamship Ethie », paroles de Maude Roberts Simmons, « The Loss of the Jewel » et « The Flemmings of Torbay ». « The Wreck of the Julie Plante », dont l'action se situerait sur le lac Saint-Pierre (élargissement du fleuve Saint-Laurent), est bien connue des bûcherons de la région des Grands Lacs. Stan Rogers écrit dans ce genre deux chansons bien connues : « The Mary Ellen Carter » et « The Wreck of the Athens Queen ».

D'autres ballades évoquent des sinistres sur les Grands Lacs : « The Loss of the Schooner Antelope », « The Loss of the Maggy Hunter » et « The Foundering of the Asia ». On peut les trouver sur Songs of the Great Lakes (Folk FE-4018). De plus, Jack Kingston et Earl Heywood composent « The Noronic Disaster ». La chanson de Gordon Lightfoot, « The Wreck of the Edmund Fitzgerald » (le 10 novembre 1975, sur le lac Supérieur), devient très populaire après son enregistrement en 1976. Plus tôt, Lighfoot compose « Ballad of Yarmouth Castle » sur l'incendie d'un paquebot de croisière dans les Caraïbes

La disparition de 48 chasseurs de phoque de Terre-Neuve en 1898 est racontée dans « The Greenland Disaster ». L'accident du Titanic inspire aussi au moins deux compositions canadiennes.

« Your Last Goodbye » de Bruce Moss et « The Loss of the Ocean Ranger » de Cal Cavendish racontent le naufrage de la plate-forme de forage Ocean Ranger au large de Terre-Neuve, le 15 février 1982.

Accidents de trains et d'avions
Un accident de train à la gare Windsor de Montréal en 1909 incite Henri Miro et Raoul Collet à écrire « La catastrophe de la gare Windsor ». En 1942, un accident de train à Almonte, en Ontario, inspire à la chanteuse de country Mac Beattie la chanson « Train Wreck at Almonte ». Quant à « Peggy's Cove Disaster » d'Eddie Coffey, elle fait référence à l'écrasement du vol 111 de Swissair en 1998.

Inondations et tempêtes
« Red River Flood » (1983) de Murray MacLauchlan raconte l'inondation survenue au Manitoba. La grande tempête de verglas de 1998 en Ontario et au Québec est immortalisée dans « El Niño » de Paul Henry Dallaire.

Attaques terroristes
Les attaques terroristes contre les États-Unis du 11 septembre 2001 servent d'inspiration à beaucoup de compositions musicales, dont « America's at War » de Fred Eaglesmith, « Breaking News » de Hildegard Westerkamp et « Flights » de Martin Gotfrit.

Œuvres instrumentales et de concert

Les sinistres au Canada inspirent également des œuvres instrumentales, dont Seven Bells Waltzes de F. Dulder (G.F. DeVine 1877), écrite à la suite de l'incendie de Miramichi, et The Ottawa Fire de Morris Manley (R.S. Williams 1900). Le désastre minier de Westray est raconté dans la musique de scène de la pièce de théâtre Westray : The Long Way Home.

Hildegard Westerkamp écrit École Polytechnique en mémoire des 14 femmes assassinées le 6 décembre 1989 à l'Université de Montréal.

Voir aussi Chansons de métiers canadiennes-anglaises, Chansons d'unions ouvrières, « Tears are Not Enough », Guerres, rébellions et soulèvements, Explosion d'Halifax, Désastres, Avalanche de pierres de Frank.

Bibliographie

T.B. ROGERS, « The New balladeers », BMFC, XVI (octobre 1982)

-, « The Southern Cross, a case study in the ballad as history », CFMJ, X (1982)

Neil V. ROSENBERG, « The Springhill Mine disaster songs : Class, memory and persistence in Canadian folksong », Northeast Folklore : Essays in Honor of Edward D. Ives, éd. P. MacDougall et D. Taylor (Orono, Maine 2000)

« Cancountry Babylon », Country Music News (juin 2002)