Les chutes d'eau se forment aux endroits où le lit d'un cours d'eau est coupé par une pente verticale ou presque. La chute devient cascade quand l'eau suit une série de petits paliers, des rapides se forment quand le cours d'eau agité suit une forte pente, mais reste dans son lit et une cataracte est une chute à grand débit d'eau. On peut classer les chutes selon leur origine.
Chutes créées par un accident géologique
Ces chutes sont le résultat d'une rupture naturelle dans le profil du cours d'eau résultant d'une faille géologique, d'une glaciation, du soulèvement de plateaux, des sources débouchant des parois de canyons ou de tremblements de terre. Les chutes Twin Falls, près du glacier Yoho, en Colombie-Britannique, et les chutes Niagara, en Ontario, en sont des exemples.
Chutes créées par l'érosion
Les chutes au bord d'un plateau et celles à barres verticales sont caractéristiques de chutes créées par l'érosion. Elles se forment par érosion différentielle, c'est-à-dire quand des roches résistantes à l'érosion rencontrent ou avoisinent des roches tendres. Dans le cas des chutes au bord d'un plateau, une couche de roche dure repose sur une couche de roche tendre : l'eau s écoulant érode la roche tendre sous-jacente, minant ainsi la roche dure qui, finalement, se casse et tombe au pied de la chute ou juste en aval. Au fil du temps, une chute de ce type peut se transformer en une longue cascade. La chute Alexandra Falls, sur la rivière Hay, dans les Territoires du Nord-Ouest, en est un exemple.
Si une couche de roche magmatique très dure s'élève verticalement au travers d'une grande épaisseur de roche tendre, dans le lit d'un cours d'eau, la force érosive du courant n'attaquera pas vraiment la roche magmatique, mais usera la roche tendre, surtout dans la partie en aval de la roche magmatique. Une chute à barre verticale se forme alors face à la couche de roche dure. La chute Little Falls, sur la rivière Pigeon, au sud de Thunder Bay, en Ontario, en est un exemple.
Chutes en zone de marée
Des chutes en zone de marée sont des chutes réversibles, créées par le flux et le reflux des marées océaniques. Quand une plate-forme rocheuse traverse le goulet du cours d'eau à l'endroit où celui-ci se jette dans l'océan, il se forme une chute d'eau à marée basse car le niveau d'eau de la rivière derrière la plate-forme rocheuse est alors plus élevé que celui de la mer. Lorsque le niveau de la mer monte avec la marée et dépasse le niveau de la rivière en amont de la plate-forme rocheuse, l'eau de mer force le passage, contre le courant du cours d'eau, à travers le goulet. Les rapides et les tourbillons formés donnent l'impression que les chutes sont finalement en sens contraire.
Un exemple notoire de ce type se produit sur la rivière Saint-Jean à Saint-Jean, au Nouveau- Brunswick, où les très hautes marées de la baie de Fundy créent l'effet de mouvement inverse. Au Canada, d'autres chutes réversibles, situées dans les Territoires du Nord-Ouest, se trouvent dans la baie de Wager, au lac Ford, et à Barrier Inlet, dans le détroit d'Hudson.
Durée
Sur le plan géologique, toutes les chutes d'eau sont temporaires, car elles se détruisent par leur propre force d'érosion. Cette érosion peut se remarquer sur la durée d'une vie humaine pour certaines chutes, comme les Horseshoe Falls, du côté canadien de la rivière Niagara. La crête de cette chute d'eau a reculé approximativement de 335 m, soit à peu près d'un mètre par an, par rapport à sa position enregistrée la première fois par Louis Hennepin en 1768. À partir de ses débuts, avec le retrait de la dernière couche glaciaire, il y a environ 10 000 ans, la rivière Niagara a érodé un chenal d'environ 12 km de long, créant les gorges spectaculaires du Niagara. Le long du lit de la rivière Niagara, en aval des chutes, il existe une trace de marmite de géant, creusée durant la période où la position de crête était stable.
Lorsqu'une chute d'eau se mine elle-même et que de grands blocs de rocher tombent de l'escarpement (falaise), les matériaux ont tendance à s'accumuler en bas de la chute, transformant graduellement la chute en rapides. Les chutes du côté américain sur la rivière Niagara illustrent parfaitement ce processus. L'érosion relativement rapide est causée surtout par les effets des grands volumes d'eau qui tombent d'un haut plateau. Au contraire, il existe certaines chutes très hautes où l'érosion est beaucoup plus lente à cause du débit d'eau restreint et de la dispersion de l'eau en bruine pendant sa descente. Les chutes les plus anciennes, qui remontent probablement à des millions d'années, ont été créées par l'eau descendant des hauts plateaux. La chute d'eau la plus haute au monde(chute directe de 807 m de haut), le Salto del Angel, au Venezuela, en est un exemple.
Hauteur
Il existe diverses interprétations au sujet de ce qui détermine la hauteur d'une chute. La majorité des chutes d'eau commencent par une série de rapides, puis l'eau passe sur la crête et tombe verticalement ou presque, terminant sa chute comme une cascade courant sur des débris accumulés. Les hauteurs mentionnées dans le tableau sont les mesures de la chute verticale ou presque prises à partir de la crête jusqu'à la surface des débris. La chute d'eau la plus haute du Canada et la 16e en hauteur au monde est la chute Della (440 m), qui tombe du lac Della en Colombie-Britannique.
Importance
Les cours d'eau constituaient les voies de transport des premiers explorateurs du Canada, et les chutes représentaient des obstacles à contourner, généralement par des chemins de portage. Les villes ont souvent été fondées près d'une grande chute sur un cours d'eau navigable et marquaient le début ou la fin d'un portage. Par la suite, on a construit des canaux, comme le canal Welland pour contourner les chutes Niagara. Les chutes servent de barrières naturelles qui préviennent la migration de toute vie aquatique indésirable vers les parties supérieures du bassin de drainage. Par exemple, avant la construction du canal Welland, les lamproies ne pouvaient se déplacer en amont du lac Ontario.
Les chutes d'eau sont aussi des lieux pour les installations hydroélectriques. Au Canada, on en a aménagé beaucoup à des fins de production. Nombre de Canadiens et de visiteurs étrangers visitent ces attractions naturelles spectaculaires, attirés par la puissance impressionnante de l'eau qui tombe et les cadres grandioses.
Principales chutes d'eau du Canada (plus de 30m)
Chutes d'eau |
Chute verticale (m) | Location |
Chutes Della |
440 |
lac Della, C.-B. |
Chutes Takakkaw |
254 |
glacier Daly, C.-B. |
Chutes Hunlen | 253 | rivière Atnarko, C.-B. |
Chutes Panther | 183 |
ruisseau Nigel, Alberta |
Chutes Helmcken | 137 |
rivière Murtle, C.-B. |
Chutes Bridal Veils | 122 | Bridal Creek, C.-B. |
Chutes Virgina | 90 | rivière Nahanni S., T.N.-O. |
Chutes Montmorency | 84 | rivière Montmorency, Québec |
Chutes Twin | 80 |
ruisseau Twin, C.-B. |
Chutes Ouiatchouan | 79 | rivière Ouiatchouan, Québec |
Chutes Churchill | 75 |
rivière Churchill, Labrador |
Chutes Brandywine | 61 | ruisseau Brandywine, C.-B. |
Chutes du Niagara | 57 | rivière Niagara, Ontario |
Chutes Wilberforce | 49 | rivière Hood, Nunavut |
Chutes Dog | 47 | rivière Kaministiquia, Ontario |
Chutes Kakabeka | 47 |
rivière Kaministiquia, Ontario |
Chutes Shawinigan | 46 | rivière Saint-Maurice, Québec |
Chutes Grand | 43 | rivière Exploits, Terre-Neuve et Labrador |
Chutes Parry | 40 | rivière Lockhart, T.N.-O. |
Chutes Wawaitin | 38 | rivière Mattagami, Ontario |
Chutes Elizabeth | 34 | rivière Fond du Lac, Saskatchewan |
Chutes Aubrey | 33 |
rivière Mississagi, Ontario |
Chutes Alexandra | 32 |
rivière Hay, T.N.-O. |
Chutes Thomas | 31 | rivière Unknown, Terre-Neuve et Labrador |
Chutes Marengo | 30 | ruisseau Marengo, T.N.-O. |