Jeunesse et début de carrière
Après de brèves études à l'École des beaux-arts de Montréal à la fin des années 40, il choisit de quitter l'école et de se mêler immédiatement au milieu artistique québécois, attiré par l'impact produit par la forte prise de position culturelle que les Automatistes ont exprimée en 1948 dans leur manifeste Refus global. En 1954, il participe à leur dernière exposition collective, « La matière chante », qui s'inspire directement de leur mouvement, présentée à la Galerie Antoine.
Ses tableaux des années 50 mettent en évidence une recherche sur les structures flexibles que l'on peut assimiler à l'esthétique postautomatique. À cette époque, il hésite entre la touche libre caractéristique de l'approche des automatistes et la rigueur géométrique récemment proposée par le nouveau mouvement des Plasticiens de Montréal. Les zébrures plus ou moins courbées dans ses séries de peintures abstraites produites entre 1954 et 1956 trouveront plus tard un écho dans les bandes de forme modulaire présentes dans ses sculptures enjouées des années 60.
Conceptions dadaïstes
Vers 1960, après avoir visité une exposition de sculptures de Julio González à New York, Comtois se lance avec enthousiasme dans la sculpture en métal soudé et devient par la suite l'un des premiers sculpteurs à expérimenter cette nouvelle technique au Canada. Comtois s'intéresse vivement aux conceptions dadaïstes qui permettent aux sculpteurs d'utiliser les matériaux de récupération, souvent de façon ironique. Adoptant cette technique, il réalise en 1960-1961 de petites sculptures en acier soudé qui sont exposées au Musée des beaux-arts de Montréal la même année.
En 1963, il voyage en Europe et en Israël grâce à une bourse du Conseil des arts du Canada. De 1964 à 1966, il peint de couleurs vives ou vernit ses sculptures, qui se composent alors de strates de bois laminé et se caractérisent par des formes torsadées et entrelacées. Au milieu des années 60, il commence à réaliser des sculptures modulaires plus ambitieuses faites de plaques d'aluminium qui pivotent autour d'un axe tubulaire et suscitent la participation du spectateur. Certaines de ces sculptures sont sélectionnées pour représenter le Canada à la Biennale de Venise de 1968. À la même époque, on lui commande une murale pour le pavillon de l'administration et de l'information aux médias (Administration and News Building) de l'Expo 67, à Montréal.
Valse-hésitation
Dans les années 70, Comtois fait un retour à la peinture en utilisant une technique pointilliste élargie pour explorer l'énergie produite par la juxtaposition de couleurs vives. Continuant sa valse-hésitation entre les formes expressives et les formes géométriques, il s'est mis ensuite à élaborer des tableaux en regard de l'héritage laissé par Mondrian. Très érudit en histoire de la sculpture, l'artiste enseigne à l'Université du Québec à Montréal au début des années 70 et, plus tard, à l'Université Concordia. En 1978, le gouvernement du Québec lui décerne le prestigieux prix Paul-Émile Borduas, et le Musée d'art contemporain de Montréal organise une grande rétrospective de ses oeuvres en 1983.