Première Coupe du monde féminine de la FIFA tenue au Canada, et la troisième seulement en Amérique du Nord, le tournoi de 2015 est le plus grand de l’histoire de la Coupe et recueille les meilleures cotes d’écoute. Équipe Canada se rend en quarts de finale, une nette amélioration par rapport au tournoi de 2011. La popularité de la Coupe du monde féminine de 2015 au Canada, surtout auprès des jeunes filles, témoigne d’un intérêt grandissant pour le soccer, dans un pays connu surtout pour son amour du hockey.
Candidature pour la Coupe
Le 25 novembre 2010, l’Association canadienne de soccer annonce sa candidature pour accueillir la septième Coupe du monde féminine de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) en 2015. Le tournoi, considéré comme l’événement de soccer féminin le plus important au monde, avait alors eu lieu en Amérique du Nord à seulement deux reprises, toutes deux aux États‑Unis (en 1999 et en 2003).
La Coupe du monde féminine de 2015 promettait d’être plus ambitieuse que jamais. En quatre ans, le tournoi avait pris de l’ampleur, passant de 16 à 24 équipes, et de 32 à 52 parties au total.
Le Canada rivalise d’abord avec le Zimbabwe pour obtenir le titre de pays hôte. Toutefois, le Zimbabwe retire sa candidature le 1er mars 2011. Le 3 mars 2015, la FIFA retient officiellement celle du Canada.
C’est la première fois qu’un événement sportif unidisciplinaire est ainsi tenu dans différentes grandes villes du pays : à Vancouver (Colombie‑Britannique), Edmonton (Alberta), Winnipeg (Manitoba), Ottawa (Ontario), Montréal (Québec), et Moncton (Nouveau‑Brunswick).
Controverse du gazon synthétique
Le 1er octobre 2014, plus de 60 joueuses de soccer intentent une poursuite pour discrimination sexuelle à l’endroit de l’Association canadienne de soccer (ACS) et de la FIFA, qui décident que la Coupe du monde féminine de la FIFA 2015 sera disputée sur des terrains en gazon synthétique plutôt qu’en vraie pelouse. Des joueuses de soccer venues d’Allemagne, du Japon, d’Espagne, d’Australie, du Brésil, du Mexique et des États‑Unis se rassemblent pour déposer une plainte au tribunal des droits de la personne de l’Ontario (où sont basés les bureaux de la ACS).
Les joueuses font valoir que la pelouse artificielle modifie la nature même du jeu, en plus d’être dangereuse (à cause des risques de brûlures). Les experts des droits de la personne font valoir que la décision d’utiliser des terrains de gazon synthétique relève de la discrimination sexuelle : en effet, chaque tournoi de l’histoire de la Coupe du monde masculine de la FIFA a été disputé sur de la vraie pelouse. Des représentants de la FIFA rétorquent que le gazon artificiel fait partie « des règlements de la compétition et des règles du jeu », et que les risques de blessures pour les joueuses ne sont pas plus importants sur de la pelouse artificielle que sur du vrai gazon. La poursuite est donc abandonnée en janvier 2015.
Tableau de compétition
Le 6 décembre 2014, le Musée canadien de l’histoire à Gatineau, au Québec, accueille le tirage au sort officiel de la Coupe du monde féminine de la FIFA 2015. Les 24 pays qualifiés pour la compétition sont divisés en six groupes :
A |
B |
C |
D |
E |
F |
Canada |
Allemagne |
Cameroun |
Australie |
Brésil |
Colombie |
Chine |
Côte-d’Ivoire |
Équateur |
Nigéria |
Costa Rica |
Angleterre |
Pays-Bas |
Norvège |
Japon |
Suède |
Corée du Sud |
France |
Nouvelle-Zélande |
Thaïlande |
Suisse |
États-Unis |
Espagne |
Mexique |
Jour d’ouverture à Edmonton
La Coupe du monde féminine de la FIFA 2015 débute officiellement le 6 juin 2015 au Commonwealth Stadium d’Edmonton. Les artistes canadiennes Sarah McLachlan et Tegan and Sara donnent un concert lors de la cérémonie d’ouverture, auxquelles participent également les athlètes canadiennes Kara Lang (soccer), Hayley Wickenheiser (hockey) et Chantal Petitclerc (course en fauteuil roulant).
Une partie du groupe A opposant le Canada à la Chine suit la cérémonie d’ouverture. Le Canada bat la Chine 1 à 0 grâce à un tir de pénalité de Christine Sinclair à la 92e minute. Le match attire une foule de 53 058 personnes.
Résultats d’Équipe Canada
Après un match nul de 0 à 0 contre la Nouvelle‑Zélande le 11 juin 2015 à Edmonton, Équipe Canada termine une nouvelle partie à égalité contre les Pays‑Bas au Stade olympique de Montréal. Ashley Lawrence, une joueuse de Toronto, en Ontario, marque le seul but du Canada après 10 minutes de jeu. Les Pays‑Bas ripostent, créant l’égalité alors qu’il reste trois minutes en temps réglementaire. Avec ce match nul, le Canada l’emporte sur les autres équipes du groupe A avec une victoire et deux égalités.
Le 21 juin 2015, Équipe Canada accède aux quarts de finale grâce à une victoire de 1 à 0 contre la Suisse. La seule marqueuse pour le Canada est Josée Bélanger de Coaticook, au Québec, qui compte un but à la 52e minute. Le match est disputé devant 53 855 personnes au B.C. Place de Vancouver.
C’est toutefois le 27 juin 2015 qu’Équipe Canada est éliminée du tournoi après une défaite de 2 à 1 face à l’Angleterre. Les Canadiennes cèdent deux buts en seulement trois minutes aux Anglaises dès les premiers instants du match.
Une foule de 54 027 personnes assiste à la partie de quarts de finale entre le Canada et l’Angleterre, ce qui en fait la plus importante à être jamais venue voir jouer une équipe sportive nationale, masculine ou féminine, en sol canadien. Le match attire également en moyenne 3,2 millions de téléspectateurs canadiens; environ 7,5 millions de Canadiens, au total, regardent la rencontre à la télévision, en tout ou en partie.
Match pour la médaille d’or
Le 5 juillet 2015, les États‑Unis l’emportent 5 à 2 face au Japon, dans une finale au nombre record de buts jamais vu à la Coupe du monde féminine. Plus de 53 000 admirateurs assistent à la partie au B.C. Place Stadium de Vancouver. À la 16e minute de jeu, les États‑Unis ont une avance de 4 à 0; trois de ces buts sont marqués par Carli Lloyd, qui devient la première joueuse de soccer à marquer trois buts dans une finale de Coupe du monde féminine.
Carli Lloyd remporte le Ballon d’or, remis à la meilleure joueuse de la finale de la Coupe du monde de la FIFA. Âgée de seulement 19 ans, la défenseuse canadienne Kadeisha Buchanan de Toronto, en Ontario, reçoit le prix de la Meilleure Jeune Joueuse Hyundai.
Moments marquants
La Coupe du monde féminine de 2015 est un tournoi rempli d’action, de parties enlevantes, de rebondissements et de grands moments d’harmonie internationale. Les Norvégiennes, par exemple, s’attirent la sympathie des foules de la région d’Ottawa après avoir ouvert une séance d’entraînement au public; le 5 juin, elles invitent de jeunes joueuses de soccer d’Ottawa à courir des longueurs avec elles pour clore un entraînement. Les admirateurs ont ensuite pu voir la Norvège vaincre la Thaïlande le 7 juin au Lansdowne Stadium, à Ottawa.
Classique à Winnipeg
Une des parties les plus excitantes de la ronde d’ouverture est tenue au Stade de Winnipeg le 8 juin 2015, tandis que la Suède et le Nigéria disputent une partie nulle avec un score final de 3 à 3. La Suède est en avance de deux buts lorsque le Nigéria marque à la 50e minute de jeu. L’équipe nigériane enchaîne rapidement un autre but, créant l’égalité. La Suède reprend les devants 3 à 2 à la 60e minute, mais leur avance ne dure pas longtemps. Lorsque la joueuse d’attaque nigériane Francisca Ordega compte un but à la 87e minute, son entraîneur Edwin Okon se met à genoux et embrasse le terrain de Winnipeg.
Revirements à Moncton
On peut dire que les partisans de Moncton, au Nouveau-Brunswick, en ont eu pour leur argent. Le revirement le plus inattendu de la première ronde du tournoi se produit le 13 juin 2015 lorsque la Colombie, classée 28e au monde, l’emporte face à la France, pourtant classée 3e, avec une victoire de 2 à 0 au Stade de Moncton. Il s’agit de la première victoire de la Colombie dans l’histoire de la Coupe du monde féminine de la FIFA.
La plus grande surprise de la ronde éliminatoire a également lieu au Stade de Moncton. Le 21 juin 2015, l’Australie vainc le Brésil, nation étoile du soccer, 1 à 0. C’est la première fois que l’Australie remporte une partie éliminatoire dans l’histoire de la Coupe du monde féminine.
Importance de la Coupe
Première Coupe du monde féminine de la FIFA tenue au Canada, et seulement la troisième en Amérique du Nord, le tournoi de 2015 est le plus grand et le plus suivi de l’histoire de la Coupe du monde féminine. Plus de 1,3 million de partisans assistent aux parties de 2015, pour une moyenne de 26 000 spectateurs par rencontre. La foule la plus importante compte 54 000 personnes, qui viennent voir les quarts de finale entre le Canada et l’Angleterre à Vancouver; il est encore plus intéressant de constater qu’une moyenne de 3,2 millions de Canadiens regarde la télédiffusion du match, ce qui bat la moyenne des téléspectateurs de la partie 6 des rondes finales de la Coupe Stanley en 2015.
En somme, la Coupe du monde féminine attire plus de téléspectateurs que jamais. La finale opposant les États‑Unis au Japon bat des records télévisuels dans les deux pays. Aux États‑Unis, il s’agit de la partie de soccer télévisée la plus écoutée de l’histoire du pays. Au Canada, la finale est aussi le programme télévisé le plus suivi pendant la fin de semaine de sa diffusion : environ 7,7 millions de Canadiens regardent le match, en tout ou en partie. Au total, environ 20,8 millions de Canadiens (soit presque 60 % de la population) suivent le tournoi à la télévision; ce chiffre comprend 10,1 millions de femmes. Plus de la moitié des jeunes Canadiennes (âgées de 2 à 17 ans) suivent la Coupe du monde féminine de 2015, ce qui représente une hausse de 29 % par rapport aux jeunes spectatrices en 2011.
Bien que la performance d’Équipe Canada ait été critiquée par certains, le tournoi de 2015 représente une amélioration significative par rapport à la précédente Coupe du monde. En 2011, le Canada finit dernier à la Coupe, qui a lieu en Allemagne; en 2015, l’équipe se rend jusqu’en quarts de finale. Plus important encore, l’équipe et le tournoi ont eu le potentiel d’inspirer davantage de jeunes Canadiennes à s’investir dans le sport, leur insufflant le rêve de représenter leur pays sur la scène internationale.