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Culture Sylvicole

 La culture sylvicole regroupe diverses manifestations culturelles qui ont eu lieu principalement dans le sud de l'Ontario et du Québec entre 3000 et 500 avant aujourd'hui (AA).
Diverses espèces végétales cultivées et sauvages retrouvées carbonisées sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha. Les maïs et les haricots frais sont des espèces amérindiennes modernes. La meule en pierre date de l'époque du site et servait à moudre les cultigènes (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine \r\nQuébec, photo Pierre Fauteux).
Outils en os découverts sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha : pointes de harpons, tube à aiguille, pointe de flèche, broche à cheveux ou décorateur à poterie et divers poinçons (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine Québec, photo Pierre Fauteux).
Fragments de pipes iroquoiennes retrouvés sur le site Droulers-Tsiionhiakwatha (avec la permission du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine \r\nQuébec, photo Pierre Fauteux).
Artefacts provenant de l'aménagement No. 20 au site de Mud Lake Stream: grattoirs (a, b, d); pointe de projectile à encoches baso-latérales (c); section d'un gorgerin (d); bifaces et fragments de bifaces (f-j) (avec la permission des Services d'archéologie du Nouveau-Brunswick)
Fragment de vase en céramique
Sylvicole moyen ancien, 2400 à 1500 AA (photo de Luc Bouvrette, avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
Variabilité des vases céramiques retrouvés sur le site Mailhot-Curran (avec la permission de la MRC du Haut-Saint-Laurent, photo Michel Gagné)
Tête de harpon en os
Sylvicole moyen tardif, 1500 à 1000 à AA (photo de Luc Bouvrette avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
La collecte du riz sauvage (avec la permission de la Direction des ressources historique, ministère de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme du Manitoba)
Pointes de projectile de type Oxbow
De la période Sylvicole. On voit ici la séquence des pointes retrouvées au site Oxbow au Nouveau-Brunswick (avec la permission de Patricia Allen).
Récipient de poterie partiellement restauré du site Diggity. Il est décoré avec des motifs pseudo-coquilles de pétoncle (avec la permission de Michael Deal)
Pierre aviforme
Retrouvée aux sites archéologiques de Pointe-du-Buisson - Sylvicole inférieur, 3000 à 2400 AA (Photo de Luc Bouvrette, avec la permission de Collection Pointe-du-Buisson/Musée québécois d'archéologie)
Le vannage du riz (avec la permission de la Direction des ressources historique, ministère de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme du Manitoba)

Culture Sylvicole

Culture Sylvicole

La culture sylvicole regroupe diverses manifestations culturelles qui ont eu lieu principalement dans le sud de l'Ontario et du Québec entre 3000 et 500 avant aujourd'hui (AA). Selon la classification des archéologues, le Sylvicole se divise en trois épisodes distincts soit le Sylvicole inférieur (3000 à 2400 ans AA), le Sylvicole moyen (2400 à 1000 ans AA) et le Sylvicole supérieur (1000 à 500 ans AA). L'apparition des vases en céramique, qui constitue en soi une évolution technologique remarquable, représente l'élément clé distinguant les sites du Sylvicole de ceux des périodes ARCHAÏQUE et PALÉOINDIENNE.

Le Sylvicole inférieur

Le Sylvicole inférieur (3000 à 2400 ans AA) est associé principalement à l'occupation de groupes culturels appelés Meadowood. De façon générale, le Sylvicole inférieur marque le début d'une véritable régionalisation des groupes et l'établissement d'un vaste réseau de circulation de biens, d'idées et de personnes qui n'existait pas pendant la période archaïque.

Trois types de sites caractérisent la présence des groupes Meadowood. En premier lieu, des sites funéraires qui témoignent de certains comportements particulièrement élaborés, dont la crémation des corps qui est souvent accompagnée d'offrandes multiples représentant des outils domestiques, des objets fabriqués spécialement pour le rituel et de l'ocre rouge. On retrouve également des camps reliés à des occupations pendant l'automne ou qui témoignent d'activités de pêche le long des cours d'eau pendant le printemps et l'été. Le troisième type de site marque le comportement le plus distinctif de ce groupe culturel soit l'exploitation intensive de carrières situées principalement dans le sud-est de l'Ontario. Leur boîte à outils comprend des pièces réalisées principalement en chert Onondaga, notamment des pointes dites Meadowood, des lames de cache et des grattoirs triangulaires typiques ainsi que de la poterie peu élaborée à impressions cordées en argile cuite appelée Vinette 1. Vers la fin de cette période, on retrouve également les vestiges de pratiques mortuaires d'un autre groupe culturel que les archéologues nomment Middlesex qui se distingue notamment par la présence de pierres aviformes (c.-à-d. en forme d'oiseau) et de lames bifaciales en chert exotique provenant principalement de la vallée de l'Ohio.

Le Sylvicole moyen

Le Sylvicole moyen (2400 à 1000 ans AA) est associé à la présence de diverses variantes culturelles connues sous les noms de Couture, Saugeen, Pointe Peninsule, Princess Point et Laurel dans le sud et le nord-ouest de l'Ontario et Pointe Peninsule et la tradition Melocheville pour le sud et le centre du Québec. Toutefois, des évidences éparses de l'influence de certains groupes associés à la culture Sylvicole se retrouvent également au Nouveau-Brunswick (p. ex., aux sites de MUD LAKE STREAM, DIGGITY, OXBOW et du tumulus Augustine) et même aussi loin qu'à Blackfoot Crossing, près de Cluny en Alberta. Très peu de traits culturels différencient le Sylvicole moyen du Sylvicole inférieur. Parmi ceux-ci, on peut noter des changements dans le type de pointes de projectiles, l'abondance de chert exotique et l'addition de décoration sur la poterie qui se retrouve également en plus grande quantité sur les sites.

Le Sylvicole moyen constitue l'épisode culturel le moins documenté. On assiste à la réorganisation des réseaux de circulation de biens et d'idées et une régionalisation plus marquée des groupes culturels. L'abondance des indices matériels retrouvés sur certains sites indique l'existence de campement prolongé suggérant une croissance démographique ou qui témoigne de rassemblement des groupes importants à certaines périodes de l'année pour exploiter intensivement les ressources halieutiques. On diversifie également les activités de subsistance en y rajoutant la cueillette de fruits sauvages. On retrouve même en Ontario des évidences d'une exploitation intensive du RIZ SAUVAGE. Dans certains secteurs, les pratiques funéraires deviennent plus élaborées, notamment au TUMULUS DU SERPENT et aux SÉPULTURES TUMULAIRES DE LA RIVIÈRE À LA PLUIE en Ontario où l'on retrouve des tertres funéraires de forte envergure.

La fin du Sylvicole moyen est marquée principalement par une diversification des méthodes de fabrication de la poterie dont l'apparition de la technique au colombin, la présence de pipes à plate-forme et une réoccupation des territoires par des groupes culturels différents. On assiste également aux premières expériences horticoles en Ontario et à l'introduction progressive du MAÏS dans la diète alimentaire des groupes.

Le Sylvicole supérieur

Le Sylvicole supérieur (1000 à 500 ans AA) est relié à la présence de diverses variantes culturelles connues sous les noms d'Owasco au Québec et de Pickering, Glen Meyer, Uren et Middleport en Ontario. Ces derniers groupes culturels constituent les ancêtres des nations qui peupleront ces régions vers la fin du Sylvicole, soit HURON et PETUN dans le centre-sud de l'Ontario, NEUTRE et Érié dans le sud-ouest de l'Ontario et Iroquoien du Saint-Laurent dans le sud-est de l'Ontario ainsi qu'au sud et au centre du Québec.

Le début du Sylvicole supérieur est marqué par l'émergence des premiers indices d'embryon de vie villageoise sédentaire. Les vestiges des premières maisonnées de forme elliptique, précurseurs des MAISONS LONGUES que l'on retrouvera plus tard chez les groupes iroquoiens historiques (Huron, Neutre, Érié et Iroquoien du Saint-Laurent), apparaissent dans le sud-ouest de l'Ontario vers 900 à 1000 de notre ère (AD). On poursuit l'apprentissage de l'horticulture entamée à partir de 600 AD dans cette même région, et on apprivoise au fur et à mesure les rudiments de la culture du maïs à grande échelle. Vers la fin du XIIe siècle, la plupart des cultigènes, soit le maïs, le haricot, la COURGE et le TOURNESOL, sont présents sur les sites villageois ontariens. Il faudra toutefois attendre au début du XIVe siècle pour retrouver les premiers vestiges de maïs découverts sur un village au Québec au SITE MCDONALD et la fin du XVe siècle pour recenser les autres cultigènes en quantité appréciable sur le SITE DROULERS.

Vers le milieu du Sylvicole supérieur, on assiste à une augmentation notable des populations qui résident maintenant de façon permanente au sein de villages constitués de plusieurs maisons longues de forme rectangulaire, parfois entourées d'une palissade à plusieurs rangs. En général, les villages s'ont érigés sur les coteaux en retrait du fleuve ou des rivières d'importance, le plus souvent près d'un petit cours d'eau et très fréquemment à proximité d'un marécage. On pratique alors une horticulture mixte et la diète alimentaire demeure axée principalement sur l'utilisation des cultigènes, particulièrement le maïs. La pêche et la chasse constituent néanmoins des activités complémentaires indispensables pour assurer la survie des groupes à certaines époques de l'année.

Pendant cette période, les vases céramiques pour la cuisson et l'entreposage des aliments deviennent de plus en plus sophistiqués et on modèle maintenant l'argile à l'aide d'un battoir et probablement d'une enclume. La décoration des vases couvre un large spectre de motifs, allant des simples lignes parallèles aux formes géométriques complexes. L'emploi d'outils confectionnés à partir d'os de mammifères (cerfs de Virginie, ours et castors) se généralise tandis que l'utilisation d'outils en pierre taillée se raréfie considérablement. La découverte de nombreux fragments de pipes sur les sites témoigne d'une utilisation fréquente du tabac à fumer.

Mais bientôt l'arrivée des « hommes de fer venus d'au-delà de la grande eau », dont le précurseur le plus célèbre est Jacques CARTIER, annoncera des changements profonds dans le mode de vie de ces communautés d'horticulteurs de la PRÉHISTOIRE canadienne.