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Déné

Les Dénés forment une famille culturelle et linguistique très étendue, qui s’étend du nord du Canada et de l’Alaska jusqu’au sud-ouest des États-Unis. Au Canada, les Dénés, un terme qui signifie « les peuples » dans leur langue, comprennent diverses Premières Nations, certaines incluant les Dénésulines (Chipewyans), les Tlichos (Dogrib) et les Dinjii Zhuh (Gwich’in). Les Dénés sont également appelés peuples athapascans ou athabascans. Selon le recensement de 2021, 45 895 personnes se sont identifiées comme ayant des ancêtres d’origine dénée, ce qui comprend les Dénés, les Dane-zaa, les Dakelh, les Tsilhqot’in, les Dénésulines, les Dene Tha’, les Gwich’in, les Kaska Dena, les Sahtu, les Tahltan, les Tlicho, les Tlingits, les Tse’khene (Sékanis), les Tsuut’ina (Sarsis), les Tutchonis et les Wet’suwet’en. Lors de ce recensement, 18 360 personnes se sont identifiées comme étant Dénées sans autre précision.

Peuples dénés

Au Canada, un certain nombre de peuples s’identifient comme étant Dénés, et ils font partie du plus grand groupe linguistique d’Amérique du Nord. Ils comprennent :


Selon le recensement de 2021, le total du nombre de personnes déclarant avoir une ascendance dénée est de 45 895.

Territoire traditionnel

Historiquement, les Dénés habitent le centre et le nord-ouest du Canada dans une région connue sous le nom de Denendeh, qui signifie « l’esprit du Créateur coule à travers ces terres » ou « terre des peuples ». Cette région comprend la vallée du fleuve Mackenzie et les Barren Grounds dans les Territoires du Nord-Ouest.

Le saviez-vous?
Lors du recensement de 2021, 405 personnes ont déclaré être d’origine apache, tandis que 445 autres ont déclaré être d’origine navajo. Les ancêtres des Apaches et des Navajos (Tinnë) seraient originaires du nord-ouest du Canada et auraient migré vers le sud-ouest des États-Unis vers 1400 avant notre ère. Comme les Dénés au Canada, les Apaches et les Navajos sont généralement désignés comme des « Athabascans » dans certains ouvrages.


Vie traditionnelle

Traitement des peaux
Des Dénésulines (Chipewyans) préparent une peau d'orignal, à Christina Lake, en Alberta, en 1918.
Tsuut'ina travois et tipi
Astokumi (Crow Collar), du peuple autochtone tsuut'ina, en compagnie de sa femme,
Mocassins
Mocassins fabriqués par l'artiste dénée Sarah Hardisty. Matériaux : peau d'orignal, épines de porc-épic, peau de castor, laine et fil.

Les hommes dénés chassent le caribou, pilier de leur économie, ainsi que d’autres gibiers comme le lapin, le cerf et l’original dans les régions autour du Grand lac des Esclaves, du Grand lac de l’Ours et le long du fleuve Mackenzie. La pêche complète leur alimentation, en particulier chez les Dénés qui vivent près de la côte.

Les femmes sont souvent responsables de la préparation des repas, de rassembler la nourriture et de prendre soin des enfants. Elles confectionnent des vêtements avec des ressources naturelles comme des fourrures et des peaux d’animaux. Les outils de couture proviennent également des animaux, notamment les aiguilles faites d’os et le fil fait à partir de tendons.

Selon leur situation géographique, les familles dénées vivent dans des tipis, des maisons semi-souterraines ou des huttes (voir aussi Histoire de l’architecture des peuples autochtones au Canada). Les Dénés se déplacent généralement et souvent pour chasser, soit à pied ou en canot, sauf en hiver où certains se déplacent en raquettes et en toboggans.

Société et culture

Joueurs de tambour dénés
Des joueurs de tambour des Tlichos et de la Première Nation des Dénés Yellowknives jouent ensemble à l'occasion d'un événement axé sur les connaissances traditionnelles (21 octobre 2014).
Jeux dénés
Jeunes s'adonnant aux jeux dénés à Déline, T. N.-O. (2011)

Les Dénés vivent et se déplacent ensemble avec les membres de leur famille proche et élargie. Ces unités familiales sont autosuffisantes et elles se fournissent mutuellement de la nourriture, des abris et de l’éducation.

Durant les mois de printemps et d’été, les groupes familiaux dénés se rassemblent souvent pour discuter de l’utilisation des terres et du commerce, ainsi que pour régler les différends entre les groupes. Ils organisent également des cérémonies et des célébrations culturelles.

Les Dénés sont reconnus pour leurs jeux traditionnels, qui étaient à l’origine utilisés pour encourager un style de vie sain, en particulier chez les chasseurs, et pour se divertir. Les jeux dénés sont encore pratiqués de nos jours dans les écoles et dans les communautés. Un grand nombre de ces jeux font également partie des compétitions officielles des Jeux d’hiver de l’Arctique.

Religion et spiritualité

Les traditions orales dénées sont des archives de l’histoire, connus sous le nom de þqtú hoghena nüsí hotßü honü, tout comme les légendes spirituelles, qui sont appelées les üæqhzé. Chaque nation dénée a sa propre version de la création de la Terre, du peuple déné et de sa langue. Tous ces récits mettent souvent en scène un Créateur qui forme les eaux et les terres de Denendeh. Ils présentent également des personnages communs comme le Corbeau et Yamoo`zha. Le Corbeau est un filou qui peut se transformer sous différentes formes. Le comportement et les erreurs du Corbeau sont censés apprendre aux Dénés à distinguer le bien du mal (voir aussi Symbolisme du Corbeau). Un autre métamorphe bien connu est Yamoo`zha (ou Yamo?´ria pour certains peuples; mais pour d’autres, Yamo?´ria est un être différent). Yamoo`zha est un homme guérisseur qui se transforme d’humain en animal et qui aide les Dénés à résoudre leurs problèmes. Dans certains récits, Yamoo`zha est moitié animal, moitié humain. Ces légendes sont importantes pour la culture et la spiritualité dénées, car elles permettent de transmettre les coutumes et les leçons aux générations plus jeunes. (Voir aussi Religion et spiritualité des Autochtones au Canada.)

Langue

La langue dénée est connue sous le nom de Dene ou Na-Dené (également appelée langue athapascane). On compte environ 28 langues athapascanes parlées dans le nord du Canada, bien qu’il y en ait beaucoup plus en Alaska et dans le sud-ouest des États-Unis. La langue est composée de trois groupes distincts : l’athapascan de la côte pacifique, l’apache et l’athapascan septentrional.

Lors du recensement de 2021, 11 370 personnes ont déclaré avoir une connaissance de la langue dénée. Avec des milliers de locuteurs dans certaines régions du Canada et des États-Unis, le déné est l’une des plus grandes familles linguistiques d’Amérique du Nord. Toutefois, certaines langues dénées sont considérées comme étant en voie de disparition, comme le danezagé’ (Kaska Dena) avec 225 personnes déclarant avoir une connaissance de cette langue lors du recensement de 2021. Le Wetalh, la langue des Wetal, est une langue considérée disparue. Ces dernières années, les écoles et les centres culturels font des efforts pour revitaliser plusieurs de ces langues menacées. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Histoire coloniale

Les Dénés rencontrent des marchands, des explorateurs et des missionnaires européens dès le début des années 1700. Dans les années 1900, la découverte de gisements de pétrole et d’or dans le nord du Canada encourage la colonisation blanche et le développement commercial sur les terres dénées. Entre 1871 et 1921, le gouvernement du Canada signe une série de traités avec divers peuples autochtones dans le but d’avoir accès aux terres situées dans le nord et l’ouest de l’Ontario (voir aussi Traité numérotés). Ces traités forcent de nombreux Dénés à vivre sur les réserves et érode (voire éradique) leur mode de vie traditionnel. D’autres moyens d’assimilation culturelle, comme les pensionnats indiens et la Loi sur les Indiens, ont également un impact négatif sur la société, l’économie et le mode de vie des Dénés.

Déplacement forcé

Dans les années 1950, près de 250 Dénés Sayisi sont déplacés de force de leur communauté de Duck Lake au Manitoba dans une région près de Churchill, en partie parce que le gouvernement du Manitoba croit qu’ils sont responsables d’une forte diminution des troupeaux de caribous, ce qui s’avère faux par la suite. Dans ce nouvel endroit, la nourriture est rare et les logements sont inadéquats. Les Dénés sont obligés de fouiller les poubelles et ils sont agressés par les résidents de Churchill. Ce déplacement forcé engendre des années de traumatismes dans les communautés dénées. Le gouvernement fédéral présente des excuses officielles pour ce déplacement en août 2016.

Droits, organisation et activisme

Nation dénée
La Nation dénée \u00e0 la Marche de la guérison (Healing Walk) des sables bitumineux.

Afin de protéger et de faire valoir leurs droits sur leurs territoires traditionnels (en particulier sur les terres visées par les traités 8 et 11), leur autonomie gouvernementale et les ressources naturelles présentes sur leurs terres, certaines nations dénées se regroupent entre 1969 et 1970 pour former le Indian Brotherhood of the Northwest Territories (renommé Nation dénée en 1978).

En 1973, le chef François Paulette de Fort Smith et d’autres chefs dénés déposent officiellement une opposition concernant les intérêts continus des Dénés sur les territoires visés par les traités 8 et 11. Alors que le gouvernement maintient que les Dénés ont cédé leurs droits fonciers en signant le traité, les Dénés font valoir que leurs ancêtres n’ont jamais eu une telle intention. Après avoir effectué des recherches et communiqué avec les communautés dénées des Territoires du Nord-Ouest, le président du tribunal, le juge W.G. Morrow, détermine que les Dénés détiennent effectivement un droit foncier sur ces terres et ses ressources. Cependant, la Cour suprême du Canada annule l’affaire, connue sous le nom de « Paulette caveat » sur la base d’un vice de procédure. Néanmoins, les conclusions du juge Morrow sur les droits autochtones restent valables et mènent le gouvernement fédéral à accepter la nécessité de poursuivre des négociations sur les intérêts des Dénés.

En 1976, la Nation dénée publie le document Dene Declaration and Manifesto. Ce document réclame l’autonomie gouvernementale des Dénés dans la vallée du Mackenzie. C’est dans cette région que le projet de pipeline de la vallée du Mackenzie doit être mis en place. L’incompatibilité entre la position des Dénés et celle du gouvernement fédéral concernant les droits et les titres sur les terres et les ressources de la vallée du Mackenzie est un sujet de préoccupation constant.

Toutefois, depuis 1992, des règlements de revendications territoriales ont lieu en territoire déné, notamment avec les Gwich’in (1992), les Sahtu (1994) et les Tlichos (2003). (Voir aussi Revendications territoriales des Autochtones; Traités autochtones.)

Vie contemporaine

Les Premières Nations Dénées du Canada participent activement à des programmes concernant la santé, l’éducation, le développement communautaire des Autochtones, et aux questions relatives aux terres et aux ressources. En tant que communauté, les Dénés franchissent quelques étapes importantes. Par exemple, en 1990, les langues dénées deviennent les langues officielles des Territoires du Nord-Ouest. Le 1er septembre 2016, le gouvernement Déline Got’ine obtient le droit à l’autonomie gouvernementale.

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection des peuples autochtones

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