Peuples dénés
Au Canada, un grand nombre de peuples s’identifient comme étant Dénés puisqu’il s’agit du plus grand groupe linguistique d’Amérique du Nord. Ils comprennent :
- Les Dénésulines (ou Chipewyans)
- Les Tlichos (Plats-côtés-de-chien)
- Les Dinjii Zhuh (Gwich’in, Kutchins ou Loucheux)
- Les Esclaves du Sud (Dénés du Deh Cho et la bande dénée Deh Gah Got’ine)
- Les Esclaves du Nord (Sahtú), qui comprennent les K’ashot’ine (K’asho Got’ine ou Lièvres), Sahtúot’ine (Bearlake) et les Shuta Got’ine (Montagnards)
- Les Tutchonis du Nord et du Sud
- Les Dane-zaa (Castors)
- Les T’atsaot’ine (Couteaux-jaunes)
- Les Tsuut’ina (ou Tsuu T’ina ou Sarsis)
- Les Kaska Dena
- Les Tsek’ehne (Sékanis)
- Les Tsilhqot’in (Chilcotins)
- Les Dakelh (Porteurs)
Selon le recensement de 2016, 27 430 personnes ont déclaré avoir une ascendance dénée.
Territoire traditionnel
Sur le plan historique, les Dénés ont occupé les parties centrale et nord-ouest du Canada, une région baptisée Denendeh, ce qui signifie « l’esprit du Créateur circule sur ces terres » ou « terre des gens ». Cette région comprend la vallée du fleuve Mackenzie et les Barren Grounds, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Vie traditionnelle
Les hommes dénés chassaient le caribou – pilier de leur économie – ainsi que d’autres gibiers tels que le lapin, le cerf et l’original autour du Grand lac des Esclaves, du Grand lac de l’Ours et le long du fleuve Mackenzie. La pêche venait compléter leur alimentation, en particulier chez les Dénés qui vivaient en bordure du littoral.
Les femmes étaient le plus souvent chargées de préparer les repas, de rassembler la nourriture et de prendre soin des enfants. Elles confectionnaient des vêtements à l’aide de matériaux naturels tels que fourrures et peaux d’animaux. Les outils de couture provenaient également des animaux, comme les aiguilles taillées dans des os et le fil à base de fibres de tendons.
Suivant la région où elles habitaient, les familles dénées construisaient des tipis, des maisons semi-souterraines ou des huttes (voir aussi Histoire de l’architecture : Autochtones). Les Dénés se déplaçaient souvent pour aller chasser, et voyageaient à pied ou en canot, sauf en l’hiver, lorsque certains utilisaient alors raquettes et traîneaux.
Société et culture
Les Dénés vivaient et se déplaçaient avec tous les membres de leur famille proche et élargie. Ces clans familiaux étaient autosuffisants et leurs membres partageaient la nourriture, les abris et les tâches d’éducation.
Au printemps et en été, les groupes familiaux dénés se rassemblaient souvent pour discuter commerce et utilisation des terres et résoudre d’éventuels différends intertribaux. Ils organisaient également des cérémonies et des célébrations culturelles.
Les Dénés sont réputés pour leurs jeux traditionnels qu’ils utilisaient à l’origine pour promouvoir un style de vie sain, en particulier chez les chasseurs, et pour se divertir. Les Jeux dénés sont encore pratiqués de nos jours dans les écoles et au sein des communautés dénées. Un grand nombre de ces jeux figurent aussi au programme officiel des Jeux d’hiver de l’Arctique.
Religion et spiritualité
La tradition orale a permis au Dénés de conserver des passages d’histoire, qu’ils nomment des þqtú hoghena nüsí hotßü honü, ainsi que d’entretenir des légendes spirituelles, les üæqhzé. Chaque nation dénée a sa propre version de la création de la Terre, du peuple déné et de sa langue. Tous ces récits mettent souvent en scène un Créateur qui donne forme aux eaux et aux terres de Denendeh. Ils font également intervenir des personnages communs comme le Corbeau et Yamǫǫ̀zha. Le Corbeau est un filou qui peut prendre plusieurs apparences. Le comportement et les erreurs du Corbeau sont censés apprendre aux Dénés à distinguer le bon du mauvais (voir aussi Symbolisme du Corbeau). Un autre métamorphe bien connu est Yamǫǫ̀zha (ou Yamǫ́ria, mais pour certains, ce dernier est une entité différente). Yamǫǫ̀zha est un sorcier qui a le pouvoir de passer de sa forme humaine à une forme animale et qui aide les Dénés à résoudre leurs problèmes. Dans certains récits, Yamǫǫ̀zha est moitié animal, moitié humain. Ces légendes sont importantes pour la culture et la spiritualité dénées, car elles permettent de transmettre coutumes et traditions aux jeunes générations. (Voir aussi Autochtones : religion et spiritualité .)
Langue
La langue dénée – le déné – est une langue athapascane. On compte environ 28 langues athapascanes parlées dans le nord du Canada, mais il y en a beaucoup plus qui sont parlées en Alaska et dans le sud-ouest des États-Unis. La langue se divise en trois groupes distincts : l’athapascan de la côte pacifique, l’apache (ou athapascan méridional) et l’athapascan septentrional.
Lors du recensement de 2016, 13 005 personnes se disent capables de parler le déné, la Saskatchewan ayant la plus grande concentration de locuteurs (69,7 %), suivie par l'Alberta (15,3 %). Avec des milliers de locuteurs au Canada et aux États-Unis, le déné est l’une des plus grandes familles linguistiques d’Amérique du Nord. Certaines langues dénées sont cependant considérées comme étant en voie de disparition. C’est le cas du danezāgé’ (kaska) qui, lors du recensement de 2016, compte 365 locuteurs ayant une connaissance de la langue. Le Wetalh, la langue des Wetal, est considérée extincte. Au cours des dernières années, les écoles et les centres culturels ont fait des efforts pour revitaliser un grand nombre de ces langues qui menacent de disparaître. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)
Histoire coloniale
Les Dénés rencontrent les commerçants, les explorateurs et les missionnaires européens dès le début des années 1700. Dans les années 1900, la découverte de gisements de pétrole et d’or dans le nord du Canada motive de plus belle la colonisation par les Blancs et le développement commercial sur les terres dénées. Entre 1871 et 1921, le gouvernement du Canada signe une série de traités avec divers peuples autochtones dans le but d’accéder à des terres situées dans le nord et l’ouest de l’Ontario (voir aussi Traité numérotés). Ces développements forcent de nombreux Dénés à se retirer dans les réserves et contribuent à éroder leur mode de vie traditionnel, voire à l’éradiquer complètement. D’autres vecteurs d’assimilation culturelle, comme les pensionnats indiens et la Loi sur les Indiens, vont également avoir un impact négatif sur la société, l’économie et le mode de vie des Dénés.
Réinstallations forcées
Dans les années 1950, près de 250 Dénés sayisi sont forcés de quitter leur communauté de Duck Lake, au Manitoba, pour s’installer dans une zone en bordure de Churchill. Le gouvernement du Manitoba se justifie en expliquant qu’ils sont responsables du déclin abrupt du cheptel de caribous, ce qui sera plus tard prouvé comme étant erroné. La nourriture est rare et le logement est inadéquat dans les nouveaux quartiers des Dénés. Ils sont obligés d’aller glaner des aliments dans les ordures et subissent des attaques de la part des résidents de Churchill. Cette réinstallation forcée a engendré des traumatismes à long terme chez les communautés dénées. Le gouvernement fédéral présentera finalement des excuses officielles pour cet épisode en août 2016.
Droits, organisation et activisme
Pour protéger et faire valoir leurs droits sur leurs territoires traditionnels (en particulier sur les terres visées par les traités 8 et 11), leur autonomie gouvernementale et les ressources naturelles présentes sur leurs terres, certaines nations dénées se sont regroupées entre 1969 et 1970 pour former la Fraternité des Indiens des Territoires du Nord-Ouest (rebaptisée Nation dénée en 1978).
En 1973, le chef François Paulette, de Fort Smith, et d’autres chefs dénés déposent officiellement une mise en garde concernant les intérêts que portent les Dénés sur les territoires visés par les traités 8 et 11. De son côté, le gouvernement maintient que les Dénés ont cédé leurs droits fonciers en signant le traité, mais les Dénés font valoir que leurs ancêtres n’ont jamais eu une telle intention. Après avoir effectué des recherches et communiqué avec les communautés dénées des Territoires du Nord-Ouest, le président du tribunal, le juge W.G. Morrow, conclut que les Dénés détiennent effectivement un droit foncier sur ces terres et ces ressources. La Cour suprême du Canada annule cependant ce jugement, relatif à l’« affaire Paulette », en invoquant un vice de procédure. Les conclusions du juge Morrow concernant les droits autochtones restent cependant valides et poussent le gouvernement fédéral à accepter la nécessité d’entamer de nouvelles négociations avec les Dénés.
En 1976, la Nation dénée publie le document « Déclaration et Manifeste des Dénés ». Ce document appelle à l’autonomie gouvernementale des Dénés dans la vallée du Mackenzie. Or c’est dans cette région que le pipeline de la vallée du Mackenzie doit être posé. Le problème de l’incompatibilité entre la position des Dénés et celle du gouvernement fédéral concernant les droits et le titre foncier liés aux terres et aux ressources de la vallée du Mackenzie perdure longtemps.
Depuis 1992, des règlements de revendications territoriales ont cependant été obtenus en territoire déné, notamment avec les Gwich’in (1992), les Sahtu (1994) et les Tlichos (2003). (Voir aussi Revendications territoriales des Autochtones et Traités autochtones.)
Vie contemporaine
Partout au Canada, les nations dénées participent activement à divers programmes axés sur la santé et l’éducation des Autochtones ainsi que sur le développement communautaire et les questions relatives aux terres et aux ressources. En tant que communauté, les Dénés ont obtenu quelques succès importants, avec notamment l’adoption, en 1990, du déné comme langue officielle des Territoires du Nord-Ouest. Le 1er septembre 2016, le gouvernement Délįnę Got’įnę obtient le droit à l’autonomie gouvernementale.