Eaux littorales
Les côtes du Canada sont les plus longues au monde (60 180 km si on exclut les îles, et 202 080 km si on comprend toutes les îles mesurables). Les eaux littorales canadiennes abritent des ressources biologiques précieuses (poissons, crustacés, mollusques, mammifères marins, algues etc.) et ont une grande importance pour les transports, les loisirs et les ressources minérales et en hydrocarbures des fonds marins.
Eaux littorales du Pacifique
Le littoral montagneux de l'Ouest se caractérise par des FJORDS et de grandes îles marines qui abritent les eaux côtières (p. ex. dans le détroit de GEORGIA. Le climat doux et humide est influencé par un prolongement du Kuroshio, un courant d'eau chaude qui traverse l'océan Pacifique vers l'est. Les poissons les plus importants sont les cinq espèces de SAUMON DU PACIFIQUE qui fraient dans les rivières canadiennes mais qui migrent en mer, où ils vivent et grandissent pendant plusieurs années. Par exemple, après la ponte, le saumon rose gagne le Pacifique et demeure dans le tourbillon océanique riche en éléments nutritifs du courant de l'Alaska pendant environ un an avant de retourner dans les rivières pour frayer.
Eaux littorales de l'Arctique
Au nord de la Colombie-Britannique, aux limites de l'océan Arctique, se trouve la MER DE BEAUFORT dans laquelle se jette l'un des principaux cours d'eau du Canada, le fleuve Mackenzie. L'eau douce qui y est déversée forme une couverture de glace épaisse pendant une bonne partie de l'année. La mer de Beaufort abrite d'importants gisements de pétrole, le plus imposant étant celui d'Amauligak. De plus, la navigation y est dangereuse en raison des nombreux monticules de glaces et de sédiments submergés appelés PINGOS.
L'eau de surface de l'Arctique se déplace vers l'est jusqu'à la baie de Baffin en traversant l'archipel arctique canadien. Ce labyrinthe de cours d'eau renferme peu de poissons, mais on retrouve en certains endroits (notamment le DÉTROIT DE LANCASTER) de vastes regroupements d'OISEAUX MARINS et de mammifères qui sont traditionnellement utilisés par les Autochtones pour subvenir à leurs besoins. Ces ressources doivent être protégées lors de l'extraction et du transport du pétrole et du gaz naturel. Après avoir émergé dans les détroits de Jones et de Lancaster, les eaux qui traversent l'archipel forment le courant de Baffin, qui se déplace en direction sud.
Eaux littorales de l'Atlantique
Au niveau du DÉTROIT D'HUDSON, d'énormes quantités d'eau douce (provenant principalement de la fonte des glaces et de la décharge de la rivière dans la BAIE D'HUDSON) sont injectées dans ce courant qui continue vers le sud sous la forme du COURANT DU LABRADOR. Cette eau douce stimule la productivité biologique dans les eaux littorales du Labrador qui deviennent de plus en plus productives à mesure que l'on va vers le sud. Les variations saisonnières du débit des rivières (qui atteint son summum au printemps, à la fonte des neiges) peuvent causer des variations saisonnières dans le rendement des pêches jusqu'aux GRANDS BANCS DE TERRE-NEUVE. Le banc Hamilton, au large du passage Hamilton, sur le plateau continental du Labrador, a longtemps constitué un important lieu de pêche à la MORUE, mais sa valeur décline avec l'effondrement du stock de morues du Nord. Au printemps, les amas de glace au large de Terre-Neuve et du Labrador constituent une zone de reproduction importante pour le phoque du Groenland et le phoque à capuchon.
Les Grands Bancs de Terre-Neuve, qui ont près de 250 500 km2 d'eau d'une profondeur de moins de 200 m, sont reconnus depuis plus de 400 ans comme les bancs de pêche les plus prolifiques du monde. Jusqu'à la fin du 20e siècle, les bancs sont très riches en morue, en aiglefin, en sébaste, en poissons plats (notamment en flétan), en maquereau et en hareng. En 1997, le champ pétrolifère Hibernia commence ses activités d'exploitation du fond océanique qui renferme des réserves de pétrole substantielles. Celui de Terra Nova, situé à proximité, entre en opération en 2002.
Pendant que le bras côtier du courant du Labrador contourne le littoral sud de Terre-Neuve, une partie du courant pénètre dans le GOLFE DU SAINT-LAURENT où il rejoint un afflux d'eaux provenant du détroit de Belle Isle, détroit qui sépare Terre-Neuve du Labrador. Le débit sortant du FLEUVE SAINT-LAURENT a tendance à suivre la rive sud, ce qui produit, dans le golfe, une circulation en sens inverse des aiguilles d'une montre. Deux facteurs fondamentaux contribuent à la productivité biologique élevée du golfe : les températures estivales chaudes et le mélange des eaux de surface et des eaux profondes riches en éléments nutritifs provenant de l'Atlantique et qui entrent par le chenal Laurentien. Le golfe du Saint-Laurent est particulièrement renommé pour la pêche au homard, aux pétoncles, aux poissons de fond, au maquereau et au hareng. Les baleines et les autres mammifères y sont eux aussi abondants, en particulier près de la rive nord. De nombreux navires circulent jusqu'aux Grand Lacs, mais les glaces marines constituent un obstacle sérieux à la navigation hivernale.
La circulation sur la PLATE-FORME NÉO-ÉCOSSAISE est dominée par un courant côtier de direction sud-ouest, qui va du golfe du Saint-Laurent au golfe du Maine. L'extrémité océanique particulièrement productive du plateau est périodiquement influencée par des masses d'eaux chaudes qui s'échappent du Gulf Stream, plus au sud. À l'extrémité sud-ouest du plateau, de puissants courants de marée provoquent, autour des bancs peu profonds, une circulation résiduelle allant dans le sens des aiguilles d'une montre qui favorise la survie des larves de poissons. Dans la zone côtière, le mélange des eaux, qui se produit grâce à la marée, ainsi que les remontées d'eaux profondes riches en éléments nutritifs favorisent une productivité élevée de poissons et de homards.
La baie de FUNDY connaît certaines des MARÉES les plus hautes au monde. Pour comprendre ce phénomène, il faut considérer la baie comme faisant partie d'un système qui englobe le golfe du Maine et dont la période naturelle d'oscillation est d'environ 13 heures. Étant donné que la période de marée semi-diurne prédominante est de 12,4 heures, il y a un phénomène de résonnance des vagues de marée qui s'engagent à l'intérieur du bassin et qui atteignent alors une hauteur maximale dans la baie étroite. Le déplacement vigoureux des eaux remonte l'eau riche en éléments nutritifs des profondeurs jusqu'à la surface, mais la lourde charge de sédiments en suspension limite la pénétration de la lumière. En conséquence, les eaux superficielles de la baie affichent une productivité plutôt faible. Elles sont surtout utilisées par les oiseaux de rivage et l'alose en migration, mais l'embouchure de la baie de Fundy constitue une importante zone de pêche aux pétoncles et au hareng et elle attire les baleines et les oiseaux marins.
La principale richesse économique de la baie pourrait être l'ÉNERGIE MARÉMOTRICE. Après des études techniques et écologiques poussées, on a mené un projet pilote dans la rivière Annapolis, soit la construction d'un barrage marémoteur. À cheval sur la frontière séparant le Canada des États-Unis, le BANC GEORGES affiche une productivité biologique exceptionnellement élevée grâce au mélange et à la circulation des eaux de marée. Les eaux du banc abritent d'abondants stocks de harengs, d'aiglefins, de morues et de pétoncles. Il semble que les larves de homards qui y sont produites soient transportées jusqu'à la partie méridionale de la Nouvelle-Écosse, ce qui assure une reconstitution constante de ces stocks. Après des décennies de surpêche, un moratoire assure la protection des stocks de poissons de fond.