Mouche de mai est le nom commun utilisé pour désigner les petits insectes frêles au corps mou qui comprennent l’ordre des éphéméroptères (du grec ephemeros, qui signifie, « vit un jour », et ptera, qui signifie « ailes »). Ces insectes sont également appelés « mannes » au Québec. Plus de 3 000 espèces de mouches de mai sont connues dans le monde et on en trouve 329 au Canada. Parmi les espèces les plus communes au Canada, on peut citer les olives à ailes bleues (p. ex., Baetis tricaudatus), les « duns » à ailes tachetées (p. ex., Callibaetis ferrugineus) et les hex (Hexagenia limbata). D’autres espèces sont plus communes dans certaines régions : p. ex., Baetis bicaudatus dans l’Ouest, et Leucrocuta hebe (little yellow quill en anglais) dans l’Est. Les mouches de mai représentent l’un des rares ordres d’insectes trouvés à l’état de fossiles datant du carbonifère (il y a approx. 320 millions d’années) et encore présents aujourd’hui. Durant le carbonifère, leur envergure pouvait atteindre 45 cm. Le plus ancien fossile de mouche de mai trouvé au Canada date du Crétacé supérieur et a été découvert dans la formation du Wapiti, au sud-ouest de Grande Prairie, en Alberta. On estime son âge à plus de 70 millions d’années. (Voir aussi :Évolution géologique.)
Structure
Le corps allongé souvent luisant des mouches de mai est prolongé par deux ou trois longs filaments, ou cerques. Les ailes sont membraneuses et composées de grandes ailes antérieures et de petites ailes postérieures (quelques fois absentes). Les nymphes possèdent des branchies filamenteuses le long de leur abdomen qui leur permettent d’absorber l’oxygène. Les mouches de mai sont tout spécialement adaptées à la reproduction puisqu’aucune quantité d’énergie n’est gaspillée dans les organes qui ne servent pas cette fonction : les adultes possèdent ainsi des organes buccaux réduits et non fonctionnels puisqu’à ce stade, l’insecte ne se nourrira pas et plusieurs espèces de mouches de mai possèdent également des pattes réduites (à l’exception des pattes antérieures du mâle qui sont utilisées durant l’accouplement). Les mouches de mai passent la totalité de leur vie adulte en vol, à la recherche d’un partenaire.
Distribution et habitat
Les mouches de mai se rencontrent dans le monde entier, à l’exception de l’Antarctique, de l’Extrême-Arctique et d’un certain nombre d’îles océaniques isolées. Les nymphes sont présentes dans un vaste éventail d’environnements dulcicoles, des étangs calmes aux cours d’eau rapides. Les adultes sont communs à proximité de l’eau, mais les essaims de vols nuptiaux peuvent être observés jusqu’à 2 à 3 km de l’eau, au-dessus des prés, des clairières et des routes environnantes. Ces essaims de vols nuptiaux se forment le plus souvent à l’aube et au crépuscule.
Reproduction et développement
Les mouches de mai effectuent une métamorphose incomplète, ou « simple », au cours de laquelle les individus juvéniles, qui ressemblent aux adultes, deviennent matures sans passer par un cocon. Les œufs sont déposés sur l’eau propre, en mouvement. Le stade larvaire est aquatique et dure de quelques mois à deux années, suivant les espèces. La transformation vers la forme terrestre se produit généralement à la surface de l’eau où les nymphes matures muent pour donner un individu ailé nommé le « subimago ». Ce stade préadulte est unique chez les insectes. Les mouches de mai constituent le seul groupe d’insectes qui muent après avoir développé des ailes complètement fonctionnelles. Le subimago, relativement poilu et terne en couleur, s’envole sur une courte distance pour aller se reposer dans la végétation environnante. Il mue une nouvelle fois après un laps de temps pouvant aller de quelques minutes à 24 h, se transformant alors en adulte sexuellement mature. Ces adultes forment de vastes vols nuptiaux composés essentiellement d’individus mâles. Lorsqu’une femelle pénètre dans un tel essaim, un mâle s’en empare à l’aide de ses pattes antérieures et les deux individus copulent alors en vol. Les femelles pondent leurs œufs très rapidement après l’accouplement (quelques minutes à quelques heures après). Elles les déposent soit directement dans l’eau soit sur des objets présents à la surface ou proches de celle-ci. Les adultes ne se nourrissent pas et la plupart ne vivent qu’un ou deux jours. Le cas le plus extrême est celui d’Ephoron album dont les adultes ne vivent que 90 minutes, les femelles n’effectuant même pas de mue après avoir atteint le stade subimago.
Écologie
Les nymphes de mouche de mai se nourrissent d’algues et de déchets organiques. Un petit nombre d’espèces sont carnassières. Ces nymphes jouent un rôle important pour l’assainissement de l’eau, car elles absorbent les contaminants que les adultes transportent plus tard à terre où ces produits se dégradent sans danger avec le temps. Les mouches de mai sont également utiles à l’écosystème en ce qu’elles réinjectent les nutriants dans le sol après leur mort (p. ex., les phosphates et les nitrates provenant des écoulements qui drainent les terrains agricoles). Les nymphes des mouches de mai servent également de bio-indicateurs. Leur densité reflète la santé et la qualité des écosystèmes dulcicoles puisque leurs populations réagissent aux changements affectant la chimie de l’eau.
Les nymphes et les adultes sont d’importantes sources de nourriture pour les poissons ainsi que pour les oiseaux, les amphibiens, les araignées et d’autres insectes. Les mouches de mai émergeant en masse à des époques précises de l’année, elles offrent des festins aux poissons. De nombreuses espèces servent de modèles pour les mouches artificielles utilisées par les pêcheurs qui poussent parfois le détail jusqu’à différencier les formes de printemps des formes de fin d’été pour une même espèce.
Les mouches de mai ne sont généralement pas considérées comme des insectes nuisibles, même si les grands essaims d’adultes nouvellement émergés peuvent quelques fois être très denses et poser des problèmes dus au nombre d’insectes.